Le voyage de Takoumi

Saison 3

Non classé

Dernière Caribéenne aux Cayman

Deux iles se disputent le Sud de Cuba, la Jamaïque à l’Est et les Iles Caymans à l’Ouest. Chacune évoque pour moi un film de Tom Cruise avant qu’il ne devienne complètement « TocToc » … « Cocktail » avec le fabuleux morceau de musique « Kokomo » et la scène culte « Jamaïca Jamaïca » … « La Firme » où une plongée sous-marine donne au jeune et gentil avocat l’occasion de réunir les preuves qui lui assureront de s’extirper du nid de vipères où il s’est laissé coincer … Bien entendu, cette introduction a comme unique but de vous encourager à voir ou revoir les vielles gloires cinématographiques citées et d’écouter les « Beach Boys ».

Comme nous venons de l’Ouest de Cuba, « Grand Cayman » s’impose à nous comme l’étape la plus évidente pour notre route vers le Panama. Si proche du départ et tellement moins emblématique que sa grande voisine, nous aurions été tenté de la snober … Mais nous aurions grandement eu tort !

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Pas grand chose à dire sur l’arrivée, si ce n’est un quai abrupte et menaçant, un bon accueil des officiels malgré une fouille trop minutieuse longue et harassante … pour le douanier inspecteur un peu trop fort pour se glisser dans les coursives, moi ça va, merci 😉
Pour compléter le tableau, nous profitons de bouées gratuites tout au long de notre séjour, face à la ville, aux quais de commerce et à l’ombre des bateaux de croisières. Tout ceci dans une eau incroyablement claire et constellée de magnifique coraux que nous aurions pensé incompatible avec le niveau d’activité.
D’ailleurs, nous ne bougeons pas de tout notre séjour, avec une bouée idéalement placée, un snorkeling impressionnant dans la baie, un accès facile à terre pour la découverte, pourquoi bouger et se rendre dans le lagon du centre de l’île dont la particularité est de présenter un accès particulièrement difficile pour les bateaux à fort tirant d’eau ? En plus, sans être loin de tout, il n’est prêt de rien, sinon de deux marinas perdues loin des facilités de la ville.

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Finalement, pour nous, Grand Cayman est avant tout une terre de « civilisation » et de rencontre :

« Civilisation de la consommation » dans un premier temps car l’île, bien que teintée d’accent carribeen, est très fortement marquée par l’influence américaine. Voirie, zone de bureaux/loisirs accueillant grandes entreprises et restaurants huppés, quartiers résidentiels de bon niveau incluant des pontons privatifs … L’économie locale semble avoir la pêche !

Terre de rencontre au cours de notre premier dîner en ville où nous faisons la connaissance de Bruno, qui nous réserve le meilleur accueil possible chez « Guy Harvey », le meilleur restaurant du bord de mer (La pièce de bœuf y est exceptionnelle et malgré un prix prohibitif, nous y reviendrons). Nous établissons d’ailleurs notre quartier général sur la terrasse de l’établissement pour la durée de notre séjour. Wifi d’enfer, produits de qualité et personnel bienveillant emportent notre adhésion.

La visite de l’île est menée bon train. Nous entamons la visite de l’île dans une voiture de location (agence face au bateau, bonheur !) avec une liste des points d’intérêts sélectionnés par notre nouvel ami.
Plages visités par les tortues, côte déchiquetés par l’érosion produisant de grandes gerbes d’eau appelées « blow holes », restaurant local de poisson frit sur la plage, restaurant français sans français et pointe aux étoiles de mer … la matinée est menée tambour battant.

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Une curiosité tout de même : tout est à vendre ! À chaque maison, chaque terrain, son panneau « for sale » … Alors que j’y pressens un signe de faiblesse de l’économie locale, il semble, selon Bruno, que ce soit plutôt le fait d’une culture « Monopoly » où vendeurs et acheteurs sont toujours à l’affût d’une bonne affaire.

À l’heure du déjeuner, nous nous retrouvons dans un complexe touristique, et malgré l’horreur que nous inspirent normalement ces lieus, nous en profitons pour nous offrir un embarquement pour aller nager dans le lagon avec les raies, une des principales attractions touristiques de l’île. C’est ainsi que nous nous retrouvons à bord d’un vulgaire « promène touristes », armes de masques palmes, tubas et énormes sandwichs à emporter (urgence oblige) pour une aventure que finalement, nous aurions regretté de bouder.

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J’ai toujours une attitude assez circonspecte face aux activités touristiques ayant un fort impact sur la faune. Mais force m’est de constater que dans le cas présent, ce sont bel et bien les raies qui poursuivent les touristes « parfumés aux calamars » et hurlants de terreur 😉

Nous continuons notre « road trip » en retournant à l’ouest de l’île pour y découvrir des zones résidentielles (avec canaux et marinas, s’il vous plaît !), la zone d’activités en expansion de « Camana Bay », savant mélange de « La Défense » et de zone commerciale., ainsi que la « French Bakery » de Silviya et Bruno, leur nouvelle aventure !

À la nuit tombante, nous concluons cette journée « découverte » dans un « chouette bouiboui local », de bord de mer, le « Heritage Kitchen », dont le décalage caraïbes/amérique nous ravi.

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Plus tard dans la semaine, Bruno nous emmène en promenade pour voir le « Carnaval alternatif » : une procession joyeuse, bruyante, dansante et copieusement arrosée. Cette journée est placée sous le signe de l’amitié et de la découverte de l’univers de Bruno et de sa famille avec laquelle nous poursuivrons jusqu’après le dîner.

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Après tout ça, les préparatifs annoncent le départ. Et si remplir les cuves de « diesel et d’eau » au quai des bateaux à cargaison est une aventure en soit, le supermarché est lui à porté de pieds …

Une dernière référence pour saluer Bruno et l’île de « Grand Cayman » : « See you lator Alligator, not for a while Crocodile » !

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Cuba Diving

Suite à 60 heures en mer – dont une nuit calme, l’autre rocambolesque – nous arrivons à Maria La Gorda, site de plongée « international » incontournable des Caraïbes. Le mouillage est magnifique et désert mis-à-part les trois bateaux de plongée du resort qui occupe tout le rivage. Arrivés de bon matin, nous nous amarrons à l’une des 5 bouées dont seulement 2 sont ainsi vraiment disponibles pour les plaisanciers – qui auront néanmoins la jolie surprise de ne les payer que 30 centimes de CUC par jour.

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Comme il est encore tôt, nous souhaitons nous reposer avant de rejoindre la terre, mais sommes « klaxonnés » par l’un des bateaux de plongée nous sommant d’aller voir le « responsable du port »…un jeune homme prénommé Haciel enregistre notre arrivée, une bonne heure durant, dans un minuscule petit bureau sans fenêtre mais climatisé, où il dort également pendant 15 jours…

Contrairement à notre habitude, le resort « sportif » et eco-friendly car organisé autour de l’activité plongée, nous accueille comme ses hôtes et nous pouvons profiter de toutes leurs installations : plongée, restaurant et bar à prix raisonnable et centre médical… Je me ferai même faire faire un massage par l’infirmier…urgentiste, reconverti depuis deux mois à ce nouveau poste !

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Il va sans dire, nous participons à une plongée organisée sur la barrière de corail qui est splendide, bien que nous l’avouons, un cran en dessous de notre dernière plongée à petite anse en Guadeloupe avec notre cousine Sylvie…Et puis….eh bien c’est tout ! Parce qu’il n’y a absolument rien d’autre à Maria La Gorda, petit paradis solitaire loin de tout…

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Si loin et compte-tenu des difficultés de déplacement des Cubains qui ne possèdent généralement pas de véhicule personnel, que les employés de Maria La Gorda viennent y travailler minimum 3 à 15 jours d’affilée logés sur place. C’est bien le premier pays où nous réalisons être plus mobiles que ses habitants, à bord d’un bateau à 10 km/heure en moyenne !

Nous repartons au bout de trois jours mais seulement après les formalités de « despacho » obligatoires pour tout navire quittant le port. Pour bien appréhender l’importance des formalités ici, il faut se rendre compte que, à chaque sortie, trois fois par jour, les bateaux de plongée du site sont assujettis à le même paperasserie. J’ai conclu de ces multiples expériences que la procédure régnait à Cuba, qu’il ne fallait pas être pressé, mais que si tu suivais la procédure, tu pouvais presque tout faire parce que l’on ne nous a jamais rien refusé concernant nos projets de navigation. Par exemple, pour un départ nocturne, c’est tout à fait possible, mais le gardien du temple de La Guarda Frontera doit justifier sa présence exceptionnelle de nuit afin d’effectuer les formalités de ton départ (nous soupçonnons quand même qu’il faille faire preuve d’un minimum de sociabilité et d’empathie pour bénéficier d’un tel traitement). Nous n’avons finalement pas opté pour cette option, mais je suis certaine que la procédure nous aurait comblés, au rythme lent des Caraïbes….

Nous quittons Maria La Gorda en direction de Cayo Largo le 2 Mai, et naviguons à côté de dauphins le soleil couchant…Et surtout, d’une baleine au lever du soleil, instants rares et incroyables qui nous apaisent avant une prochaine nuit houleuse en mer.

Nous profitons d’un mouillage à Cayo Campos dont l’entrée est très étroite et l’envergure faible, avec très peu de fond pour s’ancrer derrière la barrière de corail. Mais l’accueil d’une tortue géante et une superbe ballade aquatique sur le reef rendent l’étape intéressante.

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Le lendemain nous rejoignons le mouillage du Canal del Rosario, accueillis cette fois-ci par les pêcheurs dont nous dégusterons les dernières langoustes pour seulement 3 CUC : repas du soir succulent !

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Nous n’arrivons à Cayo Largo que le 5 Mai pour notre dernière étape cubaine, la moins intéressante malheureusement : la Marina est très sale, chère et décevante. Il nous semble même y voir et ressentir les prémices du côté néfaste du tourisme et des investissements étrangers déjà bien présents. Quand bien même, nous y passons de très bons moments en compagnie de nombreux voisins Russes et Ukrainiens.

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Même si les distances sont grandes, la mer est petite et nous avons la bonne surprise d’y retrouver par le plus grand des hasards Vincent, notre médecin formateur de la Grande Motte (en 2015 !?). Après qu’il ait formé des légions d’aspirants au Grand Voyage, nous sommes heureux de le croiser sur sa propre route : lors de la formation, nous avions ressenti de sa part une véritable envie de s’élancer à son tour (et peut-être même un peu d’impatience). Finalement, à bord de Madgic, son épouse et lui nous ont rattrapés.
C’est aussi l’occasion de sympathiser également avec leurs amis de Tao que nous espérons peut-être revoir au Panama.

Olivier et moi prenons conscience à ce stade de l’importance de ces rencontres sans lesquelles le voyage ne nous suffit pas, et le rythme de notre périple nous laisse parfois bien seuls et un peu démotivés n’étant pas ou peu enclins au vide de partage. Il nous plait d’ailleurs de prévoir de rejoindre Madgic à Grand Cayman dans un jour ou deux. En fin de compte cette rencontre n’aura pas lieu parce que nos projets changent continuellement en voyage. Mais au départ de Cuba, cette perspective nous a accompagnés dans notre ferveur à rejoindre une nouvelle île des Caraïbes, que nous savons bien différente de celle que nous quittons et aimons. Cuba nous a tranquillisés quelques semaines durant, et je l’espère, un peu plus éloignés de nos traditions de consommation.
Et je terminerai par poser une question que tous les Cubains auxquels on s’est attaché nous ont posée : quand reviendrez-vous?

Cuba Turistica

Nous sommes si heureux de quitter l’environnement désolé de la Marina que nous partons tôt, sans autre renseignement que celui de nous rendre au terminal de bus Viazul d’où partent les bus « mixtes » pour Viñales. Nous embrassons même l’opportunité de vadrouiller s’il le faut, n’ayant pas consulté les horaires, ou réservé de billet en ligne, ni même prévu d’hébergement à l’arrivée.

Pourquoi « mixte », eh bien parce qu’Il existe 3 réseaux distincts d’autobus à Cuba, du plus abordable au plus cher certainement climatisé : le bus réservé aux Cubains, les Viazul qui acceptent les touristes et le bus touristique dont j’oublie le nom – mais visible devant tous les hôtels et « resorts » du pays. Optimistes, nous arrivons au terminal et nous mettons dans la queue prévue pour les personnes sans billet. Avant-derniers dans la file au terme d’une longue attente, la gentille dame du guichet nous explique qu’elle ne commence à vendre les billets pour Viñales qu’une demi-heure plus tard…C’est le dernier bus pour nous y rendre aujourd’hui. Nous convenons donc de revenir et profitons de ce temps libre pour acheter de l’eau, le voyage durant près de quatre heures…

Pendant notre courte absence, une nouvelle file s’est construite autour de la gentille dame…Nous ne sommes ni pressés, ni resquilleurs donc nous y mettons naturellement à l’indienne à présent en…septième position. Mais durant l’attente les personnes autour de nous s’énervent, critiquent et ne comprennent pas…Il suffit pourtant d’observer : la gentille dame maintenant courageuse, traite les demandes de personnes qui paraissent nous passer devant, parce qu’elles ont réservé leur place à l’avance ou sont là pour acheter un billet pour un autre jour. C’est logique et j’avoue avoir compati avec l’officielle en charge et critiqué pour ma part nos voisins impatients…à force d’essayer de leur expliquer, et pour finir leur demander simplement de réfléchir??? Ils ont été encore plus surpris lorsque la gentille dame est sortie de son dominant guichet pour leur dire que nous étions les premiers dans la file – et nous y replacer ! Elle se souvenait de nous et il me semble que les Cubains ont un sens très prononcé du respect et de l’égalité. Pour finir, il ne restait plus que quelques places dans le très attendu bus et c’est grâce à son intervention que nous avons pu le prendre ! Le voyage fut long mais bien plus rapide qu’en voilier .

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Arrivés à Viñales en fin d’après-midi, il ne nous est pas difficile de trouver un hébergement : nous avons un comité d’accueil constitué de femmes proposant leur maison – leur  » casa particular « aux touristes tout frais tombés de l’autobus. L’insistance d’Odalys, qui va jusqu’à nous poursuivre autour de la place de l’Eglise à cette occasion, aura raison de nous et nous voilà partis à travers le village au pas de course derrière elle pour découvrir la chambre qu’elle nous a joliment préparée. Sa maison est typique et semée de passages et de recoins, très ouverte et offrant une vue magnifique de la région. Nous avons de la chance !

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Nous découvrons alors le village de Viñales aux abords d’une vallée bordée de montagnes verdoyantes et nous y reposerons au calme de la campagne malgré l’intensité du tourisme. Toute sorte de véhicule y circule du camion des années 60 à la carriole de jockey que nous ne nous lassons pas de regarder passer d’une des nombreuses terrasses près du marché artisanal. Celui-ci me ravit parce qu’enfin, je trouve de l’artisanat local – enfin « Cubain » et non pas Thaïlandais – ce qui me manque beaucoup depuis le début de notre voyage. Et d’une manière générale il me paraît que les Cubains travaillent toute sorte de matériaux avec labeur et précision et en particulier le bois que nous observons dans les nombreux restaurants dont il constitue le mobilier de grande qualité.

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Nous dînons chez Odalys, seuls sur le perron en bois face aux montagnes majestueuses – servis par Magali avec qui nous discutons de notre aventure. Son grand-père était marin si bien qu’au petit matin avant notre départ, elle insiste pour nous offrir un tableau de la Vierge, patronne de Cuba qui nous protégera au cours de nos navigations.

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C’est ainsi que le je promène de large en long la Vierge imposante qui dépasse de mon sac à dos dans le village jusqu’à la muraille préhistorique que nous décidons de visiter, boudant les ballades à cheval organisées dans la vallée. Bon, la muraille préhistorique…date de…1960 environ et se révèle n’être qu’une fresque impressionnante à même la pierre retraçant l’évolution de façon naïve et colorée. Un peu déçus, nous entamons le sentier jusqu’au sommet, le « mirador » mais rebroussons rapidement chemin pour ne pas y risquer une ou deux jambes cassée!

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Il est donc temps de repartir ce qui n’a rien d’évident après le départ du dernier bus pour La Havane…Nous convenons avec un premier taxi d’effectuer le trajet en Taxi Collectivo pour réduire les frais. Celui-ci nous donne rendez-vous après le déjeuner et se met à la recherche d’autres touristes pour partager notre course – nous ne reverrons jamais ce bon monsieur malheureusement ! Nous rencontrons ensuite Alex, un intermédiaire – plan un peu foireux – qui nous promet d’honorer le second rendez-vous sur la place de l’église quelque demie-heure plus tard. Le taxi – un combi Wolsvagen – lui est présent, mais là ce sont les autres touristes pourtant engagés qui nous font faux-bond !? Nous finirons par négocier avec notre conducteur un trajet qui se finira directement à la Marina au lieu de La Havane – pratique pour nous – et en compagnie de plein d’autres voyageurs Cubains recueillis sous les ponts de l’autoroute en chemin. Eux profitent ainsi du service de transport collectif local, celui-ci étant organisé et prévu, qu’ils paient 2 euros pendant notre trajet à 40….Cette méthode de déplacement à Cuba est signalée par une pastille bleue sur le pare-brise de la plupart des voitures dont la majorité sont des taxis, qui s’engagent à s’arrêter un peu au hasard des croisements où patientent de petits voire grands groupes de personnes.

Enfin de retour au bateau, nous sommes immédiatement invités à bord du bateau de nos nouveaux voisins américains, tous deux retraités de l’industrie pétrolière que j’ai un peu côtoyée quand je développais des formations. Nous échangeons notre vision de l’évolution certaine de Cuba, discussion intéressante mais à laquelle je coupe court lorsque je sens les limites de cet échange à l’évocation d’un développement lié uniquement aux valeurs « Business » américaines. Fort de notre expérience, Olivier et moi défendons les valeurs cubaines que nous croyons plus complexes et humaines et leur intérêt n’est certes pas de tout vendre aux nombreux investisseurs qui s’annoncent très prochainement sur cette île encore très sauvage et préservée.
[note de l’autre voyageur : ] Pour être plus explicite, l’ange capitaliste considère les nationalisations issues de la révolution comme un vol manifeste perpétré par un voisin belliqueux et malhonnête. Pour ma part, je me demande bien comment aurait pu réagir autrement un gouvernement socialiste, soucieux de son indépendance et de ses valeurs (quelles qu’elles soient) face à un voisin gargantuesque, véritable ogre dévoreur de culture et « Bully » continental farouchement déterminé à lui pourrir la vie ? [fin de là remarque engagée et anti-impérialiste]

Nous sympathisons plus naturellement avec nos autres voisins Québécois Maurice et Bernadette sur Romanichel avec qui nous tentons de résoudre les problèmes de « pouvoir » – alias électricité chez nous – en panne sur tout le ponton. Il paraît qu’on y est pour quelque chose car le pouvoir s’arrête dès que nous revenons à bord. L’énigme restera entière et si nous n’avons pas le temps de partager un apéritif avec nos voisins, rendez-vous est pris dans un prochain port dans l’espoir que nos chemins coïncident à nouveau à l’avenir.

En attendant la vie de la marina Hemingway reprend vite son cours, linge, avitaillement et préparation des prochaines étapes autour de l’île que nous contournerons par l’ouest. Le départ s’accompagne de longues formalités courtoises comme à notre arrivée, suivies malheureusement d’une fâcheuse rafale de travers repoussant puissamment Takoumi sur le ponton officiel en béton, dont il porte désormais les stigmates…

Cuba Tranquila

La navigation au sud de Key West – une fois n’est pas coutume – s’est transformée en programme de lavage avec maxi-essorage, mais voilà…nous sommes arrivés à Cuba! Et nous avons adoré cette île, ce pays…

D’entrée les longues « Formalités » s’avèrent courtoises et bien organisées au ponton des officiels de la Marina Hemingway : mise sous scellé du téléphone satellite, visite du médecin thermomètre en main – un peu courbaturés, sous un soleil plomb et en manque de sommeil, nous craignons le résultat – mais n’affichons que 36 et quelque, nous sommes en grande forme dis-donc ! Bien plus tard dans la journée nous rencontrons l’un des 4 commandants du port pour signer un contrat – étrangement digne d’une entreprise américaine -et l’agriculture qui scrute scrupuleusement nos vivres : très bonne nouvelle : nous pouvons garder notre bacon parce qu’ils tolèrent depuis peu, une quantité raisonnable d’aliments frais à bord – du moment qu’ils ne quittent pas le bateau durant notre séjour…Rien d’illogique jusque-là et la question récurrente de la bicyclette s’explique en fin de compte, par la crainte des parasites incrustés dans les pneus!

Nous rencontrons alors Jonas, le gardien de sécurité du ponton avec qui nous entamons notre compréhension de « comment ça marche à Cuba? « . Il travaille 12 h par jour pour 26 CUC par mois (euros ou dollars c’est presque pareil). Bien qu’omniprésent, Jonas nous organise la possibilité de rejoindre La Havane dès le lendemain. Malheureusement la Marina s’avère un peu désuète, sale, et mal équipée, loin de tout et à 50 dollars aller-retour de La Havane…pas très commode pour nous malgré le sympathique snack ouvert 24 heures sur 24. Et enfin, à Cuba un shipchandler est en fait une supérette très faiblement approvisionnée.

Le CUC est la monnaie touristique ici, et ne se retire que dans les banques des grandes villes. Si bien qu’il est plus facile de l’échanger dans un hôtel ou une marina, même s’il coûte relativement cher – le plus souvent contre des dollars avec une commission de 13% ! Peu d’endroits acceptent les euros et nous n’en n’avons plus de toutes façons. Nous achetons donc quelques CUC à la Marina avant de nous rendre à La Havane où nous pourrons retirer des CUC par carte visa, dans la rue Obispo où se concentrent les banques. Nous mettrons un certain temps pour comprendre que chaque distributeur ne délivre qu’une coupure spécifique de billet – de 5 à 20 CUC selon….

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Le Vieux Havana à mi-chemin restauré promet d’être une des plus jolies villes que j’aurai eu le privilège de visiter. Il y a des travaux en cours partout mais l’ensemble a beaucoup de charme et l’ambiance y est unique.

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La moindre petite échoppe résonne de tonalités de salsa ou de tubes des années ´80 orchestrées par les nombreux groupes locaux… Quelle ambiance ! En prime, les Cubains sont chaleureux, curieux, et cultivés.

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Au détour du port nous découvrons les Centres d’artisans et le système de cartes internet centralisé par l’entreprise – que nous imaginons gouvernementale – Etecsa.

En fait nous en prenons plein les yeux tout au long de la journée en observant nombre de systèmes cubains bien particuliers : les files d’attente pour la distribution de denrées alimentaires, les bus, les ateliers de couture centralisés, les stops improvisés pour le système de covoiturage officiel….

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Nous sommes presque allés au musée de la Révolution…mais nous avons préféré continuer de nous imprégner de la ville – jusqu’aux portes de Chinatown : très différent de ce que nous attendions – puisqu’il n’y a pas de publicité ou d’enseigne ou de marketing, nous n’y avons vu aucun restaurant et quasiment aucun asiatique…

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Et au terme de cette belle découverte nous sommes rentrés en négociant une Chevrolet Impala au fonctionnement chaotique.

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De retour au bateau, nous allons au Supermercado ayant besoin de frais mais il se résume à une allée pour les pâtes, un rayon chips et l’autre pour la bière et le rhum. Le boucher à côté vend du jambon cuit d’Espagne de la marque Bravo, du fromage indescriptible…très mauvais et deux produits surgelés. Il y a des vendeurs ambulants dans le village voisin qui proposent légumes, fruits, poulet, porc mais pas grand chose, et il faut les consommer tout de suite. Le lait, le beurre, les œufs se trouvent difficilement voire pas du tout par ailleurs, ou nous imaginons, en se débrouillant…Une partie des denrées sont distribuées aux familles Cubaines mais ne leur permettent de se nourrir qu’une semaine par mois à l’heure actuelle d’une économie moyenne. Mais comme nous le dira quelqu’un plus tard, les cubains ont de la tranquillité dans un environnement non luxueux mais qui n’affiche pas de richesse à laquelle l’un souhaite accéder. J’ajouterai la bienveillance de ces êtres encore solidaires qui vivent simplement voire durement, et dépendent naturellement des uns et des autres dans une société encore dans l’échange et l’entraide plutôt que dans l’esprit de possession personnelle. Ils n’ont guère le choix et ce qui m’a paru leur manquer le plus est la possibilité de voyager, de quitter cette île pourtant très curieuse et avertie des actualités du reste du monde. Dans chaque îlet ou bourgade l’on nous a parlé de notre présidentielle imminente – ignorée par quasiment toutes nos rencontres en Floride…

Mais revenons à nos moutons….la cambuse un peu vide, nous allons dîner au restaurant de la Marina, pas fameux mais correct – inabordable pour les Cubains. Et lorsque nous commençons à danser en plein air à la discothèque d’à côté, nous sommes invités par un groupe de jeunes plutôt curieux, à participer à leur danse de groupe…Nous ne saurons jamais de quoi il s’agissait mais nous sommes partis courtoisement très vite après que la plus jeune fille sexy du groupe ait pris Olivier à part en lui suggérant que nous nous re-localisions dans un bungalow sur la plage en leur compagnie…

Le lendemain, après de multiples tentatives de location de voiture, sans succès, nous nous sentons un peu coincés dans cette Marina, malgré toutes les rencontres intéressantes de voisins navigateurs . Dont Léna, sympathique aventurière suédoise qui souhaite naviguer en Antarctique, qui va nous conseiller sur le programme des jours qui suivent. C’est décidé, demain nous irons à Vignales dans la montagne !

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À vos marques … Prêts … Partez !

Suite à ces quelques jours de vraie galère : moteur en panne et mouillage très chahuté qui nous vaudra nombre de tours complets et un réveil nocturne voisin craignant la collision…nous avons changé de mouillage – grâce à Matthew et à Mark rencontrés au très accueillant Key West Bite restaurant. Qui plus est, on annonce vent fort samedi donc nous avons contourné Flemming Key jusqu’au Mooring Field de la City Marina de Garisson Bite, bien plus calme et dans le sens du vent (et non du courant…)

Bon, le trajet en bus nous a pris toute la journée pour nous présenter à la Marina et récupérer les pièces du hors-bord (Mercury) chez Murray’s Marine a Stock Island. Nous avons découvert une autre partie de la ville, plus calme, plus locale et somme-toute apaisante durant le reste de notre séjour.
Le principal, l’objet de notre attente : le carburateur remplacé notre moteur d’annexe ronronne comme neuf! (Ndla: Mercury:4 ; Olivier:300, victoire finale) Nous avons fait nos courses chez Faustos – super adresse – en vue du départ pour Cuba maintenant prévu mardi…décalé depuis à mercredi à cause des orages…

Nous ne pensons pas avoir de wifi à Cuba donc profitons de ces dernières connections pour vous embrasser – les États-Unis c’est fini – et rendez-vous à Cuba ou au Panama début Mai, prochaine étape de notre route.

A l’ouest à Key West

Par une journée ensoleillée, nous faisons une belle arrivée à la voile dans le chenal principal de Key West. Et notre mouillage est choisi au plus proche du port après avoir fait le tour des possibilités. Pour nous y rendre, il faudra « seulement » traverser le chenal et la place semble protégée du coup de vent du nord attendu.

Nous passons le reste de la journée à bord, repoussant une éventuelle sortie à terre au profit d’un repos bien mérité et de la contemplation de magnifiques « schooners », vieux gréements traditionnels à deux mâts, ré-armés pour des sorties touristiques à la journée à l’instar d’une multitude de catamarans nettement moins sexys, submergés par une foule de touristes.

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Nous n’allons pas à terre non plus la journée suivante, mais pour une raison tout autre … le moteur hors bord refuse obstinément tout service et une journée complète et entière (10h-18h) de mécanique n’y changera rien … Mercury:1 Olivier:0 …

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Encore une grosse matinée de bricolage le lendemain … Mercury:2 Olivier:0 … Nous irons à terre avec le moteur au ralenti, fonctionnant uniquement au starter …

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Nous retrouvons tout de même avec plaisir Key West et le « Schooner Wharf » comme nous l’avions laissé lors d’un précédent voyage et profitons des abords de la Marina.
Conseils et matériel technique sont disponibles au magasin « WestMarine » où nous allons nous fourbir en armes contre notre récalcitrant moteur. Quant au repas et au wifi, ils nous sont prodigués par les bons soins du « Turtle Kraas » face au dinghy dock surchargé.
A l’issue d’une course de tortues où Manuela a parié pour moi sur l’athlète gagnante, j’ai le plaisir de participer à une sorte de tombola / jeux dit « des boites » organisé dans l’établissement. Comme la majorité des participants, je repars bredouille, mais heureux d’avoir profité de l’ambiance distillée par un organisateur adepte des retournements de situation « à la Arthur ».
Nous rejoignons donc le bord avant le coucher du soleil (sécurité oblige), rassasiés, informés et prêts à en découdre avec l’insolent hors-bord.

Même avec un peu d’équipement, la matinée de mécanique s’éternise bien que je marque des points jusqu’à l’ultime remontage au cours duquel, la sale petite pièce responsable de tous nos maux décide unilatéralement de prendre son indépendance et de partir prendre un bain … Mercury:Victoire par KO !..

Les jours suivants, nous irons en ville … à la rame ! Bienheureux d’avoir ancré au plus près de la marina. Et nous profitons de quelques jours de détente octroyés par le week-end et une météo pas vraiment favorable pour reprendre des activités plus dans nos habitudes telles que de longues pauses en terrasse pour reprendre des forces entre deux promenades « découverte » dans la ville suivant les indications de notre amie Shelly de « Planet Waves », une locale de l’étape rencontrée en Guadeloupe. De toutes façons, la misérable petite pièce commandée le lundi n’est prévue que mercredi … Autant en profiter !

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Dur-Dur la Reprise !!!

Ou comment rallier Fort Pierce à Key West en 6 jours au lieu de 3 !

Du départ de la Marina au lendemain matin, tout va bien malgré le fameux « Gulf Stream » que nous devons remonter et qui nous ralentit beaucoup. Les choses se compliquent à la latitude de West Palm Beach quand le courant devient plus fort et que, même au moteur, nous peinons à avancer à plus de 3 nœuds … Ça promet d’être long !..
Un peu plus tard, en fin de matinée, le vent force sérieusement et lève des vagues de plus en grosses qui ralentissent encore notre progression jusqu’à la stopper … Cela nous apprendra, incorrigibles optimistes, à braver de concert le courant marin le plus connu du monde avec le vent et la mer contre nous. Finalement, sans autre choix et surtout aucune envie de subir cette situation toute la nuit, nous rebroussons chemin vers West Palm beach où nous trouvons refuge et mouillage dans les « intracoastal waterways », les canaux intérieurs de la côte Est des Etats-Unis qui servent de « route à bateau » alternative à la haute mer.

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Le vent est si calme au matin qu’il ne nous permet pas d’affronter le courant dans sa partie la plus forte. Tant mieux, nous en profitons pour nous lancer dans l’expérience des fameuses « intracoastal waterways » !

Bien que nous ayons tous les deux obtenu notre permis « extension fluviale » cet été en France, nous n’avons jamais navigué le long d’un canal, et notre expérience des « ponts à bascule » se résume à deux entrée-sortie de l’Etang de Tau à travers la ville de Sète. C’est assez léger comme expérience, mais quant il s’agit de se lancer, nous savons y faire et ce sont pas moins de 19 ponts (oui oui, vous avez bien lu, dix-neuf !) qu’il nous faut franchir pour rejoindre la prochaine sortie à Fort-Lauderdale.

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En fait, nous prendrons le coup de main en 3 à 4 ponts seulement, c’est finalement assez simple … Au sortir d’un pont, il faut déterminer la distance au prochain et décider s’il convient de flâner ou de se précipiter en fonction de l’heure d’ouverture du suivant, puis, en vue du pont, se signaler sur le canal 9 et attendre plus ou moins longtemps l’ouverture pour enfin s’insérer dans le tumultueux traffic des petits et gros bateaux.
Bien entendu, si attendre, parfois 25 minutes quand on manque de chance, sans bouger est parfois compliqué le vrai coup d’adrénaline survient quand, après une course effrénée, le pont est atteint en retard sur son ouverture et qu’il faut alors continuer sur sa lancée pour le franchir juste avant sa fermeture … Et, de ceux là, il y en a un certain nombre !

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Pour le reste, la waterway est comme une grande avenue américaine bordée de maisons et de résidences « pieds dans l’eau », souvent luxueuses, parfois plus raisonnables. Les pontons privés fleurissent de part et d’autre, surtout dans les cours d’eau secondaires qui sont à la « route d’eau » l’équivalent des allées des quartiers résidentiels « terriens ». Les usagers y circulent donc en bateau à moteur comme s’ils prenaient leur voiture depuis leur allée mais pour se rendre en mer, à la pêche, juste se promener, ou même directement chez des amis !

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À vrai dire, nous nous étonnons que sur les rives, il n’y ai que quelques rares cafés/restaurants et aucun commerce. Sans doute parce que tous les emplacements sont occupés par des propriétés privées ? Dans tous les cas, je pense qu’il y aurait un business à faire ici, peut-être un combiné bar-terrasse/épicerie/shipchandler ?

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Quand le soleil commence sa descente, nous nous organisons un mouillage dans la petite baie de Lake Santa Barbara plutôt que de poursuivre à la lueur des feux de la ville. Il ne reste que quatre ponts jusqu’à la sortie et nous en avons quand même franchis 15 au cours de cette journée. Si nous étions partis plus tôt, nous aurions eu les 19 sans difficulté, mais nous serions retrouvé en plein cœur de Fort Lauderdale pour la nuit, et cette situation n’avait pas notre préférence.

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À peine ancré, nous recevons la visite de Mario le Québecois qui vient nous saluer à la faveur de la promesse francophone de notre drapeau français ! Nous l’inviterons à bord pour « faire salon » et discuter un peu. Il est un plaisancier inexpérimenté et vient d’acheter pour un très bon prix un très beau voilier presqu’aussi grand que le notre … mais dans un état qui l’oblige pour ainsi dire à le restaurer depuis le fond de cale jusqu’à la tête de mât ! 3 mois qu’il galère, et disons le franchement, dire qu’il y a encore du boulot … c’est peu dire !.. Quoi qu’il en soit, nous apprécions beaucoup la simplicité bourrue et le langage coloré de notre étrange invité, mélange inattendu de camionneur/bûcheron canadien et de « bagpacker » désorienté.

Au lendemain, les 4 derniers ponts seraient une simple formalité si l’ultime ouvrage d’art de ce périple intérieur n’avait recelé une pépite. Disons que plus nous nous approchons de la sortie de Fort Lauderdale et plus le traffic se fait dense pour constituer une file ininterrompue de bateaux.
Dans cet configuration où la place pour manœuvrer est comptée, nous approchons du dernier pont et bien que nous pensions pouvoir passer dessous en position fermée, nous sommes assez déçus de manquer l’ouverture de peu, très peu … trop peu …

 

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Nos documents sont contradictoires, 45 pieds de hauteur libre pour l’un, 55 pour l’autre. Au dernier calcul (j’y reviendrai), nous mesurions 45 pieds de tirant d’air : à 55 on y va ; à 45, on n’y va pas.

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Les discussions VHF sont difficiles car encombrées, et à la troisième tentative, le pont répond enfin à notre demande insistante de confirmation « lisez la jauge fixée sur la pile de pont, nous ne sommes pas autorisés à vous donner cette information ». Autant dire que nous sommes furieux, ça nous fait une belle jambe car quand nous serons assez proches du pont pour lire cette fichue jauge, il ne nous sera plus possible de faire marche arrière … Heureusement, une âme compatissante, sans doute aussi indignée que nous de la réponse des gardes ponts, nous indique la hauteur libre « 55 pieds à marée haute sur mes documents » !

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Soulagés, nous pouvons poursuivre dans le flux de circulation jusqu’à la fameuse jauge qui indique 56 pieds au moment où nous nous engageons. Ma parole, que ce moment est stressant ! Que le mât est grand ! Que l’antenne est proche du tablier du pont … mais, mais, nous allons nous prendre dans les feux suspendus !.. Non … c’est passé mais pas loin de la punition quand même.

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Pour le reste, après avoir évité un pétrolier qui prend la même sortie que nous, il ne s’agit plus que d’évoluer calmement vers la sortie dans une cohue désordonnée de bateaux tout aussi impatients que nous d’atteindre les eaux libres.

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En mer cette fois, après une belle journée et une nuit super, la houle redevient inconfortable et impressionnante en face des « Florida Keys ». Comme une grande fatigue s’additionne à une météo peu engageante, nous décidons de faire halte à mi-chemin de Key West et ouvrons la liste des mouillages des Keys téléchargée in-extrémis avant notre départ … Mais à notre grand désarroi, aucune place praticable ne protège du vent d’Est … Double confirmation de l’analyse des cartes, nous semblons obligés de continuer dans la nuit agitée qui s’annonce et aucun moyen pour nous de passer sous la route US1 dont le plus grand pont « culmine » à 6m50 de hauteur libre.

Franchement désireux d’éviter les complications et, il faut le dire, assez honteux de notre manque de préparation, nous tentons tout de même l’approche d’une baie où nous pourrions éventuellement ancrer … pas idéal mais jouable.
Même s’il ne faut jamais compter dessus, il faut parfois un peu de chance et à l’approche de la baie, nous repérons un grand et magnifique pont salvateur ! Le « Five Channel bridge » que nous n’avions pas repéré sur nos cartes électroniques : 65 pieds de hauteur libre, c’est Bysance ! Enfin, pas tant que ça, même si cette fois nous avons la garantie de passer dessous, le sentiment de proximité du haut du mât et du bas du pont est bien présent quand même … Plus tard, au mouillage, nous reprendrons nos calculs et conviendrons d’un tirant d’air de 50 pieds tout compris. Rétrospectivement, nous repensons avec angoisse aux 55 pieds du pont de Fort Lauderdale …

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L’île de « Matecumbe Key », qui était l’un de nos lieux préférés quand 5 ans auparavant nous avions visité cette région, abrite notre mouillage pour la nuit. Celui-ci est un peu compliqué à trouver à cause de notre fort tirant d’eau, mais l’île nous accueille confortablement dans une zone où aucune carte n’indique de mouillage. Comme nous encourageons 4 autres émules à ancrer ici, peut-être le sera-t-il prochainement, allez savoir.

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Bien que nous poursuivions notre périple par le « Hawk Channel » bien mieux protégé que la haute mer, une étape supplémentaire nous est nécessaire avant Key West pour éviter une arrivée de nuit. Et fort de notre inexpérience de la veille, nous repérons une belle étendue d’eau suffisamment profonde planquée derrière « Big Munson Island », au sein des « Big Pine Keys » avant de partir … sereins.
Mauvaise pioche … le « Newfound Harbor Channel » se révèle étriqué et ses abords encombrés de bouées et de hauts fonds. Nous y talonnons deux fois alors même que nos cartes nous promettaient une somptueuse hauteur d’eau à ces endroits.

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Qu’à cela ne tienne, nous ancrons au centre du chenal et contre nos prédictions, personne ne vient y redire, bien que chacun des nombreux passages révèle un inévitable moment d’indécision pour les canots à moteurs … passeront-ils par la droite où la gauche ? J’y vois l’effet bénéfique (il en faut bien un) d’un comportement individualiste qui veut que tant que la gêne n’est pas excessive, l’individu ne cherche pas la coercition systématique à l’égard d’autrui, un comportement que nous autres français ferions bien de méditer il me semble.

Pour revenir à notre voyage, cette difficile navigation vers « Key West » altère quelque peu notre enthousiasme et nous nous posons nombre de questions sur la suite de la route. Nous sommes désormais trop habitués aux navigations faciles vent portant, à la chaleur et aux étapes diurnes … dans le plus fort de la houle, nous irons même jusqu’à proférer la suggestion de retour par le Canada ! La Patagonie nous appelle encore, mais le chemin est long, très long. Takoumi s’use; nous aussi. Tiendrons-nous tous les 3 l’étendue de ce qu’il nous reste à parcourir ? Ce n’est que le début du second voyage tant la Terre de feu semble encore loin …

Les Vacances !!!

Arriver aux Etats-Unis à la barre de mon propre voilier est pour moi un grand moment de la vie. Je ne saisis pas l’intime explication de cette évidence, à l’approche du chenal de Fort Pierce au nord de la Floride mais, j’ai des fourmis dans le ventre, et suis toute impressionnée, impatiente de toucher cette terre que je connais si bien depuis ma tendre enfance. Et lorsqu’au beau milieu du chenal parsemé de pêcheurs dans un courant non négligeable le CBP – Customs and Border Protection nous aborde en route, je leur fais même part de mon exaltation en réalisant je crois, tardivement, l’ampleur du chemin que nous avons parcouru !

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La procédure du contrôle est assez rigolote : deux hommes montent à bord et nous demandent de garder notre vitesse, de ne plus rentrer dans le bateau et de ne pas nous parler en Français pendant leur visite – petite blague de l’officiel : pour que je ne dise pas à mon mari de l’agresser sans qu’il ne comprenne qu’il est en danger… Ensuite l’un nous surveille et l’autre entre dans le bateau, et nous explique en ressortant qu’il cherche « Drugs and Aliens » – des drogues et des extraterrestres somme-toute notamment des Bahamas très touchés par le récent cyclone Matthews. Je suis toujours d’excellente humeur et plaisante même avec l’officiel en lui demandant s’il en a trouvés des ET … ce qui le fait sourire heureusement!

L’épisode terminé, nous avançons un tout petit mille dans les ICW – les Intercoastal waterways c’est-à-dire le Indian River qui longe la côte est des Etats-Unis par l’intérieur, à l’abri de l’océan. Le chenal de la Marina s’avère très étroit, long et peu profond, Takoumi talonne une paire de fois dans la vase lors de ma manœuvre de port! Mais voilà, nous sommes arrivés place D16 à HarbourTown Marina, Fort Pierce, FL USA.

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Nous avons vite loué une voiture – et failli nous retrouver avec un grand van – pour aller rejoindre la famille en Caroline du Nord : cette première partie du séjour américain nous fait découvrir Wilmington, voir la neige (si si!?) et surtout profiter chaleureusement de la famille Segura Burg, mon frère Cedric, Otilia, leurs cinq enfants et mon père qui est de passage. Nous avons le temps de nous rhabiller dans les quasi-outlets, et de nous équiper d’une belle nouvelle annexe – commandée sur Amazon en fin de compte. L’accueil est formidable et nous avons l’impression étrange d’être en vacances à terre, jouissant de lits confortables, de repas copieux et de douches d’eau douce quotidiennes….c’est le comble pour vous, je m’en doute mais nous vous raconterons plus tard combien la reprise a été difficile au terme de ce mois de relâche….

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Cédric m’apprend à faire du pain :

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La neige !!!!

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L’anniversaire de petit Cédric et Adela au Gymnase !

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Même à terre, Olivier ne s’arrête pas de bricoler – l’aspirateur est en panne !

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Pour l’heure, il est malheureusement temps de quitter le cocon familial et nous en profitons pour faire un mini road-trip en nous arrêtant à Savannah et Saint Augustine fiefs du sud et de la Géorgie et plus anciennes villes des États-Unis. Nous célébrons notre second anniversaire de mariage à Savannah que nous trouvons magnifique parsemée de beaux édifices anciens, fontaines – vertes à l’occasion de la St Patrick – statues et de places harmonieusement arborées.

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(Note De l’Autre Auteur : Savannah est effectivement une excellente étape de notre road trip. Nous avons toujours été intrigué par cette ville dont le nom nous plait tant et dont nous croyons nous souvenir qu’elle accueille le fameux « Domaine de Tara », inexpugnable résidence de Scarlett O’Hara … Toutefois, la seule référence cinématographique à la ville dont nous avons vent est le banc de « Forest Gump » ! … Toujours est-il que l’hôtel repéré par ma belle sœur Otilia, qui m’a plus qu’encouragé à y faire étape malgré un tarif prohibitif, est particulièrement bien situé, en plein cœur historique de la ville, à portée de marche du front de mer et de ses cafés/restaurants/bar-à-huîtres. Nous dînons d’ailleurs dans une taverne à deux pas de l’hôtel, évitant sans le savoir, le restaurant guindé attenant pour nous retrouver dans l’ambiance chaleureuse d’un bar en sous-sol où les clients avinés chantent pour accompagner, avec plus ou moins de bonheur, la pianiste live. )

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Le lendemain nous dormons dans un motel en face le l’ICW, dînons italien chez une grecque et dégustons le bacon and eggs and pancakes dans un Diner à Saint Augustine, dont les nombreuses galeries et petites allées – moins enchanteresses qu’à Savannah – nous promènent agréablement.

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Enfin, c’est la Daytona Bike Week sur le chemin, alors nous nous arrêtons face aux défilés de motos en écoutant les concerts de Country Music – ce sont surtout des Harleys Davidsons mais il y a aussi quelques excentricités… (note de l’autre co- capitaine: me suis loupé pour le Bol au Castelet, j’ai un peu foiré le Faron du moto tour, mais là … j’ai repris de l’avance … dédicace pour mon Guigui 😉 )

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Pendant le voyage de retour :

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De retour à Fort Pierce, c’est le Seafood festival en bord de l’ICW. Nous avons vu qu’un apéritif s’organisait à la Marina alors nous nous y rendons en fin d’après-midi à 17h30 avec du vin et du fromage en bons Français…pour nous rendre compte que les américains sont déjà en train de dîner : Chicken et patato salad en quantités sont à notre appréciation … Notre social ne marche pas très bien pendant ce début de soirée aussi, déçus de rentrer au bateau, nous nous joignons aux voisins qui discutent sur notre ponton. Ils attendent le décollage de la fusée de Cap Canaveral, que nous verrons ensemble en buvant un délicieux Rhum de Nassau.

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Ponton D – rocket launch !!!!

Toujours véhiculés, nous repartons à West Palm Beach au sud passer un court séjour chez Bill et Sharon, les père et belle-mère de mon beau-frère Andy (vous suivez j’espère :), et profitons une dernière fois de l’hospitalité et la générosité de nos hôtes qui nous présentent leurs bons amis également passionnés par la voile. Je ne me lasse pas de succulents « filet steaks » et de petits déjeuners complets à l’Américaine!

Par la suite, nous avons plus que sympathisé avec Laura, Susan, Vince et Eldon en réitérant les réunions du ponton D tous les deux soirs. Laura et Susan m’ont fait découvrir le marché et les artisans du centre historique de Fort Pierce. Vince m’a même réparé ma canne à pêche ! Et alors qu’Olivier et moi travaillons dur pour finir toutes les bricoles sur Takoumi avant notre départ, j’avoue avoir eu bien du mal à quitter cette Marina après la bienveillance familiale et à l’aube de ces nouvelles rencontres attachantes.

Voyager c’est aussi malheureusement partir sans cesse et parfois difficile…mais pour tout vous dire, ce qui nous y encourage est la conscience que nous prenons, à cette étape encore, de n’être toujours pas chez nous.

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Ronnie’s Island

Great Harbor à Berry Island sera pour nous l’Ile de Ronnie, ancien capitaine, pêcheur professionnel et au passage, tenancier du seul bar restaurant du village!

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Mais avant de le rencontrer, nous avons commencé par visiter la Marina excentrée nourrissant nos espoirs de rencontrer de la vie, pensant y trouver un ATM pour renflouer nos poches presque vides…et pourquoi pas, y trouver une terrasse accueillante ? Le chemin menant à cette étrange Marina bordée d’appartements de vacances nous fait passer dans un long couloir de mer entre la pierre et traverser un grand lagon.

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Arrivés, nous nous mettons à couple d’un bateau de pêche pour escalader par une échelle le haut ponton devant les quelques âmes qui errent ou s’affairent à terre. Nous comprenons rapidement qu’il n’y a pas de possibilité de retrait d’argent et encore moins de terrasse accueillante ici, si ce n’est un snack fréquenté par deux sympathiques québécois arrivés depuis la veille et ancrés à nos côtés au mouillage. Eux ont déjà visité le bourg et nous préviennent qu’il n’a pas plus d’intérêt que cette Marina toute moche, et que nous ne trouverons rien d’autre à cette escale que ce snack quasiment déserté… C’est trop triste alors nous relevons tout de même le défi et convenons – avec nos voisins – que si nous ne trouvons rien en ville, nous passerons boire l’apéritif à leur bord avec grand plaisir !

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Rejoindre le village prend autant de temps mais arrivés au dock gouvernemental, nous ne marchons pas longtemps avant de taper à une porte, dubitatifs, mais devant laquelle nous avons remarqué une jolie table ronde et un semblant de parasol. C’est maintenant que nous rencontrons Ronnie qui paraît lui-même surpris que nous ayons trouvé son humble demeure. Il nous accueille immédiatement en nous invitant à nous assoir au « bar » et discuter avec lui. Ce n’est qu’un minuscule troquet très local, pas étonnant que nos québécois aient pensé qu’il était fermé! Mais nous sommes rassurés d’y voir défiler un certain nombre des habitants du village venus emporter leur déjeuner.

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Ronnie nous raconte alors « ses » Bahamas et dit qu’il est facile d’y vivre avec un bateau et quelque talent de pêcheur car les Bahamiens ont le droit de vendre le fruit de leurs efforts sans formalités ou taxes au coin d’un ponton ou d’une rue. Son rêve est de développer son établissement en installant cave à vins – italiens de préférence – et ponton pour accueillir les dinghys en face de la route. Mais son véritable souhait serait de se racheter un bateau à moteur – un Trawler de préférence ( n’est-ce pas cousins 🙂 ) afin de voyager d’île en île avec son épouse en pêchant pour gagner sa vie. Tous deux ont cumulé sept enfants dont une fille qui étudie le Français et rêve de faire son stage de fin d’études en France – nous ne manquerons pas de l’y aider si besoin !

Je profite de l’expérience de notre hôte pour découvrir le fameux spear fishing des Bahamas. En effet, la loi interdit les fusils harpons au profit de la pêche à la lance. Ronnie nous explique qu’il s’agirait d’empêcher les Bahamiens de s’entretuer s’ils avaient le droit de posséder un quelconque objet ressemblant à une arme, de loin ou de près…Son matériel est impressionnant et je trouve dommage, contrairement à Olivier, qu’il n’y ait aucun magasin de pêche dans le coin…

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Entre temps la journée est déjà bien avancée, et nous demandons à Ronnie s’il pourrait nous faire goûter du Spiny Lobster si nous revenons dîner dans son boui-boui – sachant que nous devons encore retirer de l’argent…Nous tentons la banque qui vient de s’installer mais malheureusement l’ATM ne marche qu’avec les cartes bleues locales – malgré l’affichage Visa -qui ne semble jamais fonctionner aux Bahamas ! Ronnie téléphone à la Marina qui nous envoie au supermarché demander l’aide du manager qui pourrait nous rendre du liquide en nous facturant notre carte bleue…Il est en congés et ils n’acceptent pas la carte bleue de toutes façons ! Rien n’y fait, personne ne peut nous donner d’argent ici non plus, mais Ronnie souhaite vraiment nous faire plaisir donc nous convenons d’un repas – succulent – de spiny lobster pour deux pour tous les petits dollars qui nous restent ! Nous n’avons jamais revu nos voisins québécois et passé la soirée avec Ronnie, et son épouse.

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Son île nous a laissé de jolis souvenirs de notre dernière étape aux Bahamas que nous quittons le surlendemain. Nous naviguerons une trentaine d’heures pour rejoindre les Etats-Unis et pour l’anecdote, je manquerai de pêcher un dernier magnifique thon jaune – parce qu’un certain Olivier chargé de l’épuisette, ne souhaitait pas trop salir le bateau et attendre avant de le remonter à bord !?

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Au nord d’Eleuthera

Passé l’orage, nous faisons route plein nord, au près, de Hatchett Bay jusqu’à Royal Island. Contre toute attente, nous ne subissons pas la pluie mais bien la houle résiduelle de ces derniers jours de vent soutenu… Si bien que nous ne sommes absolument pas sûrs, arrivés devant, de parvenir à franchir l’étroit « current cut » qui nous permet de sortir du grand banc de sable de l’île d’Eleuthera! Le suspense est à son comble et l’expérience s’avéra assez mémorable. Le Current cut est une passe profonde de seulement…30 m de large dans laquelle sévit un fort courant (jusqu’à 8 nœuds il paraît) qui s’aborde à l’étal – c’est à dire aux abords de la renverse d’une marée, lorsque le courant est le plus faible – et de préférence à marée haute. Compte tenu des horaires nous l’avons passée à marée basse, en retenant notre souffle…les remous à la sortie en sont d’autant plus impressionnants…on ne s’ennuie jamais aux Bahamas !

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Après quoi nous arrivons dans un mouillage calme, mais calme….il n’y a rien ici, à part les ruines d’un ancien Club Med à jamais délaissé, mais nous y sommes à l’abri du vent d’ouest…

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Le premier matin au mouillage, je tente ma chance et pêche 3 poissons en une seule prise – grâce à mon leurre de crevettes à 5 hameçons! Ce soir nous nous régalerons des 3 petits « Jackfish » d’après un d’habitant de l’île a qui j’ai montré les photos de mes victuailles.

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La météo reste terne et le vent contraire alors un peu las de ce petit bout de terre, nous décidons tout de même d’entreprendre la route pour Spanish Wells, l’incontournable île de la région à quelques milles de là. Seulement voilà : nous ne devions pas y aller à Spanish Wells – par manque de profondeur, aussi l’expédition consiste à sillonner les tâches blanches au GPS (plus profondes) en évitant les bleues (moins profondes) afin de nous en approcher le plus possible, dans l’idéal à moins d’un mille pour finir la route en dinghy….

On ne le dira jamais assez, naviguer dans les eaux turquoises des Bahamas est une belle formation et requiert une bonne dose de concentration pour une poignée de milles… Le temps de route est tout autre qu’ailleurs, et tu « serres souvent les fesses » comme dit Olivier ! Le moment de poser l’ancre est alors un instant de triomphe – dans 2,2 m d’eau à marée basse – 1,8 m affichés au sondeur, pour ceux qui suivent…Takoumi est bien seul aujourd’hui au milieu de cette étendue d’eau qui ressemble en réalité à un jacuzzi. La balade en dinghy est heureusement rapide dans le sens du courant et des vagues – aïe aïe aïe que je crains le retour!!!

Mais la découverte de Spanish Wells vaudra toute notre peine, cette île s’organise le long d’un bras de mer parsemé de bancs de sable et jonché de petits pontons, de toutes tailles d’embarcations de pêche et d’un joli yacht club sur pilotis. L’histoire de cette île nous rappelle un peu St Barth. La population est blanche et parle anglais avec un accent british « BBC » aux tonalités américaines et australiennes mélangées…accueillante et plutôt bon marché – pour les Bahamas bien sûr ! Nous nous promenons en évitant les golf carts qui circulent – à fond – sur la « nationale » et visitons supermarché et shipchandler- pour le plaisir plus que par nécessité 🙂 . C’est notre premier vrai ship aux Bahamas, si nous ne comptons pas le magasin de bricolage de Georgetown de Great Exuma…Ce n’est pas ici que nous changerons notre annexe qui , d’ailleurs mérite à présent une médaille…elle nous ramène au bateau à peine mouillés, contre les vagues et face au vent! Et nous pouvons vite rejoindre notre calme mouillage de Royal Island pour la nuit.

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Le lendemain nous organisons notre dernière expédition avant de quitter Eleuthera pour les Berry islands, dernière étape avant la Floride. Il s’agit de rencontrer les cochons sur Meaks Peak et la promenade est revigorante. Et entre nous, il n’y a pas de plaisir plus grand que de se baigner seule, au bord d’une grande plage qui semble n’être qu’à nous…

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Départ pour Berry Islands à 17h pour 80 miles. Le vent n’est plus contraire, en fait il n’est plus du tout…donc ce sera au moteur ce que nous nous rappelons n’avoir fait que deux fois depuis que nous sommes de ce côté de l’Atlantique. Je me demande souvent si la Méditerranée ne nous paraîtra pas bien capricieuse, et la terre un peu trop ferme au-delà de cette belle aventure…

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