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La rentrée
Fut difficile…et les conteurs que nous sommes étaient en pleine panne d’inspiration! Que dire de ces longs mois qui se sont écoulés, pendant lesquels nous avons repris racine en France, grandement soutenus par la famille et les amis!?
Nous nous sommes d’abord installés à La Rochelle près du plus grand port ou dortoir de bateaux de la côte ouest, prêts à changer de vie et de métiers – pour « être de la partie » comme on dit…
Et bien que nous ayons suivi quelques pistes sérieuses, et certaines un peu moins allant même jusqu’à postuler comme « Maître de port » à Bourcefranc-le-Chapus (non non, c’est vrai…) s’avérant dédié principalement à l’ostréiculture (en effet, je n’y connaissais pas grand chose:) , nous n’avons pas vraiment rencontré l’opportunité de nos rêves!
Avons-nous tout essayé? Non, sans aucun doute, toujours est-il que nous sommes repartis sans regrets et plutôt déçus de la petite, très petite, bourgade de province humide et isolée au beau milieu de kilomètres de cultures aussi longilignes et plates qu’ennuyeuses et monotones! Cela malgré le plaisir infini de déguster des huîtres en chaleureuse compagnie assez régulièrement au bord de l’océan et de la Charente!
Durant ces longs mois de vagabondage spirituel voire existentiel, mon beau Takoumi, lui, a trouvé un nouveau propriétaire: une femme américaine et son compagnon, sans aucune expérience de la voile, prêts à lui refaire peau neuve et à se projeter dans le rêve…Ce rêve que nous avons eu la même volonté et grande chance de vivre qui pour nous est à présent réalisé…Je leur souhaite de beaux moments d’aventure dans leur navire que vous savez capricieux mais exemplaire.
Mais, j’en profite pour mettre le doigt sur l’exact problème du retour de notre voyage: lorsque vous venez d’accomplir un si grand rêve dessiné depuis plusieurs années, qui par bien des côtés n’est pas tout à fait achevé, comment nourrir de nouveaux projets??? En fin de compte, j’ai conscience aujourd’hui que nous n’avions jamais planifié notre retour. Sans doute parce-que si nous l’avions fait, nous ne serions pas partis – et à grand tort vous serez tous d’accord!!!
Certains de nos amis lecteurs ne l’avaient pas prévu non plus d’ailleurs, aussi auprès d’eux, nous vous demandons sincèrement pardon d’être rentrés. Ce faisant j’ai le sentiment que nous avons perdu beaucoup de temps les premiers mois, à chercher de nouveaux projets tout en profitant de notre nouvelle mobilité pour traverser la France quelques fois déjà.
Les moments formidables: les weekends et Noël en famille, le ski malgré un vrai manque de savoir-faire et des douleurs musculaires inconnues des marins, l’ULM et la super-tyrolienne, les soirées et barbecues avec les copains, la montagne, les bonnes tables et les marchés bien achalandés, le cinéma en VO et en VF, les sorties « Surprise » sur le lac Léman et une belle partie de pêche en Méditerranée…
Les moments « bof »: l’hiver humide, la solitude, la pauvreté, la misère urbaine, les nouvelles normes d’agressivité, l’individualisme, le « moi d’abord », la fermeture d’esprit, l’absence d’écoute et tout ce brouhaha ! Le métro, le vis-à-vis, la disparition du silence et du ciel, le manque cruel d’horizon…Non, le retour est une épreuve et la bataille intérieure que je mènerai toujours est de continuer à regarder le ciel, garder l’esprit et le regard ouverts, ne jamais baisser les yeux pour refuser de voir tout cela, tout en reprenant une routine citadine infiniment pratique et confortable. Le voyage m’a permis de croire que tout est possible, qu’il y a de la beauté et que les équilibres parfois pernicieux sont présents partout. La société elle-même en est un très bel exemple mais voilà un tout autre sujet à l’ordre d’un autre jour!
Donc, je racontais…plutôt confus et plein de réflexion, débordés par l’abondance à la fois de contraintes et de choix que nous avions, Olivier et moi avons d’abord tenté l’expérience Rochelaise plusieurs mois. Et depuis Janvier nous avons élu domicile à Paris d’où nous pouvons rayonner toute la France. La recherche de nouveaux projets s’est peu à peu transformée en recherche d’activité et plus simplement de travail tout court. Il n’y a pas beaucoup de rêve dans tout ça et c’est bien normal, l’ambition nouvelle n’est-elle pas simplement de nous réinstaller dans cette routine terrienne, entourés de ceux avec qui nous l’avons un temps partagée ? Voilà, le voyage est bel et bien fini en ce qui me concerne mais je ne me résous toujours pas à ne pas penser, à ne pas rajouter « pour l’instant »!
Mais nous ne sommes pas vraiment rentrés directement …
Quitter notre maison, nous l’avons déjà fait, mais quitter notre bateau, notre Takoumi, c’était un peu plus dur …
… Alors, autant pour le fun que pour se changer les idées, autant profiter d’être sur le continent nord américain pour rendre visite à une partie expatriée de la famille et une autre vielle gloire française … je veux dire celle qui éclaire le monde : Lady Liberty.
C’est donc à New York, la grosse pomme, que nous posons nos valises pour une escale improvisée. Dans un premier temps, nous sommes particulièrement apathiques, sans doute rincés par l’expérience du « déménagement » et la préparation/mise en vente du bateau et il nous faut reprendre des forces.
Que ce soit au restaurant Coréen ou à la maison …
Heureusement, sous l’impulsion énergique d’Otillia, notre belle sœur, nous retrouvons un peu de « peps » pour repartir à l’aventure et redécouvrir cette ville que nous aimons beaucoup.
Et pour commencer, c’est en … bateau que nous atteignons Ellis Island et la Statue de la Liberté. Incorrigibles avez-vous dit?
De retour sur la terre ferme, nous traversons Manhattan pour rejoindre Chinatown pour le déjeuner. Chemin faisant, nous nous arrêtons un instant devant le monument de Ground Zero. Il n’y a pas à dire, transformer l’emplacement d’un gratte-ciel disparu en une gigantesque fontaine où l’eau s’écoule de toutes parts pour s’évacuer dans un puis profond est particulièrement impressionnant. Ce monument donne un sentiment de verticalité là où règne désormais l’horizontalité.
Trêve de flâneries, l’ultime étape de l’excursion du jour est Chinatown, le quartier chinois où nous espérons retrouver un extraordinaire restaurant aux multiples étages bondés de clients où notre ami Yann nous avait amenés quelques années auparavant. Peine perdue pour le déjeuner, nos souvenirs font défaut. Toutefois, nous retrouvons avec plaisir l’ambiance de ce quartier haut en couleurs où les habitants se retrouvent dans les parcs pour d’interminables parties de dominos dont nous ne comprenons pas les règles mais dont nous mesurons l’extrême importance à la vue des mines sérieuses des observateurs.
Après cette première randonnée urbaine, nous ne faiblissons plus et l’attrait de New York se maintient les jours suivant car nous avons, à dessein, réservé pour la fin, deux quartiers emblématiques de Manhattan :
Le premier, Central Park, m’évoque irrésistiblement le film « Hair » tiré de la comédie musicale éponyme 😉 et … John Lennon 🙁 . Curieusement d’ailleurs, car cela aurait pu être « Kramer contre Kramer », « Une journée en enfer » ou « Coup de foudre à Manhattan » mais … non …
Toujours est-il qu’il est vraiment génial d’avoir su sauvegarder au cœur d’une des plus grandes villes un espace vert aussi grand et aussi animé de la vie de ses habitants.
Le second objectif du jour, un peu plus au sud du parc quant on descend sur Broadway, celui où je ne manquerai jamais de faire une visite à l’occasion, celui où j’arbore mon plus beau sourire de gamin à chaque fois que je me plante en son centre … Times Square !
Il nous est même arrivé une année où nous n’étions qu’en transit, de quitter l’aéroport dans les 4 heures entre nos deux avions pour venir y déjeuner. Publicités, verticalité, activité, culture et inculture mélangées dans un condensé d’exubérance pour représenter la vie de la ville … un must ! Par contre, beaucoup moins de vendeurs ambulants de hot dogs cette année, alors que nombre d’entre eux semblent s’être sédentarisés dans d’autres lieux, disséminés un peu partout aux alentours des parcs de Manhattan.
Retourner sur ses pas, c’est bien, c’est confortable, c’est aussi une manière d’évaluer sa propre progression à l’aune de celle de lieux qui évoluent eux aussi. Nous ne limitons pourtant pas notre séjour à un pèlerinage « NY revival », les jours précédents, nous avions déjà découvert ce qui avait changé depuis notre dernier passage avec le quartier du « One World Trade Center ». Mais nous avons aussi découvert de nouvelles places, de nouveaux parcs qui nous avaient échappés jusque-là, pourtant à deux pas …
C’est le cas de Bryant Park et de la « National Public Library » attenante. Si la bibliothèque nationale de NY n’évoque pour vous que « Benjamin Gates et le livre des secrets » ou « L’Agence », rassurez-vous, c’était pareil pour moi … Ceci dit, la visiter me fait penser que si le patrimoine américain est beaucoup moins ancien que les châteaux de la Loire ou la Chapelle Sixtine Florentine et, de fait, que son histoire est beaucoup plus récente, les conservateurs locaux s’engagent sur les pas de l’ancien continent pour préserver ce qui peut l’être.
Nous devons la découverte de Bryant Park, le parc attenant à la bibliothèque au volet social de notre visite, au cours de laquelle nous avons le plaisir de retrouver brièvement Pierre, l’un de nos plus anciens amis et Simon, une des dernières recrues de notre réseau d’amis disséminés dans le monde.
En plus, Bryant Park est vraiment une belle découverte, un endroit très agréable, animé et calme à la fois. Un autre écrin de sérénité au cœur du brouhaha.
Nous voilà rendus à la fin de notre escale à New York et quelques jours n’ont pas été suffisants pour découvrir ou retrouver tous les quartiers qui méritent de s’y intéresser. Vous l’avez sans doute compris, nous adorons cette île et croyez-nous, s’il n’était si compliqué de s’y installer, c’est bien l’un des endroits où nous aimerions poser nos valises dans les années à venir. Ce n’est, et de loin, pas le seul de notre périple … mais quand même.
C’est aussi la fin de ce voyage et par conséquent le – presque – dernier billet de ce blog. Pour quelque temps, nos aventures se conjugueront au temps de « l’hexagone ». Nous en toucherons un mot dans notre prochain et ultime article.
Virée d’honneur, nez dans le moteur
Le jour suivant la signature avec le broker et de notre « engagement » dans la mise en vente du bateau, de bon matin, un peu maussades en buvant notre café, Olivier me dit soudain:
« Et si on faisait un dernier voyage??? ». Je n’ai pas hésité ! Et le lendemain, nous levions l’ancre et prenions la direction de l’océan, impatients de profiter du Gulf Stream – ce courant important qui remonte toute la côte vers le nord – dans le sens favorable contrairement à l’année dernière.
Nous avons navigué deux jours pleins, le vent et le courant nous accompagnant, le cœur léger. Pour parfaire le tableau, j’ai pêché un magnifique maquereau espagnol!
Nous sommes très heureux de bientôt retrouver Harbour Town Marina à Fort Pierce où nous nous étions arrêtés en 2017 pendant un mois…Mais les objectifs de nos contrées se font parfois mériter: à notre arrivée dans l’entrée de la Marina, nous talonnons! En effet, la marée est en train de remonter mais pas encore tout-à-fait assez…et nous contraint à rebrousser chemin. De nombreux voiliers nous attendent au mouillage de l’entrée de ce chenal où nous posons l’ancre. Il nous faudra attendre quelques heures avant de nous risquer de nouveau et enfin pénétrer ce havre de paix bien protégé, pour quelques jours TRÈS orageux et TRÈS pluvieux!
A l’accueil nous retrouvons Glen venu attraper nos amarres – perdu de vue depuis le passage du canal du Panamá ensemble l’année passée. C’est toujours sympathique de retrouver des amis et nous avons beaucoup de choses à nous raconter sur cette aventure unique à bord du bateau d’Andrea, aujourd’hui quelque part dans le pacifique.
Après « una cervecita » encsemble à bord de Takoumi, nous filons au « D-dock » retrouver Laura et Vince prévenus de notre prochaine arrivée. C’est avec eux que nous passions nos soirées l’an passé sur ce fameux D-dock animé. Forts de ces retrouvailles- avec Glen et Laura en tous cas, nous nous promettons de nous voir « plus tard ».
Et là je dois vous dire : les gens sont parfois surprenants…je le craignais mais j’espérais vraiment me tromper…mais nous n’avons plus entendu parler de nos amis de tout notre séjour malgré nos invitations! Ils semblaient bien trop pris par leur routine et leurs vies bien organisées, parfois compliquées.
Je ne peux m’empêcher d’être un peu déçue mais malgré ce petit pincement au cœur, je conclus que l’amitié n’attend rien de l’autre et que nous avons eu de la chance de passer quelques minutes avec eux. Nous les avons contactés après notre départ en leur réitérant que s’ils venaient un jour en France nous serions ravis de les accueillir – qui sait, ce serait l’occasion de leur montrer ce qu’est notre notion des retrouvailles et peut-être de confirmer quelqu’une de ces amitiés.
Mais cette expérience n’est pas la première….et je dois l’avouer, j’hésitais pour ma part à revenir sur mes pas sachant très bien que parfois, les rencontres, les situations et moments vécus lors d’un voyage comme le nôtre, de notre passage sporadique dans tous ces lieux, notre parachutage dans le quotidien des autres sédentaires et enracinés…sont uniques et superficiels pour la plupart. Nous ne faisons qu’effleurer la terre comme la surface de la mer. Et lorsque nous avons le privilège d’entrer dans la vie de quelqu’un ou de partager des expériences exceptionnelles nous devons l’apprécier et n’attendre rien d’autre. Nous ne nous changeons pas, nous continuerons de profiter des occasions de retrouver ceux qui nous ont touchés sachant très bien que nous ne scellerons que quelques-unes de ces nouveaux pactes de relations. Quel est l’intérêt sinon?
Trêve de parenthèse, où en étais-je ? Ah oui, à Fort Pierce! Eh bien nous avons profité des fortes pluies pour nettoyer l’annexe et le bateau ! Trempés pour trempés….il était quand même temps depuis Key West… Et profité de nos soirées, de l’électricité en continu pour regarder des films. Nous sommes sortis que brièvement au tikki bar de la Marina pour son concert hebdomadaire de « live country music » particulièrement fréquenté par tous les habitants retraités de la Marina :)))…Il faut dire aussi qu’il a fait un temps de chien, vraiment, même si nous n’avons pas dû allumer le chauffage comme l’année dernière…décidément nous n’aurons jamais eu beau temps dans cette partie de la Floride!?
Nous sommes repartis – à marée haute – de bon matin décidés à « rentrer » à Fort Lauderdale, tranquillement par les canaux intérieurs, les ICW. Et bien sûr, il n’est pas de dernier voyage sans dernière surprise ou…avarie en ce qui concerne mon cher Takoumi!!!
En effet, en passant sous l’un des nombreux nombreux ponts de notre parcours, nous nous rendons compte – grâce à la nouvelle pompe automatique montée par Olivier il y a quelques jours – qu’il y a une fuite dans la cale moteur! Ni une ni deux, nous repérons le mouillage le plus proche et jetons l’ancre dans une baie reculée mais à portée d’annexe de la ville de North Lake Worth. Quelle chance quand même parce que nous trouvons aussi le ship chandler West Marine dans lequel nous finirons bien par dénicher la pièce à changer: le tuyau d’échappement! (enfin, les 25 centimètres de tuyau souple qui relient le moteur au waterlock).
Mais avant de nous y résigner nous ferons la rencontre d’un couple Français vivant à bord d’un modèle un peu plus grand de Takoumi, un Amel Maramu! Et si le tuyau prêté est un peu petit, le soutien et l’invitation à bord nous ont apporté un peu de chaleur et d’humanité durant cette dernière épreuve. Ce fut un challenge plutôt, que je trouve que nous avons accompli assez facilement forts de l’expérience que nous avons aujourd’hui acquise. J’ai alors pris conscience que cette épopée nous a apporté tant d’occasions de nous sortir de situations similaires, de problématiques diverses, avec des moyens toujours différents, nous poussant à la créativité autant qu’à la maîtrise des éléments – ainsi que de nos émotions!
Et qu’il est bon de vivre une dernière fois cette solidarité entre marins, entre humains, sur des bateaux de plaisance parfois semblables à des îlots solitaires…
De cette baie nous nous sommes enfuis au bout de deux jours, sous les orages épars et une brume menaçante qui au loin nous cachait les ponts baissés….Ne voyant rien, nous avons failli nous arrêter plusieurs fois quand soudain la brume se dissipait et nous autorisait un ultime pont à la recherche d’un mouillage suffisamment profond. Ce fut la plus longue journée de navigation de notre dernier voyage – même le gardien du dernier pont nous a conseillés de nous mettre à l’abri, seuls sur les Waterways tard dans la nuit. Épuisés nous avons posé l’ancre dans une petite anse juste assez profonde pour nous reposer un peu avant le lever du jour. C’est à ce moment-là que le dernier « invité » à bord de Takoumi s’est annoncé ! Eh oui, une grenouille a partagé notre repas à l’abri sous la super tente de cockpit, fort pratique par si mauvais temps!!!
Le lendemain nous rejoignions le mouillage de Las Olas à Fort Lauderdale, repus et prêts à affronter la suite, la véritable fin de notre périple.
It’s not a lot
Quelle était la question déjà ? Ah oui, pourquoi nous sommes-nous rendus à Fort Lauderdale en Floride ??
Eh bien parce qu’ils s’y retrouvent des bateaux du monde entier en vue de leur achat-vente, à l’occasion notamment de l’International Boat Show du mois de Novembre.
Nous en avions parlé il y a quelques mois et l’heure était venue d’envisager de vendre notre cher et fidèle voilier, notre compagnon d’aventure! Au delà du fait que la signature de l’accord avec le vendeur local est l’expérience la plus pénible et triste de notre voyage, l’épopée de la mise en vente de son navire aux Etats-Unis vaut un article à elle toute seule. C’est aussi à regrets que nous sommes contraints de dessaisir du dossier Jean-Claude, notre french broker préféré.
Nous avons donc commencé par rechercher un courtier sur le sol Américain pour nous casser le nez à maintes et maintes reprises. En effet, sur ces canaux, les plus grands bateaux du monde, essentiellement à moteur nous faisaient de l’ombre du haut de leurs 4 étages. Il s’est avéré difficile de trouver un « Yacht Broker » intéressé par notre petite unité de moins de 100 000 dollars ! Mais en visant juste nous avons fini par en convaincre deux de venir à bord estimer notre bien:
- XXXXX Yacht Brokers, le plus important courtier de la côte – envergure et moyens.
- YYYYYY Yachts spécialiste de la vente des « luxury sail yachts » notamment des « blue water » c’est-à-dire les bateaux dits « de voyage ». Notre Takoumi étant un fier navire de la marque Amel, bien connue par les Américains comme une marque de « luxe » entrait parfaitement dans les critères de ce dernier.
Les deux visites se sont passées très distinctement : le représentant de XXXXX avait une approche bien rodée mais ne s’intéressait que peu aux détails du bateau qu’il s’engageait pourtant à vendre. Celui de YYYYYY était très sympathique, très curieux du bateau mais n’avait pas encore vendu beaucoup de bateaux en soi, et encore moins un bateau étranger. La raison a emporté notre choix en confiant la procédure – complexe- au plus expérimenté et présent sur le marché. Marché où nous découvrons à cette occasion que pour bien vendre un bateau d’occasion aux Etats-Unis, il faut qu’il soit neuf, d’où un nombre impressionnant de « suggestions » de réparations aussi diverses que mesquines et dispendieuses, même si chacune est considérée par ceux que ne la paient pas comme « it’s not a lot » – LA phrase que nous avons entendue le plus souvent à Fort Lauderdale 🙂 !
La procédure le fut, complexe, et pour ceux qui envisagent de vendre leur bateau Français aux Etats-Unis, vous serez heureux de tomber sur un résumé que j’espère précis, que nous n’avons pas trouvé malgré des mois de recherche. Les étapes requises sont les suivantes :
1. Importer le bateau en Floride:
• Faire expertiser le bateau par un « marine surveyor » – 500 $
Le rapport établi stipule la valeur du bateau sur le marché (« Mkt value ») communément sous-évaluée de 30% à 50%, pour le calcul des taxes d’importation (« Customs duty fees »)
• Formalités d’importation du CBP – à faire en direct ou par l’intermédiaire d’un transitaire (« Licensed Customs broker ») – coût total < 3,3 % de la « Mkt value »
Notez que légalement, tant que le bateau n’est pas ainsi importé, il ne peut être annoncé à la vente sans une mention spéciale, et ne saurait être visité par un résident des Etats-Unis (peut-être un « undercover CBP officer »….) sous peine d’amende! Et un courtier/broker nécessite une license de l’Etat de Floride pour vendre votre bateau.
2. Mettre le bateau en vente: soi-même sur Craig’s list ou par le biais d’un courtier/broker
3. Laisser le bateau sur un dock: cette étape est un réel business en Floride mais s’avère incontournable si vous souhaitez rentrer en confiant la vente à quelqu’un sur place. Voici les solutions évoquées pour un monocoque de 12m (de la – chère à la + chère):
- Dock privé « chez l’habitant » dans un canal souvent reculé de l’ICW bien protégé des ouragans mais avec l’interdiction de vivre à bord – $550/mois + 2 mois d’avance à prévoir à la location = 1 mois de garantie (remboursable) et le dernier mois (dû)
- Dock privé chez l’habitant avec possibilité de vivre à bord – environ le double du prix > 1000$ par mois
- Marinas : prix fonction de la durée, elles sont encore un petit peu plus cher…
Trouver un dock privé peut être compliqué – le broker s’en charge pour vous mais attention à votre tirant d’eau et au prix. Pour notre part, nous avons dû changer deux fois d’emplacement et l’accueil des riverains ne vous est pas toujours favorable. Il y a beaucoup de règles et tout cela à vos frais ! Notre broker a fini par faire appel à une société qui s’occupe de trouver des docks – surprise? – que nous avons payée $200 pour le service….
4. Maintenance du bateau: il s’agit de choisir un contact local pour surveiller votre bateau (« Boat maintenance » service). Le broker nous a mis en relation avec :
• un indépendant (le moins cher à $100 par mois) qui finalement ne faisait que des bêtises et ne connaissait rien aux bateaux !
• une petite société (environ $150 par mois).
Cependant, le contact n’intervient qu’en première instance si bien que tous travaux effectués après notre départ de Floride nous étaient presque doublement facturés – par les intervenants (grand minimum $100/h) ; et par la personne de la société chargée de les surveiller ($60/h).
5. En cas d’ouragan….il faut prévoir la marche à suivre en cas d’ouragan et il s’agira de payer un forfait mensuel plus cher si vous souhaitez que la société de maintenance l’inclut dans ses services. Pour notre part, nous avions un arrangement avec le propriétaire du dock qui serait intervenu pour sécuriser des taquets et amarres supplémentaires pour un « small fee (sic) » de $150 seulement.
6. Vendre le bateau: les étapes se succèdent :
- signer le compromis (« Purchase & Sales Agreement ») en convenant du prix et de la date de l’expertise du bateau (systématique, financée par l’acquéreur).
- Expertise – notez qu’en votre absence le bateau devra être piloté par un «Captain» professionnel à vos frais ($300 à $500/jour).
- Signature du compromis aux conditions finales.
- Défranciser le navire de son port d’attache en France en contactant le service de douanes et en leur apportant toutes les pièces du dossier. Notez qu’à postériori, nous vous conseillons de demander aux douanes d’établir les bons de « libre circulation des biens et du navire » AVANT votre départ en voyage – de France – pour simplifier cette procédure déjà complexe à votre retour.
- Signature de la vente finale: cette procédure légale est un peu complexe, très administrative. La notarisation des documents de vente par un notaire assermenté aux Etats-Unis peut se faire en ligne (NotaryCam.com) ou à l’Ambassade des E-U (Paris ou délégué en région à certaines dates après prise de RDV) – $200 à $300.
7. Bancaire: ouvrir un compte aux Etats-Unis nous a paru cher et compliqué. Nous avons opté pour l’option internationale CB pour payer en $ à moindre frais. Attention aux virements, les informations bancaires ont des formats différents en Europe et aucun des pays ne s’adapte à l’autre. L’utilisation d’un service ex. « Transferwise » peut être utile et plus rapide.
Somme toute, nous avons passé plus d’un mois à organiser tout cela, payer les uns et payer les autres, contraints à déménager du bateau – et à déménager l’intégralité de son contenu ! Mais avant cela…..un tout petit dernier chapitre s’est inscrit au voyage que nous tenions à vous conter !
La remontée de New River, passage sous l’autoroute I-95
Les docks privés
Les iguanes s’intéressent à Takoumi….et aux souliers d’Olivier!
Le déménagement
Comment bien commencer la journée: discussion avec le canard et un bon p’tit dej
Et pendant le « weekend »
Notre ami de fin de journée
Fort Lauderdale ou le mouillage le plus cher du monde
Quand nous arrivons nous nous jetons littéralement à terre, pour découvrir Fort Lauderdale mais surtout pour retrouver un peu de civilisation. C’est surprenant comme ce réflexe est constant. Et je me suis souvent demandée pourquoi nous réagissons ainsi au cours du voyage – que ce soit après quelques jours ou après une semaine en mer, la soif de la « terre » est la même? Ça m’amuse d’observer ce réflexe chez notre ami Flavien qui lui ne navigue que depuis une semaine…Donc cela ne semble n’avoir aucun rapport avec la durée du voyage!? Bon, cela tient peut-être au fait que la cambuse est vide d’aliments frais à ce jour, mais qui n’adore pas les cannellonis en boîte, je vous le demande??
Ainsi, nous découvrons Las Olas, le quartier le plus cher de Fort Lauderdale en bord de plage à l’Est, jonchée de bars et de restaurants que nous testons. La plage est belle, longue et … publique ce qui vaut d’être mentionné. A l’ouest le Las Olas boulevard est animé de boutiques luxueuses, bars latinos et restaurants de cuisines du monde jusqu’à la vielle ville .
Sur les indications de Christel, notre amie depuis les Canaries, nous rencontrons Fabrice, Laurence et leurs enfants très sympas qui tiennent une boulangerie « Chez Nanou » derrière la Marina : première quiche et croissant aux amandes depuis longtemps, quel délice ! Et je ne parle même pas du sandwich provencal et de ses saveurs de France jusqu’ici oubliées.
J’apprécie beaucoup les « vieilles bâtisses et la promenade le long du canal du centre historique de Fort Lauderdale. La ville, traversée en son centre par le New River qui croise nombre de canaux et donne sur les ICW, est surnommée « la Venise de l’Amérique » ! En marchant le long de la rivière nous ne savons pas encore que nous viendrons ici avec Takoumi dans quelques semaines…
Pour l’heure, notre copain Flavien se prépare à nous quitter … mais non sans nous faire profiter d’un « WE à la mer ». En effet, après une rude semaine à bord, nous partageons une nuit dans un hôtel Beach resort – a dix minutes de marche de Takoumi! Nous en avons profité : lit confortable, douche, piscine, plage, piscine, piscine, douche, douche et mega petit dej avant de nous quitter.
Alors….pourquoi le mouillage le plus cher du monde?? Parce qu’a Fort Lauderdale, les associations de riverains de cette petite Venise ne souhaitent pas voir de bateaux à l’ancre devant chez eux pour peu qu’ils soient mal entretenus…Alors elles ont obtenu des interdictions presque partout et il y a encore moins d’options pour ensuite rejoindre la terre en annexe! Conclusion le mouillage sur bouées très très coûteux (à 40 $ par jour) de Las Olas City Marina est de loin le moins cher de la ville. La seule alternative un chouïa plus économique est de jeter l’ancre de l’autre côté du pont, le Las Olas bascule bridge et vous pouvez utiliser le dinghy dock et services de ladite Marina pour 20$ par jour – mais de 8h à 16h30 seulement !! Mais alors, pourquoi sommes-nous venus à Fort Lauderdale ??? Voilà la vraie question !
Floride flâneries
La saison passée, la descente des îles de Floride avait été menée tambour battant pour cause de retard sur le planning de navigation. Cette année, nous quittons Key West avec la ferme intention d’en profiter et de découvrir de nouveaux endroits.
Comme annoncé, le premier jour de la remontée est exempt de vent. La bonne surprise viens de l’absence de pluie … elle aussi prévue.
C’est ainsi que nous rejoignons presque intégralement au moteur notre première étape. Le sanctuaire de Looe Key, un reef en limite de hauts fonds au large des Big Pines Key où l’année dernière nous avions eu peine à trouver un ancrage. D’ailleurs, ce champs de bouées en pleine mer n’est pas notre objectif d’origine, mais comme nous sommes désireux de profiter le plus possible du sanctuaire marin, nous nous y installons pour la nuit au prétexte de poursuivre notre exploration du récif au lendemain matin.
Si la mer salue notre décision en nous accordant une nuit confortable et peu agitée, le ciel nous punis de notre témérité en déchaînant au dessus de nos têtes la foudre et les ondées et je ne peux m’empêcher de penser que cette nuit d’orages est une bien singulière mise en jambes pour notre invité. Au moins les travaux entrepris au Panama ont-ils portés leurs fruits dans la mesure où la cabine avant reste désormais sèche.
Nous y faisons de belles rencontres avec la faune, car si le récif est peuplé de poissons coralliens, il héberge aussi au moins un requin de taille raisonnable ainsi qu’un poisson géant (ou Mérou Goliath) auprès duquel un nageur humainement proportionné se sent immanquablement tout petit, vraiment tout petit !
Je conserve de l’étape suivante, qui nous mène à Marathon, l’image de grandes étendues d’algues couleur rouille-orangée qui, jusqu’au plus prés, ressemblent à si méprendre à d’improbables langues de sables où les oiseaux viennent se reposer. Persuadé de courir à notre échouage, j’en évite un nombre certain avant de me rendre compte qu’il est tout à fait possible de les traverser.
L’escale, au sein du champs de bouées de la marina publique, est un havre de paix. Le plan d’eau est calme et l’excellent restaurant « Fisheries » subvient à nos besoins solides et liquides dans un décors de fin d’après-midi baigné par les derniers rayons du soleil couchant.
Globalement une merveilleuse escale, si ce n’est l’accès trop peu profond du bassin : Si l’entrée se fait sans douleur, mais avec un peu d’anxiété tout de même, la sortie est se montre nettement plus retorde et il nous faut 3 essais avant de trouver un cheminement compatible avec notre tirant d’eau … une épreuve stressante dont nous nous passerions volontiers au début d’une nouvelle journée.
Les locaux de la marina sont curieusement agencés avec une pièce d’accueil commune de la taille d’un entrepôt sobrement mais confortablement aménagé avec de nombreuses tables, des alcôves « télévision » équipées avec de bon fauteuils et d’autres zones réservées à la lecture.
Intérieurement, Manuela et moi sommes un peu chagrin de ne pas pouvoir en profiter plus longtemps, mais il en va des équipiers « terriens » comme des voitures de location : Il faut bien respecter le planning et les ramener en temps et en heure à l’aéroport 😉
Peu de choses viennent troubler notre navigation « brise Perkins » jusqu’au mouillage de Lower Matecumbe Key dont nous avions déjà profité l’année passée. Par contre, parfait exemple des souvenirs qui subliment les lieux visités, j’avais en tête une image très naturelle de cette côte alors qu’en fait, la petite portion de mangrove au devant de laquelle nous mouillons est très sévèrement encadrée par la civilisation.
Nous plaçons la journée suivante sous l’augure des manœuvres de marine « qu’il est bien d’expérimenter mais qu’on ne fait jamais parce qu’il conviens aussi de s’économiser » 😉
Comme nous disposons d’une paire de bras supplémentaires, autant en profiter pour établir le génois tangoné au portant que je regrette de ne pas avoir utilisé plus souvent et empenneler une seconde ancre au mouillage que je suis bien heureux de … ne pas avoir eu à utiliser avant.
Ce que je retiens de cette technique qui consiste à ajouter une ancre sur la chaîne de mouillage, c’est, dans notre cas présent, son inutilité … Nous bataillons et jouons les gros bras une heure durant dans un vent soutenu pour le voir radicalement mollir dans les minutes qui suivent la fin des opérations. Il y aura bien pas mal de pluie dans la nuit, mais rien qui justifie la mise en œuvre d’une technique de mouillage sensée maintenir fermement le bateau par 40 noeud de vent et plus de 10 mètres de fond.
Au moins pouvons nous dire avoir empennelé une fois au cours de trois ans de voyage, parce qu’en ce qui concerne le mouillage de Rodriguez Key, il est mal protégé, mal pavé, inintéressant et même pas joli.
Nous le quittons sans regret au matin pour pointer sur un superbe récif dont l’exploration nous distrait de ce mouillage utile mais pas inoubliable.
Cet arrêt de jour au Carysfort Reef étanche notre soif de paysages remarquables. A l’ombre d’un phare vieillissant semblant régner sur une étendue de brisants, la faune sous-marine se révèle extrêmement riche de poissons divers et colorés qui frayent entre les coraux.
Après un si bel endroit, c’est une grande déception qui nous envahit quand notre tirant d’eau nous interdit l’accès du Caesar Creek Inlet où nous avions repéré un mouillage au sein d’un étroit bras de mer entouré par la mangrove. La frustration double d’intensité quand le premier choix alternatif se révèle impraticable pour cause de bouées de mouillage présentes sur les cartes mais absentes dans la réalité. Nous nous décidons finalement pour un pis-aller acceptable le long de la côte atlantique de Elliott Key. Exposé à l’Est et au Sud, l’endroit ne paraît pas des plus serein mais se révèle tout à fait fréquentable en l’absence de vent et de houle, prodiguant au petit matin une mer d’huile comme nous n’en avions pas vue depuis longtemps.
Cette mer (presque) sans rides nous accompagne jusqu’à « No Name Harbour ». Cette escale est attendue car elle nous est conseillé par Sam, illustrateur et navigateur à New York, élevé pour partie en région parisienne et que nous avions rencontré au Panama en compagnie de son titi parisien de cousin. Souvenez-vous !
Toujours est-il que l’endroit, au sein du parc naturel de Key Biscayne, est ravitaillé par les corbeaux et nous décidons de compléter notre exploration en annexe.
La promenade est longue, plus que de raisonnable, mais elle nous amène à découvrir un banc de sable squatté par d’innombrables « party boat » qui s’amoncellent dans un même endroit, véritable maelström de coques en plastique, de bruits, de musiques et de chair aviné.
Qu’elle soulagement après cette vision populaire de découvrir à deux pas de là un bras de mer tranquille où s’ébattent paisiblement un couple de lamantins que nous avons tout loisir d’observer.
De retour à notre mouillage, nous filons profiter du restaurant et profitons du soleil couchant pour entreprendre une visite du parc assortie de l’observation des inénarrables raccoons (raton-laveurs locaux).
Nous repartons dès le lendemain pour emprunter les waterways. L’idée de traverser Miami par les canaux résonne comme une promesse de grattes-ciels gigantesques aux milieux desquels nous emprunterions un canyon de béton et de verre. Hélas, les canaux ne traversent pas la ville en son centre et sont situés plutôt loin derrière les ensembles urbains du bord de mer, ne laissant aux regards des passants qu’une succession de zones tantôt industrielles, tantôt résidentielles, bien moins impressionnantes mais intéressantes tout de même avec finalement un bon nombre de petites îles inhabitées où il ferait bon se poser si nous en avions le temps et le bateau approprié.
Une seconde journée consécutive dans les waterways nous amène jusqu’à Fort Lauderdale, port de débarquement de notre invité et présumée ultime escale du voyage de Takoumi.
Toutefois, comme « présumer n’est pas réalité », nos aventures ne s’achèvent pas vraiment là et de notre découverte de Fort Lauderdale au baroud d’honneur de Takoumi, il nous reste encore quelques belles perles a conter.
Florida – Nous voilà !
Salut. Moi c’est Flavien. Et la tradition c’est que, quand on a partagé la vie de Takoumi quelques temps, on fasse le blog à la place des proprios ! Alors, c’est parti.
Mon périple avec Manuela et Olivier ne commence pas sur l’eau… mais à l’aéroport de Miami, Floride.
On avait bien rendez-vous à Key West, mais, sans nouvelles des tourtereaux, je me méfie un peu. Vont-ils arriver ce soir ? Demain ? On avait bien convenu de s’appeler, mais l’horaire était… flou. En résumé, je ne savais pas où ils étaient sur les flots, et mon billet de Greyhound pris à l’avance pour être sûr d’avoir une place me semblait de plus en plus inutile à mesure que les aiguilles tournaient à la gare routière de Miami City. Ah oui, que je vous raconte ça… En fait, La gare routière de Greyhound de Miami City est au bout de la navette ferroviaire qui amène les touristes de l’aéroport jusqu’au gigantesque hall regroupant tous les loueurs de voiture, et juste à côté du terminal de trains Airport Station. Cependant, et il y a de quoi se tromper, ce n’est pas la station de bus dite « de l’aéroport ». Et donc, quand on prend un billet de bus sur Internet dont le départ est « Miami International Airport », et bien le billet n’est valable que depuis une miteuse gare intermédiaire indiquée nulle part depuis les terminaux ! D’ailleurs, le bus ‘longues distances’ fait environ 1km entre cette première station dite City et le quai de la gare de l’aéroport, mais le chauffeur demande quand même si personne n’est prévu pour s’arrêter là… Étonnant ce pays, des fois.
Revenons à nos moutons sur la terre ferme. L’heure de départ du bus passe, pas de nouvelles. Je préfère le laisser filer car, à l’autre bout, 260km plus bas, c’est un samedi soir super agréable dans cette ville de fête et de détente, et donc, il n’y a absolument aucun hôtel de disponible (à un coût raisonnable en tous cas). Et réserver un hôtel sur place à l’aéroport. Ça tombe bien, j’en avais repéré un super, que je pouvais payer entièrement avec quelques points Starwood, pile en face ! Hélas, dès le bus parti, je me mets à réserver une chambre sur l’appli, et, patatras : plus de dispo . Zut, ça commence mal c’t’histoire, me disais-je… Bon, heureusement, il y en a d’autres dans le coin, avec piscine, à distance raisonnable à pied : ça le fera. En arrivant dans ma chambre, surprise. Au déballage, tout est TREMPE ! Il faisait un orage lorsque j’ai pris l’avion pour Miami depuis Lisbonne, et TAP a très probablement laissé ma valise sous le déluge pendant un peu trop longtemps. Aie aie aie… Zut, ça commence mal c’t’histoire, me disais-je… Quoi ? Je l’ai déjà dit ? Ah, ben, vous voyez, ça se confirme ! Une fois la suite transformée en immense étendoir à linge, et toujours aucune nouvelle par WhatsApp ou autre, je me mets en quête d’un restaurant décent, et je tombe sur la cantine rendez-vous des chauffeurs Uber de tout l’aéroport : un boui-boui Cubain attachant où presque personne ne parle autre chose qu’Espagnol. Dès que mon media-luna frites arrive sur le comptoir, hourra, un numéro de téléphone satellitaire tente de me joindre ! Ouf, tout va bien, Takoumi et ses occupants arriveront à Key West dans la nuit ou au petit matin : on peut passer à la suite du voyage.
Me voici donc, le lendemain, à vouloir tenter de piquer une tête dans la piscine juste après une ration de pancakes. Las, le déluge s’abat sur la ville et une pluie torrentielle se déverse sur l’hôtel. Histoire d’aérer un peu la chambre séchoir et tenter d’accélérer le processus de séchage, j’avais laissé dès avant le petit dej la fenêtre principale grande ouverte. Vous imaginez comment j’ai retrouvé le canapé et les vêtements qui étaient étalés dessus en rentrant ? oui oui, c’est bien ça : encore plus trempés que la veille. Zut, ça commence mal c’t’histoire, me disais-je…
Puis tout s’améliora grandement, et presque miraculeusement. Dès le moment où je remis le nez dehors pour rejoindre à pied le terminal de Greyhound de Miami, le beau temps (humide mais ensoleillé) se mit à me sourire, et je ne vis plus de pluie durant la journée pendant tout le restant du voyage. Ce fut uniquement le soir ou dans la nuit.
Après un voyage en Greyhound ma foi très confortable et sympathique avec tous ces paysages divers et un énorme feu de bush sur le chemin, un Burger King avalé en quatrième vitesse lors d’une escale rapide du chauffeur à proximité de ce temple du Burger de grande consommation sur Islamorada, et une arrivée à l’aéroport de Key West, je me retrouve dans un Uber avec Jean, de Haiti, qui préfère 100 fois me parler français qu’Anglais pour me raconter sa vie dans son 4×4, il faut bien le dire, vraiment trop vieux et déglingué pour être encore en circulation ailleurs aux Etats Unis. Mais il aura quand même mes 5 étoiles et des compliments pour sa bonhomie et ses histoires sympa.
Je retrouve enfin Manuela et Olivier, presque par hasard puisqu’ils ne savent pas où j’en suis à ce stade, sur l’un des pontons du pourtant vaste ensemble de marinas de Key West Bight. Ils sont visiblement heureux de me retrouver, car la traversée depuis les îles Caymans, comme ils ne vous le raconteront peut-être pas dans le blog, fut apparemment mouvementée et tendue.
Pour fêter nos retrouvailles, Soirée tournée des bars ! On a tellement de choses à se raconter, et plein de trucs à découvrir comme le Schooner Wharf Bar, Captain Tony’s saloon qui est le plus vieux bar du coin apparemment, Duval street, une toute petite plage pour tremper les pieds dans l’eau, un restau de barbaque pour Olivier car, le Mahi Mahi, c’est bon, mais rien ne vaut un gros steak pour se remettre de tout ça !
En rentrant, on fait la connaissance de nos voisins de pont sur un voilier aussi, avec notamment un avocat suisse et l’avocat américain proprio du bâteau qui y vit dessus à l’année. On écourte l’échange car ils sont visiblement encore beaucoup plus pompettes que nous, et bien nous en a pris puisque nous entendons alors en ouvrant Takoumi que l’alarme de la cuve d’eau résonne. L’un de nous avait oublié de fermer l’eau, peut-être, et la pompe à eaux claires criait car le réservoir situé dans la quille allait déborder dans le bateau à ce rythme… Résultat, vidage d’urgence, mais en règle, dans le port, des eaux claires si on ne voulait pas patauger… tout ça avec le décalage horaire, l’heure avancée et l’alcool. Un bon début, finalement !
Comme prévisible, je me réveille aux aurores, pris par une grosse envie de me débarrasser des bières de la veille. Je sors par le hublot avant, cours aux toilettes qui sont quand même à facilement 300 mètres du bateau, et tombe presque nez à nez sur un tarpon qui devait bien faire ses 2.5m, tranquille dans le port au réveil ! J’arrive aux toilettes, et là, grosse surprise, c’est vraiment hyper propre. Presque trop, car, ils y vont avec de la javel pure, et, sans mentir, devant être le tout premier à rentrer dans l’endroit après le passage des nettoyeurs, je me suis brûlé les yeux aux vapeurs de javel. Expérience très désagréable, mais somme toute formatrice.
Le reste de la journée fut consacré à l’immigration officielle des amoureux dans les bureaux du CBP très sympathique cette fois-ci, à la recherche d’une pompe à pied pour l’eau du robinet dans Takoumi afin de ne pas réitérer la mésaventure de la nuit (je pense d’ailleurs que M&O la cherchent encore, cette pompe, à ce jour, car, tous les West Marine appelés ou visités avaient des pompes similaires mais jamais la bonne du bon côté ). Le lunch chez Caroline’s sur Duval Street nous a permis de voir un magnifique iguane qui semble habiter là, puis vint le moment des courses. Ce que je peux vous dire, c’est qu’on a fini avec BEAUCOUP de vins blancs différents. C’était pour une expérience scientifique, bien entendu… et un peu pour tester le côté « beurré » de chacun des Chardonnay trouvés qui auraient pu devenir un vin préféré).
Une course de Tortues plus tard, nous finissons par un dîner tranquille près d’un bateau de pêcheur très… macho … avec tous les ustensiles intégrés pour se mesurer les poissons et les comparer.
Pour ce 4ème jour, notre départ de la Marina était prévu à 9h. Pas plus. Et donc, nous sommes bien partis à l’heure… à 11h30 ! Ma première journée de Nav sur Takoumi 2 fut très calme. Des températures élevées, principalement au moteur, car, à la voile, on se traine. On fera difficilement une pointe à 5 nœuds avant de retourner vraiment au calme trop plat. Somme toute, pour moi, un très bon moyen de me remettre les mouvements de bateau dans le cerveau, et éviter le mal de mer pendant tout le temps sur Takoumi.
Une décision de dernière minute est prise : nous nous arrêterons à Looe Key Sanctuary, et ce fut une super idée. Le soleil déclinant, on se met au mouillage le plus rapidement possible, on monte l’annexe, et on part pour un snorkeling vraiment génial. Un nombre incalculable de types de poissons différents nous attendent, et c’est assez magique. Olivier écourte assez rapidement sa baignade pour nous suivre en annexe dans les méandres du shoal, et bien lui en prend puisque Manuela fait la rencontre d’un requin qui lui fait écourter sa découverte du coin, et la mienne par la même occasion. Un peu trouillard, quand même, le gamin…
5ème jour: Nous avons passé la nuit au mouillage, très peu protégés sur ce shoal. Nous nous sommes d’ailleurs fait encercler par les orages de manière très impressionnante un bonne partie de la nuit, mais sans soucis. Au réveil, le temps était très beau et deux bateaux de plongée nous rôdaient déjà autour. Le petit plouf de Manuela du matin dans ces eaux cristallines fut bref. Elle pensait avoir vu quelque chose. Un Lametin par exemple ? Peut-être encore un requin ? Prenant notre courage à deux, on saute tous les deux pour faire une vraie rencontre. Un ENORME « Jewfish » s’abrite du soleil sous le bateau. Et il est plus long que bateau n’est large ! Nous on en mène pas large, car, bien que ce Mérou géant nommé Goliath Grouper en Anglais soit un poisson, franchement, ce n’est pas rassurant de nager près d’un truc vivant bien plus gros et grand que soi… Nous allons donc plus loin, en annexe, mais pour une assez courte durée à cause de méduses.
Nous partons alors direction Marathon. Après une navigation correcte, pas mal à la voile, nous vivons une arrivée tendue dans le port de ‘City Marina’ avec notre quillard. Très juste sur les fonds, cet endroit a de plus subi de plein fouet l’ouragan Irma, comme en témoigne l’une des marinas que nous traversons et qui est encore totalement détruite, immeubles et pontons, et laissés à l’abandon. Après la tension de l’arrivée au mouillage dans un fond parfois limite et assez mal documenté, mais qui passe avec notre tirant d’eau de 1m75 somme toute assez faible pour un quillard, nous passons une super soirée agrémentée d’un magnifique coucher de soleil sur le Golfe du Mexique à Keys Fischeries, avec un festin de pinces de crabe a 3usd pièce. Un régal. Une bonne musique, une bonne ambiance : cet endroit est vraiment à recommander. Beaucoup de bières, et comme Olivier n’aime pas crabe, on goûtera presque toutes les spécialités de la carte dont des Sushi, et enfin le traditionnel Key lime pie, ma fois très bon, bien que très… riche ! Comme les WC de la Marina ferment la nuit, on se hâte de conduire l’annexe à travers le dédale de bouées jusqu’à Takoumi, pour passer une nuit que nous trouverons hyper calme à la bouée par rapport au mouillage en mer de la veille.
Après une tension plus que palpable au départ de la Marina de Marathon à cause de la hauteur d’eau encore moins grande que la veille dû au fait qu’on a un peu trop trainé, laissant à la marée le soin de nous stresser un peu, nous pouvons l’affirmer pour ceux qui veulent s’y aventurer: il faut prendre au plus proche des bouées blanches de délimitation du haut fond (shoal) pour passer ! Le pont en lui-même n’est pas un souci. Cette tension très forte restera jusqu’au moment de hisser les voiles, où tout se décantera. Ouf. On finira par avoir un bon vent, mais à devoir surtout le remonter. Combiné avec les vagues et le courant, il nous est en effet impossible de tenir notre cap idéal au près. On fait des bords, une bonne demi-douzaine, puis on triche en s’aidant au moteur pour voir, puis on garde la grand-voile et la voile d’Artimon seulement pour bénéficier des 2 forces combinées. Ce sera probablement pour moi la journée la plus passionnante pour le réglage des voiles, de l’allure, et des ajustements de tout le voyage. Arrivés au chenal du pont (nommé simplement Channel 5, et bien qu’il n’ait rien à voir avec le parfum homonyme), le passage est très sympa sous ce pont, pour aller du côté Golfe du Mexique, mieux protégé, et nous permettant de mouiller face à la mangrove. Cet endroit se révélera cependant être une autoroute à dingos de la pêche qui fusent dans tous les sens autour pour passer sous le pont vers l’Océan à partir de très tôt le matin.
Le 7ème jour sera en fait une courte journée de nav, principalement en vent arrière ou à 120 degrés (autrement dit le « bon plein » au tribord amure), mais avec beaucoup de vagues. Donc on ne mettra pas de grand-voile et on montera le tangon qui n’avait probablement pas eu à être utilisé depuis quelques temps car il a fallu procéder à un bon dégrippage bien intense au magique WD40. Notre arrivée au mouillage derrière Rodriguez Key fut assez singulière. Un énorme vent avec lequel il fallait lutter semblait vouloir nous empêcher de nous ancrer. Pour être sûrs de l’accroche, Olivier a décidé d’empenneler (2 ancres sur la même chaine), ce qui fut un vrai challenge! D’abord il fallut dégripper le mousqueton de la seconde ancre à l’aide de plusieurs outils, le changer par un nouveau, puis trouver une astuce pour mettre la seconde ancre sur la même chaine dans ce temps et alors que la première était déjà sortie avec 20 mètres de chaine. On s’est fait les biscottos avec Olivier, ça c’est sûr ! (mais on y est arrivés, ça n’a pas bougé d’un iota, et on n’en est pas un peu fiers). Ce fut donc la journée la plus technique de toute mon aventure.
La soirée puis la nuit ne furent que grêle, orage, et pluie intense, de sorte que les coffres de voiles étaient replis d’eau au petit matin, et ont arrosé tout le cockpit à la première cigarette d’Olivier !
Ce 8ème jour est marqué par un réveil matinal à 7h car le temps est prévu incertain. C’est même potentiellement la pire journée de la semaine. (Photo pano). Pour s’y préparer, je fais des pancakes et tout le monde se régale. Le vent est encore et toujours très fort à cet endroit, et le décrochage de la seconde ancre sur la chaine s’avère presque aussi compliqué que la pose. Cette expérience intéressante se soldera par une sortie en annexe pour finir par décrocher depuis l’extérieur cette ancre pleine de vase et la ramener en faisant le tour. Départ à 10h45 au final, avec 2 ris dans le génois et 1 dans la Grand-Voile, et sans monter la voile d’Artimon. Le Vent est alors favorable et on est très régulièrement à plus de 6 nœuds… Hourrah ! Mais seulement jusqu’au « Cannon Patch » où on a « perdu le vent » vers 13h. Donc, moteur jusqu’à une destination que je ne connais toujours pas à ce stade puisque je suis tenu à l’écart de la quasi-totalité des discussions de route. Moussaillon n’est pas cap’tain :-). A l’arrivée une superbe surprise au phare de Carysfort Reef: c’est un véritable aquarium ! Des fonds mauve, jaune, violet, vert-bleu, beige; plein de voiles de coraux; et des espèces de poissons de toutes couleurs dont certains que nous n’avions jamais vus ailleurs auparavant. Encore mieux que le précédent mouillage snorkeling. 2h pour manger, s’en mettre plein les mirettes, plonger et se laver: génial.
Et c’est reparti au moteur sous un temps toujours aussi exceptionnel pour … la pire journée prévue par la météo. En résumé, la météo se sera trompé sur presque toute la ligne pendant toute la durée du périple, et on se retrouvera à ne presque jamais pouvoir compter sur ce qui avait été annoncé.
Une partie de pêche est improvisée avec les moyens du bord (photo de Manuela qui appâte les poissons au riz de la veille, a 4.5 noeuds de vitesse), mais elle sera malheureusement totalement infructueuse avec 2 appâts différents. J’aurais bien aimé manger un mahi mahi frais moi aussi !
Pour finir la journée, direction le Canal Ceasar Creek: ça passe pas. Impossible donc d’aller plus proche de la terre ce soir. Donc on se replie sur Caesar Reef où 2 bouées d’amarrage devraient nous attendre: rien. Puis sur Ajax Reef, à la bordure de l’Atlantique où des hauts fonds et des épaves nous attendent … mais là encore, toujours aucune des bouées indiquées par Active Captain 🙁 aïe. Et il commence à se faire tard. On se rabat donc, au moteur, vers l’endroit le plus proche des côtes qu’on puisse atteindre avec notre quillard, sans vraiment pouvoir profiter de ce qui est devant nous puisqu’on finit le mouillage vraiment aux dernières lueurs du soleil, notamment à cause de Georges qui a décidé plus tôt de faire des siennes.
9eme jour : On a réparé Georges !
Réveil féerique face à la mangrove au lever du soleil : on a vraiment bien fait de mouiller la, dis donc ! Je me laisse aller pendant de longues dizaines de minutes (my god, ça faisait longtemps !), j’écoute la nature, puis plouf : plongeons et nage dans une eau totalement plate avec ZERO vent… Ce qui n’est pas sans problème bien entendu pour la navigation à la voile !
Avant de partir, tour du bateau à la nage pour vérifier que tout va bien, puis, on a réparé George ! Ah, vous ne savez peut-être pas, mais Georges c’est le copilote. Et franchement, c’est probablement lui qui bosse le plus sur le bateau, … et qui picole le moins. Mais bon, de temps en temps, il mange un peu de relais électrique, juste comme ça. Il suffit de le savoir, et d’acheter autant de relais de rechange que de boites de pancakes…
Départ donc à 9h40, tranquille, car le vent, censé se lever à 9h, a préféré rester couché ! PETOLE.
Rien. Nada.
A part des fonds super transparents dans le Hawker Channel, et pour une fois un bateau moteur qui ralentit en nous croisant pour faire moins de vagues, chapeau bas ; – RIEN. Même pas de dérive !
Du coup, j’ai pu tenter d’optimiser les paramètres du client Wi-Fi à bord, que l’on testera probablement dès ce soir, dans le prometteur port de ‘No Name Harbor’, dont on n’a entendu que du bien. A l’arrivée, on mouille avec vue imprenable sur les sympathiques maisons sur pilotis qui constituent No Name Key, et on part en repérage. Déception ! Ce n’est clairement pas ici qu’on va faire des courses car il n’y a rien d’autre qu’un restaurant et des pelleteuses pour remettre en état cette partie dévastée du Park national Biscayne. Nous irons au restaurant le soir, après la cohue, mais en faisant la queue car cet endroit a l’air très réputé pour ses poissons ENORMES servis frits. Appétissant, mais franchement, beaucoup trop gros pour des Européens.
Bredouille de courses, on décide d’aller voir un peu plus loin en annexe. Nous voici donc partis faire des kilomètres au milieu de maisons hyper classes, toutes avec leur bateau au bout de la piscine à débordement et des vues à couper le souffle, qui sur Miami, qui sur les Keys, et on finit dans des culs de sacs à faire demi-tour. Mais le plus sympa est quand même de se retrouver au calme avec des Manatees (Lamentins) autour qui font leur parade de l’amour… y en a qui ont de la chance, franchement.
Et c’est aussi là que j’ai découvert un phénomène incroyable : les fêteS sur l’eau. Le concept c’est d’arriver avec son bateau au plus proche d’un très très haut fond, limite affleurant comme le montre la vidéo ci-dessous, et de sortir les bouteilles, mettre la sono à fond, et déconner ou pas avec les voisins sur des bouées gigantesques. Une ambiance très particulière qui donne vraiment envie de venir habiter là avec un bateau et d’y participer, juste pour le fun !
Avant de rentrer sur Takoumi et après le restau, on a fait une balade digestive dans le parc, durant laquelle on a, pêle-mêle, écrasé des centaines de scolopendres qui sont partout par milliers, donné des chips à manger aux ratons laveurs (enfin, Manuela surtout car moi je déteste ces caractériels sans gêne qui piquent généralement tout ce qui les intéresse à coup de pattes avant genre boxeur), et un pêcheur qui fait une pêche miraculeuse de langouste avec son hameçon pris dans l’une des antennes, et qui la relâche volontairement juste sous nos yeux après avoir fait la photo!). Après le coucher du soleil, on refait le monde encore une fois, et surtout, on décide de ne pas rester là car, en fait, No Name Harbour ne méritait vraiment pas de nom
Le 10eme jour constitue pour moi l’une des plus importantes découvertes du séjour : les ICW.
“The Intracoastal Waterway (ICW) is a 3,000-mile (4,800 km) inland waterway along the Atlantic and Gulf of Mexico coasts of the United States, running from Boston, Massachusetts, southward along the Atlantic Seaboard and around the southern tip of Florida, then following the Gulf Coast to Brownsville, Texas. Some sections of the waterway consist of natural inlets, saltwater rivers, bays, and sounds, while others are artificial canals. It provides a navigable route along its length without many of the hazards of travel on the open sea.” Alors, ça, vraiment, pour moi, ça vaut le déplacement. Une sorte d’autoroute parallèle à l’Océan, ininterrompue depuis Boston jusqu’au Texas ? Wow. Et en plus, c’est franchement hyper agréable à naviguer, et en tout cas entre Miami et Fort Lauderdale qu’on a fait avec Takoumi en passant de très nombreux ponts à bascule qui tantôt sont à heures fixes (pour la plupart) et tantôt à la demande, c’est top. Ce n’est en général qu’entre 7h et 19h, mais on peut déjà en faire des miles comme ça chaque jour.
Ce jour là fut aussi marqué par une rentrée mouvementée dans le chenal principal de Miami, un appel de Police pour nous signifier que, bien que totalement libre de toute activité le « Government pass » était fermé, et donc qu’on devait faire tout le tour et perdre facile 30-40 minutes au moteur au lieu d’aller tout droit jusqu’au premier pont à bascule de l’ICW pour nous, et la découverte d’îles intérieures à la baie vraiment très très agréables à regarder.
Nous avons navigué jusqu’à Hollywood ! Si si. Je vous avais dit que l’ICW allait loin !!! Bon, OK, c’était Hollywood, Florida tout plat, pas en Californie avec plein de collines. Le mouillage était bizarre car il n’y avait absolument personne sur les bateaux autour. Notre sortie en annexe pour aller chercher du pain frais (il faut son petit confort) s’est terminée en grosse saucée en annexe, et on est donc passé par la case Bar sympa face à l’océan pour sécher avant d’aller dans un très bon restaurant Péruvien.
Le lendemain, nous lèverons l’ancre pour continuer notre périple devenu un remake des balades en péniche sur le canal du midi, sauf que, dans le Sud de la France, ça manque quand même un peu des baraques à plus de 10 millions de dollars qu’on a pu croiser sur la route, et des bateaux qui chargent d’autres bateaux pour traverser l’Atlantique sans toucher un seul poisson au passage !
C’est là que s’arrête ma narration.
Merci beaucoup Manuela et Olivier pour cette super tranche de vie, toutes ces découvertes et ces bons moments passés ensembles. Et bon vent Takoumi, puisque je ne te reverrai probablement plus : ce fut un immense honneur et un très grand plaisir !
La clef des Keys
La première fois que nous avons découvert Key West, c’était par la terre voilà 7 ans de ça et nous avions détestés … Surpeuplée et bruyante, nous avons fuit illico presto pour retrouver le calme et la sélénite d’Isla Morada, une autre île des Keys.
Autre temps, autres mœurs et autre point de vue. Lors de notre passage par la mer à Key West l’année dernière, nous avons re-découverts et enfin visités un village animé, confortable et accueillant. Seule grosse ombre au tableau de cette escale, les mouillages éloignés du centre et des commerces ce qui combinés avec l’annexe à rames nous avait un peu fait galerés et parcourir d’innombrables yards (la mesure de distance pédestre impériale) de routes vides et désolées.
Cette année, a l’issue d’une dernière nuit de navigation compliquée, nous avons optés pour le confort de la Marina afin de préparer au mieux la remontée des Florida Keys et accueillir le plus confortablement possible un invité désireux de partager quelques bords à bord avant notre ultime escale prévue à Fort Lauderdale.
Cette option, dispendieuse s’il en est, nous révèle enfin Key West telle que nous l’avions toujours espéré : accueillante et facilement accessible. L’accès direct aux douches et magasins ainsi qu’aux innombrables bars et restaurants transforme l’expérience que nous avions de cette petite ville balnéaire pour en dissiper les nuages qui assombrissaient notre soleil d’explorateurs.
Même les formalités, généralement rebutantes, deviennent « presque » un plaisir grâce à la bonne humeur de l’officier qui nous reçoit … l’un après l’autre, car il est interdit de pénétrer le bâtiment du « Customs and Border Protection office » avec un téléphone portable.
Dès le premier après midi, nous accueillons donc Flavien, notre invité, qui remontera vers le nord avec nous. Seule ombre prévue au tableau de ce périple, la météo s’annonce calme, très calme et … humide, voir orageuse. Qu’à cela ne tienne, même si le vent est absent, il reste le voyage.
Peter , Peter … c’est Wendy … es-tu aux courants ?
Au matin du départ de Grand Cayman, la météo reste incertaine et l’heure du départ repoussée petit à petit de 9h à 13h, non sans que ce retard ne soit mis à profit pour une sérieuse séance de nettoyage de l’annexe.
Finalement, nous quittons le mouillage presque simultanément avec les copains de Peter Pan, le sister-ship de Takoumi. En mon for intérieur, je souris de constater à quel point il est motivant de voir des amis appareiller : Il ne nous faut que quelques minutes pour décider de suivre leur exemple alors que la navigation qui s’annonce sera d’au moins 5 jours et que les tergiversations ont durées la matinée entière 😉
Nous naviguerons donc de conserve … moins d’une demi journée. En effet, William est convaincu que son salut est dans le Gulf Stream. Il a sans aucun doute raison dans la mesure où son objectif est de rejoindre le Mexique. Pour notre part, atteindre ce tapis roulant des océans requiert un détour de 120 milles dans l’ouest au minimum, à l’opposé de notre destination. Il nous faudrait un bonus de 2 nœuds par heure pendant 60 heures pour ne serait-ce que rattraper ce déficit et enfin bénéficier d’un bonus. Donc, comme Takoumi remonte bien au vent dans ces belles conditions, nous décidons de conserver notre route nord pour viser la pointe Ouest de Cuba … au plus court.
Et ce n’est pas sans un pincement au cœur qu’à 19h le jour même, nous constatons que nous perdons le contact avec Peter Pan quand Aurélie tente de nous contacter à la VHF … Sa voix hachée et presque inaudible ne nous permet même pas de savoir si elle nous entend. L’éloignement nous fait irrémédiablement perdre le contact et plusieurs tentatives d’appels les jours suivants n’y changeront rien.
Le jour suivant, toujours dans des conditions idéales, Manuela s’en prend de nouveau aux poissons qui peuplent ces abysses. La partie de pêche se solde par une victoire éclatante de ma co-capitaine qui nous remonte une dorade coryphene de pas moins de 76 centimètres !
Belle prise, mais pas sans contrepartie … au cours de l’affrontement, défendant âprement son déjeuner, Manue perd l’équilibre et effectue une galipette involontaire et incontrôlée qui l’amène cul par dessus tête du pont arrière au fin fond du cockpit, plus d’1 mètre en contrebas sans jamais lâcher sa canne.
Nous pouvons en sourire a posteriori, mais sur l’heure, je n’en mène pas large. Quand j’assiste à la culbute, je vois ma féroce moitié rebondir d’un banc à l’autre et je crains qu’elle ne ce soit brisé le cou. Mais Manuela n’est pas que volontaire et déterminée, elle est aussi implacable et se relève derechef pour terminer et remporter la lutte.
Elle en sera quitte pour quelques semaines de douleurs et de séances pommade-Voltarene. J’hésite beaucoup à faire la blague « Franchement, la connaissant, si j’avais du dire qu’il s’agissait d’un accident, qui aurait pu me croire ? », mais le coup est passé si près de la punition que je n’en ai pas le cœur.
Ceci dit, madame dorade ne perd pas complètement la bataille, par delà son trépas et notre délicieux déjeuner, elle nous expédie aux toilettes réfléchir à notre crime.
Nous laissons ces événements, et l’inconfort intestinal, derrière nous la journée suivante pour un autre temps notable de notre traversée. Comme nous nous retrouvons harassés par la chaleur et encalminés dans une grosse bulle sans vent, nous entreprenons l’activité baignade en pleine mer. Je ne laisse pas passer cette chance car je sais que c’est l’une de nos dernière occasion de vivre ces instants intenses de se baigner loin de tout et surtout du fond de la mer à plusieurs kilomètres sous nos pieds. C’est toujours un moment mélangé d’excitation et d’inquiétudes dont nous ne lasserons jamais.
Aucune mauvaise aventure ne vient perturber ce moment de bonheur et nous reprenons notre route rafraîchis et disposés à batailler avec le vent d’Est qui nous cueillera dès que nous aurons dépassé la pointe de Cuba.
Justement, la pointe Ouest de Cuba me réserve une surprise. Nous y étions passés de nuit lors de notre descente et j’avais imaginé une côte accore dessinée par des falaises rocheuses. De fait, je me suis bien trompé et le véritable paysage se révèle être une plage tout ce qu’il y a de plus caribéenne avec son décor arboré … légèrement décevant. Je souris encore de cette méprise due à mon imagination et me demande s’il vaut mieux ne pas revenir sur ses pas et conserver intacts les mythes forgés par notre imagination et les circonstances du moment.
Cette étape franchie, nous entamons notre bord final de remontée vers Key West, face au vent et aux vagues que l’Atlantique amène jusqu’au golfe du Mexique.
Bien que les conditions soient un peu plus difficiles, je goûte avec bonheur chaque instant de ce qui devrait-être nos deux ultimes journées de navigation réellement hauturière et, surplombant le pont de Takoumi et la mer, je me laisse aller par moment à la mélancolie nostalgique d’une aventure qui touche à sa fin.