Privés de wifi
Aujourd’hui, je vais éviter de revenir encore et encore sur les mêmes descriptions de navigation pour entrer directement dans le vif du sujet, l’hôtellerie de luxe aux Bahamas … Non, je n’ai pas eu l’autorisation de séjourner à grand frais dans une chambre avec vue sur mer. Ça, je le fais quotidiennement sur Takoumi. Ce qui est nouveau, c’est notre arrêt express à Highbourne Cay, île privée à « policies » (« règlement internes » pour les anglophones).
Alors, je reconnais, c’est super joli, pour ainsi dire paradisiaque après des jours de vagabondages. Les installations de la marina sont complètes et accueillantes, la supérette bien que de très petite surface est bien achalandée. Nous prenons beaucoup de plaisir à retrouver momentanément une installation touristique à l’apparence familière où nous pouvons enfin commander un « sirloin steak » trop cuit et hors de prix.
Petit à petit, comme nous discutons un peu, le vernis s’effrite. En fait, l’île est privée et est gérée comme l’entendent ses propriétaires nassoviens. « All included » pour les riches clients, mais les « gens des bateaux » n’y semblent que tolérés. Il existe même un tarif pour pouvoir s’aventurer plus loin au cœur de l’île.
Pour nous, le souci est qu’au milieu de tout ça, le wifi est réservé aux « guests » de la marina. Pas de dérogation possible, c’est la « policy » … et pourtant on a bien essayé … Dommage pour le wifi, j’aurais fait des courses terribles dans cette supérette.
Bref, nous quittons séance tenante l’empire consumériste d’Highborn Cay pour nous réfugier dans un proche mouillage entre Leaf et Allan Cay. Nous le trouvons fort encombré et l’espace disponible avec suffisamment d’eau est si réduit que nous toucherons le fond encore une fois en manœuvrant autour d’un voilier naturiste (non, je n’ai pas été distrait, pas du tout … quoi qu’il en soit, ça ne serais pas passé).
Une fois installés, nous rendons visite à une nouvelle troupe d’iguanes lézardant au soleil, intéressante, mais pas au niveau de la précédente Leaf cay où, en bonus, nous étions seuls au monde.
Nous rencontrons aussi Yves et Myriam du voilier Ariane, avec lesquels nous passerons un bon moment à bord de Takoumi, qui nous font profiter de leur connexion internet pour prendre la météo. Si nous avions su que nous resterions aussi longtemps aux Bahamas sans wifi valable, nous aurions comme eux acheté une carte « data » prépayée.
Avoir les dernières prévisions est un soulagement, car nous changeons de zone le lendemain pour nous diriger vers Eleuthera, une île plus au nord distante d’une grosse journée de navigation.
La navigation est super ce jour là et nous retrouvons le large avec bonheur toute la matinée au cours de laquelle Manuela s’emploie à pêcher un autre thon qui manquera de peu de finir dans nos assiettes.
L’après midi est un peu plus stressant car nous parcourons un chenal en eau très peu profonde et long comme un jour sans pain sur la route qui nous amène à l’ancienne capitale des Bahamas, Governors Harbor.
Governors Harbor est une jolie petite ville coloniale, mélange de ruines (matthew’s??) et de jolies maisons mais franchement un peu vide et déserte. Il y a même un marché aux puces une fois par mois le premier samedi du mois … c’est raté.
Au supermarché, les légumes sont rachitiques et nous n’y trouvons pas grand chose. Le menu « sandwich à la dinde » ou « jambon avec eau ajoutée » a de beaux jours devant lui. Manue est dépitée … moi, je m’y fais.
La traque d’un réseau wifi (BFF) que l’on capte depuis le bateau nous amène loin en haut d’une colline, dans un magasin café bio où nous sommes bien contents de trouver de belles tomates (elles viennent des US, pas très bio à mon avis, juste plus belles que locales) et du brie !!!
Mais le BFF c’est pas eux ! Pourtant, Bacchus Fine Food, ça sonne aussi bien que Bahamian Fast Ferries non ?
Bref, pas de réussite sur ce coup là alors que nous avons besoin de faire des recherches pour notre arrivée prochaine un US … la bibliothèque municipale vend le wifi 5$ par heure… Nous préférerons donc nous rendre au Deli « Da Perk » au bout de la rue, mais attention ils éteignent à 16h … Vaincus, nous partons donc pour Hatchett Bay où nous espérons, incurables optimistes, avoir plus de réussite.
Hatchett Bay est une baie intérieure dont l’accès est une ouverture terriblement étroite dans une petite falaise. Nous serrons les fesses, mais le jeu en vaut la chandelle. La baie est large, vraiment bien protégée et comme le vent vient juste de tourner, nous mouillons à l’opposé des autres plaisanciers, au plus proche du village.
A l’image des eaux de la baie, le village est très calme mais nous parlons à presque toutes les personnes que nous croisons, une famille dans son jardin, un boucher « à domicile » plutôt bien éméché, les tenanciers d’un stand de bonbons à la sortie des écoles et aussi les badauds nombreux qui squattent une « place du village » organisée comme un salon composé en plein air de bric et de broc.
Ces derniers sont d’ailleurs assez attentionnés et s’inquiètent que nous trouvions porte close au bar insolite dans lequel nous essayons d’entrer … D’ailleurs, à quelques pâtés de maisons de là, c’est le jardinier de l’église qui nous apprend que l’estaminet vient d’ouvrir.
Au cours de cette balade dans le village, nous rencontrons Linda et Michel, sympathiques Québécois que nous croisons et re-croisons au fil des détours au point d’engager naturellement la conversation et qui nous indiquent un spot wifi possible … un restaurant qui ouvre rien que pour nous … mais dont le wifi est … muet, même après avoir moi même rebooté la « box » … Quant on vous dit de ne pas laisser admin/admin comme mot de passe …
Le retour au bateau nous fait encore rencontrer un couple de navigateurs Germano-Grec et un trio de touristes Italiennes … Je considère Hatchett Bay officiellement déclaré comme village perdu le plus cosmopolite des Bahamas.
A la tombée de la nuit, Linda et Michel nous font eux aussi profiter de leur connexion « data prépayée » pour la météo pendant l’apéro sympathique auquel ils nous ont conviés.
Nous revenons déjeuner le lendemain au « salon d’extérieur », dont la boutique de nourriture à emporter est l’une des très bonnes adresses de la ville dont, les « seafood » sont excellents !
Comme beaucoup de « places du village », la convivialité est de mise et nous discutons longuement avec des jeunes au sujet de la pêche, la mer et des emplois qu’ils peuvent espérer. Nous déjeunerons sur une table de pique-nique improvisée au milieu des habitants qui discutent sur le bord de la route (canapé, chaises, tout y est).
Au vu de ce déjeuner et du moment passé, nous nous félicitons d’avoir repoussé notre départ pour cause de météo hasardeuse et nous reposons le reste de la journée pour repartir de plus belle dès le lendemain.