Le voyage de Takoumi

Saison 3

Archives par auteur: Manuela

Ave César (ou guide des Canaries volet no. 1)

Nous étions si heureux d’arriver à Lanzarote que nous nous sommes lancés à la découverte de l’île dès le lendemain.

Contre toute attente, tout est simple pour une fois: l’organisation du tourisme ainsi que l’accueil des bateaux du puerto Naos sont fluides. A cinq minutes de notre poste d’amarrage nous discutons longuement en Français avec l’office du tourisme. Nous réservons même une voiture à l’entreprise qui partage leurs bureaux – en français également, c’est bien la première fois que cela nous arrive depuis notre départ!

Notre Seat Ibiza est taguée Gran Canaria et en deux jours, nous nous rendrons compte que la plupart des véhicules circulant sur l’ile sont des voitures de location – ainsi marquées du nom de l’une ou l’autre des îles de l’archipel. Mais avant de pouvoir nous échapper à terre, nous perdons néanmoins une demi-journée à rétablir le courant en panne sur notre panne justement! C’est enfin « branchés » que nous prenons la direction de Yaiza où nous déjeunons au milieu de champs de lave, et las montañas del Fuego, le volcan du Sud de Lanzarote.

 

Celui-ci a laissé des marques incroyablement futuristes dans un paysage qui nous parait lunaire et nous plaît beaucoup! Nous n’irons pas au restaurant du volcan mais avons pu observer la cuisson des cuisses de poulet sur les braises de pierres volcaniques. Le trajet valait la peine même si la visite du volcan en elle-même organisée en 30min en grand car touristique était un peu décevante.

PENTAX Imae

Ensuite, nous allons voir El Golfo, petit village pittoresque et Los Hervideros, plage noire et lagon vert très surprenant. Plus loin le long de la route nous découvrons des falaises parsemées de passages et d’orifices d’où l’on admire sans voix la force des vagues qui circulent au travers de ce labyrinthe rocheux naturel et qui se brisent bruyamment.

 

Malheureusement il est encore tôt alors nous repartons vers Playa blanca où nous dînons en bord de mer. Cette partie de l’ile est un peu trop touristique et « balnéaire » pour nous qui n’avions pourtant pas eu la sensation « d’en être » depuis le début de la journée. Enfin, ce fût une belle journée!

 

 

 

 

 

 

Le lendemain, départ matinal pour visiter le nord de Lanzarote en commençant par la Fondation César Manrique à Tahiche. Il s’avère être le père fondateur de la politique architecturale de l’ile ainsi que le créateur de quasiment toutes ses attractions touristiques….Nous finirons d’ailleurs plus tard par vérifier sa biographie, Olivier spéculant rapidement que César devait avoir un ami au gouvernement pour avoir eu une telle influence sur Lanzarote! Je vous laisse deviner ce que l’on a découvert… La population paraît très fière de cet artiste architecte qui nous offre de très belles œuvres comme cette maison qu’il a construite et habitée au centre d’une impressionnante coulée de lave. Elle est très belle!!!

PENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX Image

Nous visitons ensuite : le jardin de cactus, les juegos del agua et le Mirador del Río donnant sur l’ile Graciosa, toutes des créations de….ben tiens, César Manrique! Nous avons bien failli nous perdre d’ailleurs, en visitant la grotte en souhaitant nous éclipser du chemin touristique guidé….Heureusement nous sommes rattrapés par un autre groupe pour nous rendre compte que la visite est en fait une boucle – tout droit nous aurions parcouru 7km et serions arrivés très très loin du parking où nous nous étions garés!

PENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX Image

Nous partons juste à temps du mirador, en quelques minutes une brume épaisse et grisâtre envahit les falaises et le chenal entre les deux îles laissant les derniers arrivés un peu penauds devant un paysage très opaque et sans intérêt…

Nous finirons la journée par la visite de Haria et de Téguise, jolis petits villages accueillants.

PENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX ImagePENTAX Image

Rentrés de nos excursions terrestres, les deux derniers jours à Lanzarote sont consacrés au bateau – eh oui, il faut réparer le frigo tout de même! Là aussi le service est bien organisé alors que notre dernier souvenir remonte à l’expérience inefficace mais bon marché de Palma de Majorque. Ici, c’est l’inverse: efficacité, le frigo est réparé en 24h mais le service est très cher….Les pièces que vous voyez sur la photo nous auront couté « bonbon » comme on dit! Enfin, nous aurons le plaisir de déjeuner avec Chris et Pat à bord de leur Lagoon 410 « Okeanos » avant notre départ de Lanzarote à Gran Canaria prévu le lendemain.

PENTAX Image

Voyage à Málaga

Après deux semaines d’escale à Alicante, nous avions à la fois hâte de reprendre la mer et une légère appréhension sans doute liée à notre dernière nuit en mer…Mais la conclusion à laquelle nous sommes arrivés est que cette appréhension est normale, saine – elle nous rappelle qu’il faut rester vigilants en mer et en voyage, malgré les habitudes que nous prenons depuis bientôt 4 mois. Ainsi dès notre départ je reprends ma canne à pêche pendant qu’Olivier s’amuse à régler nos voiles au millimètre près! Nous avons du vent, il n’y a pas de houle et Takoumi marche super bien en fait ?. Nous retrouvons vite notre sérénité et le bonheur de naviguer. Parce que c’est un réel bonheur la plupart du temps hormis toutes les péripéties que nous vous relatons, vraiment!
Heureusement, la pêche est bonne et nous apprécierons un maquereau espagnol tout frais pour le dîner…Ensuite, la nuit est calme, très calme, trop calme: une mer d’huile comme j’en ai rarement vu! C’est sans doute pour cette raison que nous retrouvons aussi « nos copains les dauphins » qui profitent à plusieurs reprises des vagues que seul Takoumi crée dans ce grand espace miroitant…En arrivant à Malaga, nous posons l’ancre devant la plage pour déjeuner et faire la sieste avant d’accoster au Real Club Mediterraneo pendant 5 jours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre les visites de la ville, je retrouve avec joie une ancienne collègue et amie avec qui nous passerons plusieurs moments. Pour l’anecdote, le premier jour elle nous a emmenés boire un verre sur une très jolie terrasse tout en haut de la ville à cote du Château. Mais sa fille étant malade nous convenons de « rentrer » et passer l’après-midi chez elle – après être passés chez le médecin. Il s’avère que le-dit médecin se trouve aux « Urgencias » d’une des cliniques de la ville – devant laquelle Olivier et moi nous retrouvons d’un seul coup, surpris et un peu inquiets…Je lui raconte rapidement pourquoi nous préférons-vraiment-ne pas l’accompagner et plutôt explorer le supermarché d’à côté…

L’après-midi chez elle nous ravit: fauteuils et canapé confortables, mais surtout le passage de divers enfants et membres de la famille avec qui nous conversons, partageons – un peu de leur quotidien, et beaucoup de notre aventure tout en mangeant des tapas et préparations maison que Montse nous fait goûter tout au long de l’après-midi. Accompagnés bien-sûr d’une très bonne bouteille de Rioja de sa cave personnelle. Nous aurons aussi l’occasion de voir son mari Antonio une paire de fois pendant notre séjour – mais jamais avec Montse – avec ses collègues venus de toute l’Europe qu’il reçoit justement cette semaine. Ces retrouvailles après plus de douze ans me montrent à nouveau combien le temps et la distance ne comptent pas. Je repars ravie d’avoir pu partager ces moments avec des personnes accueillantes, chaleureuses et entreprenantes. Nous avons également rencontré leurs deux enfants Antonio et Eva qui après la visite de Takoumi souhaite d’ailleurs repartir avec nous!

 

 

 

 

 

 

Quant à la visite de Malaga, j’étais subjuguée par la beauté de l’Alcazaba.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le musée Picasso est intéressant, sa maison d’enfance un peu moins mais le marché de la Plaza de la Marced est une belle expérience: nous y avons retrouvé le concept du « hawker center » que nous chérissons depuis notre voyage à Singapour : un grand espace cafétéria ouvert et mutualisé entouré de plusieurs petits stands/boutiques qui proposent des plats variés à picorer. Beaucoup plus cher à Malaga qu’à Singapour néanmoins mais parce que les produits sont frais puisqu’ils viennent du marché justement…Comme ils disent à Malte « Enjoy »!

Le Théâtre Romain :

 

 

 

 

 

 

 

 

Mueleuno et promenade dans la ville:

 

 

IMG_6260    IMG_6264  

Palma

Bon, notre arrivée à Palma marque le début de la série « urgences » que je me dois de vous raconter…en effet, m’étant blessée au cours d’une manœuvre d’enroulement de génois, la première chose que nous faisons à Palma est de visiter les urgences. Ce n’est finalement pas trop grave m’étant soignée à bord depuis quelques jours, la tendinite de la base de mon pouce s’est résorbée et il n’y a pas de complications- c’était la deuxième fois donc je tenais à faire une radio et récupérer une attelle adaptée. Voilà qui est fait! L’efficacité de la prise en charge à Son Espases, nouvel hôpital de Palma est assez impressionnante, 2 heures plus tard nous sommes déjà dans un taxi. Nous lui demandons de nous conduire dans un quartier « normal » de Palma où nous pourrons nous racheter shorts et chaussures et découvrons la rue Syndicat, le quartier des outlets près de la Plaza Major. Palma nous fera penser à Madrid à de multiples occasions en bien plus petit et moins « monumental » bien-sûr.

Nous essayons ensuite de nous organiser en Espagne: téléphone et carte 3G prépayés seront utiles durant les 2 mois qui viennent. Alors qu’en Italie nous avions réglé le problème en une heure, nous mettrons 3 jours avant de signer un contrat – les prépayés n’existent pas vraiment en Espagne et coûtent 2 à 4 fois plus cher qu’en Italie! Nous avons fait toutes les boutiques de téléphonie des 4 différents opérateurs de la ville (euuh, du pays?) avant de trouver la seule solution avec l’une des boutiques Movistar…expérience inoubliable mais terriblement frustrante pour nous deux ayant travaillé dans ce domaine!? Le vendeur avec qui nous avons passé 2 heures a fini par nous dire « adieu, ça y est c’est fini » – en français pour nous encourager à partir, enfin!
Mais j’avoue que nous connaissions plutôt bien Palma au bout de ce périple sans fin, et nous avons profité des bars à tapas et des shipchandlers autour du RCNP – le Real Club Nautico de Palma idéalement situé près de la Cathédrale et du quartier animé de Santa Catalina. Nous y rencontrerons un Franco-italien très sympa, émigré à Palma depuis 15 ans travaillant dans un bar qui nous rappelle Ménilmontant à Paris…Ils passent même de vieux albums de Gainsbourg – il s’avère que Salvatore a grandi à Paris près du quartier de Ménilmontant justement…
L’avant dernier soir nous y rejoignons également Manon et son mari pour une soirée très sympa et festive. Manon est la cousine de notre ami Hugues qu’Olivier retrouve après 20 ans et son mari Paul est écossais et capitaine aussi nous échangeons aisément. Après nous avoir questionnés sur ce qui nous ferait plaisir, ils nous emmènent dans un restaurant que nous ne sommes pas prêts d’oublier après presque 3 mois de navigation: la côte de bœuf et le bon vin choisi par Manon nous rassasient pour les mois a venir – merci les amis! Nous finirons la soirée en dansant avec Manon devant un groupe live dans l’un des nombreux bars du quartier.
IMG_6043IMG_6040IMG_6035IMG_6034IMG_6033IMG_6032IMG_6031IMG_6061IMG_6057IMG_6044IMG_6053IMG_6052IMG_6049IMG_6046

Nous voudrions repartir mais notre départ est conditionné par le retour d’un autre de nos 3 alternateurs que nous avons donné à réviser au garage Wally’s sur les conseils de Doris rencontrée sur notre ponton -elle est suisse et possède un Sharki comme nous. Elle vit à Palma et s’occupe de l’entretien de plusieurs bateaux. Nous aurons malgré tout quelque peine à récupérer notre alternateur auprès de Carlos qui, semble-t-il n’a pas besoin de clients et ne vient jamais à l’heure dite – au bout de 4 jours, notre alternateur revient révisé et en bon état – mais le régulateur est cassé! Nous convenons avec Carlos de partir le lendemain à midi au plus tard avec le régulateur qu’il dit être sûr de nous dénicher. Nous ne reverrons jamais Carlos – ni même pour lui régler la révision que nous lui devons…Service inefficace mais pas cher somme toute. Et bien que nous ayons prévu de quitter Palma ce jour-là, nous décidons de boucler notre séjour par une dernière visite aux urgences et ne partirons que le lendemain…Cette fois-ci c’est Olivier qui souffre malheureusement. Après analyses, nous avons heureusement le feu vert du « médico » et le traitement qu’il faut…Prochaine étape Formentera a environ 70 milles que nous rejoindrons en un peu plus de 18 heures. C’est une belle nuit d’éclipse (qui ne donne rien en photos 🙂 et enfin de retour en mer, j’en profite pour pêcher et attrape un magnifique poisson – je lance le débat aux connaisseurs : quelle est cette espèce ?

IMG_6063IMG_6071

Quelques images de notre arrivée à Formentera (Ibiza en face):

IMG_6077 IMG_6088

IMG_6080

 

…autour de Majorque

Notre arrivée à Mallorca dans la badia de Pollença…. se résume en images:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce mouillage dans la cala en Gossalba, notre refuge pour la nuit est des plus jolis et des plus calmes. Nous sommes seuls pendant quelques heures tant l’espace est réduit, aucun bateau n’ose s’y ajouter- mais un catamaran très moderne décide finalement de nous rejoindre. Nous observons la manœuvre très complexe pendant une bonne heure: l’équipage tout entier est mis à contribution pour porter une amarre à terre (à la nage, ils portent un câble autour d’un arbre sur la falaise :)) afin d’éviter tout mouvement du grand navire dans l’anse minuscule durant la nuit. Gigantesque…enfin, Takoumi paraît si petit devant lui…

 

 

 

 

 

 

Le lendemain nous naviguons au portant toute la journée pour rejoindre l’autre bout de l’île par le Nord. La houle nous porte jusqu’à des vitesses improbables – au-delà de 10 nœuds! Les dauphins nous rendent visite juste avant que nous pénétrions dans la passe entre l’ilot et l’île à feu de Dragonera – de grandes vagues nous permettent de « surfer » entre quelques amers, obstacles assez proches, c’est impressionnant! Et nous sommes très heureux de cette belle journée de voile. Nous prenons une bouée isla es Pantaleu un peu avant Andratx -elles sont encore payantes en cette fin de saison mais nous sommes ravis de dormir sans nous soucier de notre ancrage une nuit durant…L’eau est un peu trouble aussi je me rends compte que je deviens exigeante et décide de ne pas m’y baigner…

 

 

En effet, le dernier mouillage que nous rejoignons ensuite ensada de Santa Ponsa me donne raison – eau limpide et fin sable blanc. Qui plus est, nous pouvons enfin nous connecter de façon stable et en profitons pour mettre à jour le blog sur notre séjour à Minorque :).
Nous repartons reposés, heureux de ces quelques mouillages plutôt paradisiaques avant de rejoindre la « grande ville » de Palma.

De bon ton…

Ou devrais-je dire deux bons thons! Voilà qui est fait – Poisson: 1 Manue: 2
Ce sont de petits thons de 30cm, très voraces qui ne cessaient de s’attaquer à notre hameçon – nous en aurions pris une dizaine si nous savions que cette espèce est en fait très répandue en cette saison – et que ce n’étaient pas des bébés thons rouges,dont la pêche est interdite en dessous d’1m15…que ferions-nous d’1m15 de thon de toutes façons !?? Ceci-dit, l’expérience nous tente alors nous sommes décidés à nous rééquiper lors d’une prochaine escale. En attendant je m’entraine a les préparer donc qu’il mesurent 30cm ou 1m, je compte être prête! Nous avons dégusté notre thon a la tahitienne durant 2 jours avec grand plaisir – et une certaine autosatisfaction je dois dire?.

 

 

 

 

 

 

En route pour les Baléares, après deux nuits de navigation nous avons d’abord atteint la pointe sud-est de la Sardaigne à l’aube. Nous choisissons de jeter l’ancre dans la baie de Villasimius qui s’avère être un mouillage de rêve: sable blanc, eau turquoise, quelques sommets montagneux qui nous protègent du vent – et surtout le calme absolu.

 

 

 

 

 

 

 

 

Il ne fait pas très beau néanmoins nous avons eu du mal a nous résigner a repartir le lendemain. En effet, nous sommes contraints de traverser vers les Baléares assez vite si nous ne voulons pas rester coincés ici toute la semaine d’après la météo ….Nous avons longé toute la côte sud de la Sardaigne qui paraît splendide et entamé la traversée du golfe du Lion – plus de 260 milles, notre plus longue navigation à ce jour.

 

 

La mer était d’abord agitée, nous avançons bien a la voile, ensuite nous finissons sur une mer plate, un véritable miroir. Les couleurs sont magnifiques même si nous sommes au moteur. Le plus marquant de cette traversée est que nous n’avons croisé personne – nous nous sentions seuls au monde. Même le radar était « plat »…nous avons lu, dormi, mange, et encore lu, dormi, veillé mais sans trop d’action, le temps s’écoulait comme l’eau sous la coque, tranquillement. Entre la Sicile et la Sardaigne les dauphins sont venus nous rendre visite plusieurs fois. De nuit, au début du Golfe nous les entendions autour de la coque et les éclairions pour nous assurer que ces bruits étranges de vagues autour de nous venaient bien de nos compagnons de route. Ensuite, un peu avant minuit, j’aperçois un oiseau noir assez imposant voler très bas tout droit vers nos feux de navigation. Par réflexe je me baisse même pour l’éviter et le vois se heurter dans les haubans! Je retrouve et nettoie les traces de sa blessure sur le pont et bien qu’Olivier se moque de moi, je suis sure que c’était une sorte de faucon gigantesque et non une bête mouette qui s’est clairement loupée sur sa trajectoire – perturbant! La terre que nous toucherons en premier est Minorque qu’il nous tarde de découvrir le lendemain après-midi.

Quart de lune et quart de veille

Nous sommes partis de notre dernière escale, Marsala à 11h30 ce matin (5 sept.).
Il est plus de 4h et alors que nous avons avancé à 5-6 nœuds une bonne partie de la journée, après une heure de bataille, je viens d’abandonner et de mettre le moteur en route. Il résonne un peu trop fort dans mes oreilles. Je pense à Olivier qui je l’espère, arrivera à trouver le sommeil de notre cabine arrière située un peu trop près du bruyant engin…un tanker vient de nous croiser derrière sinon, il n’y a pas grand chose a craindre devant nous pour l’instant. D’ailleurs le dernier quart de lune est levé et la constellation d’Orion brille derrière Takoumi, haute et fière dans le ciel qui a fini par se dégager de vilains cumulus en début de nuit. Nous nous disions plus tôt que si la météo pouvait être sûre a 100% ce serait vraiment plus facile de prévoir notre route ?.

Il est 5h45, a la bonne heure je viens de dérouler le génois, choquer la grand-voile et Takoumi reprend tout doucement sa route en remontant le vent à seulement 4 nœuds…Nous ne sommes pas arrivés en Sardaigne à cette allure mais nous n’avons pas pris de rendez-vous alors rien ne presse. Et le soleil commence à se lever à tribord, c’est toujours un moment privilégié pour celui d’entre-nous qui prend deuxième quart de la nuit. Quant à la pêche, ma première grosse prise s’est retournée contre moi, l’énergumène a quand même réussi à embarquer une ligne de fil de 30 kg et l’hameçon « rapala » de compet’…Poisson: 1 Manue: 0. Je prendrai ma revanche soyez en sûrs ?!

Syracusa

Dimanche (23 août), aux environs de 20h nous jetons l’ancre dans Porto Grande à Syracusa. L’arrivée par le château d’Ortigia est très belle :

A l’approche, nous retrouvons tous les signes de la « grande » ville que nous avions quittée depuis Napoli. Bon finalement, après 2 jours de familiarisation avec Syracuse je découvre une très petite ville, bien tranquille en comparaison… Mais pour nous à ce stade du voyage, elle paraît immense : ne serait-ce que parce que nous trouvons -enfin – des poulies de rechange pour le génois (d’ailleurs recousu à Riposto grâce à notre super outil « speedy stitcher »), et surtout, nous apportons notre linge à nettoyer en machine s’il-vous plait – pour un prix tout à fait raisonnable. En effet, nous continuons de laver notre linge à la main depuis le départ faute d’avoir trouvé des services en escale et l’équipement adapté au bateau (espace et consommation). Force est de constater que le sel, le vent, les pendilles rouillées et peuplées d’algues qui dégorgent dans les ports ont eu raison de nombre de nos habits maintenant déchirés, recousus, attention mais tachés et parfois franchement drus au toucher… Vive le séchage avec adoucissant en machine industrielle! Au coin de la rue de la lavanderia maintenant chargée de nous rendre un peu de confort et peut-être même de prestance, nous louons un scooter pour faire le tour des sites de la ville: zone archéologique avec son théâtre grec (je ne m’en lasse pas), romain, la tombe d’Archimède que nous remercions, Ortigia, son Duomo, ses passages souterrains, ses nombreuses églises et trattoria perdue dans des ruelles étroites…

Mais également, en discutant avec le loueur du scooter, nous apprenons qu’il est en réalité médecin mais n’a pas assez de « clients » pour vivre de son métier. Il nous parle de la crise importante en Sicile, la corruption, l’absence de travail et de moyens de ses habitants…Nous avons beaucoup apprécié les échanges nombreux que nous avons eus dans cette ville jusqu’en milieu de semaine, lorsque nous avons le sentiment d’en avoir fait le tour et de nous être un peu reposés et remis de quelques émotions. Nous repartons en direction de la pointe de la Sicile et Malte. Après plus d’un mois nous avons hâte de quitter l’Italie et nous réjouissons de la perspective de rejoindre cette île, bien que faisant partie de l’Europe, au large de deux continents.

Taormine…en route pour Syracuse…

Apres une nuit de veille/nav’ écourtée par nos ennuis de pilote-alternateur, nous avons choisi un mouillage sur bouée plutôt qu’a l’ancre – eh oui, le guindeau qui nous permet de remonter l’ancre dépend aussi de la batterie moteur dont l’alternateur est défectueux!
Pour tout vous dire, j’avais repéré ce mouillage sur notre application fétiche -Navionics – parce qu’il est tenu par un Maltais se prénommant Georges susceptible de nous aider à faire des réparations…
Georges s’est avéré être un hôte extraordinaire et nous avons le sentiment d’avoir fait une véritable rencontre en ce début de long voyage. Il revenait de l’Atlantic Odyssey l’été dernier organisée par Jimmy Cornell dont nous feuilletons régulièrement les ouvrages depuis que nous sommes à bord. Il nous donnera plus d’un conseil quand à la traversée et nous encourage à contacter Jimmy-je le ferai sans doute dans les prochaines semaines.


Nous allons visiter Taormina et son Antique Théâtre Grec durant un des 2 jours que nous passons sur cette partie de la côte sicilienne – que je trouve assez belle parce que jonchée de roches et de petites falaises – et quelques abris qui se font rares en Sicile!

Le Théâtre de Taormina donne sur toute la vallée de l’Etna et la mer, situation géographique exceptionnelle, il continue d’accueillir des concerts classiques et consacrer les artistes depuis….Sophia Loren et bien d’autres avant. Cette pensée m’interpelle pendant que nous foulons le sol de cet endroit insolite.

Et à peine rentrés de notre excursion touristique, Georges nous a déjà organisé la suite des opérations à Riposto, porto dell’ Etna à environ 7 milles au sud de Taormina. Nous y resterons 2 jours – le temps pour Salvo de nous réparer le pilote (ouf!) et Leonardo de tout tenter pour nous réparer l’alternateur. Nous devrons néanmoins nous adresser au prochain port sensiblement équipé à Malte et – grâce a Georges – nous avons déjà un contact prévu a notre arrivée a la Valette ( à Malte, pas a côte de Toulon 🙂
Le port de Riposto nous a laissés un peu perplexes néanmoins, il a le potentiel d’une marina incontournable dans la région mais une erreur de conception le force à ne louer que la moitié de l’espace pourtant déjà tout-équipé: catways magnifiques mais qui se brisent à cause de vagues d’un mètre trente qui entrent dans le port prévu pour un mètre de débattement!??
En attendant nous avons beaucoup apprécié de participer a la XVI festa di la Pesca de Riposto (Giarre), première étape dans une ville « normale »sicilienne. J’aurai l’occasion de sentir a maintes reprises l’accueil plus que chaleureux de ses habitants malheureusement peu débordés par les clients.

Nous en repartirons ravis d’avoir un pilote en état de marche et de nos rencontres de ces derniers jours – Benoit et sa femme de la Grande Motte, la famille White d’Angleterre, Georges bien sûr , Salvo, Leonardo, Carolina, etc. Et contents d’avancer vers Syracusa notre prochaine escale – nous mettons deux jours de navigation au près très agréables en nous arrêtant pour la nuit au sud de Cathane -dans la baia de Iturchi : malgré une soirée confortable, il se révèle être un « mouillage pourri » , je crois en effet que nous sommes abonnés bien malgré nous :). Bof, on s’y fait finalement tant qu’on ne dérape pas…à bientôt Syracusa!

 

Jolies Eoli

Nous sommes donc arrivés mardi 11 août en fin de journée au mouillage dans la baie de Porticello, probablement le site le moins joli de l’île Lipari mais un refuge confortable sur un plateau pour une nuit de sommeil dont nous avions bien besoin après la traversée orageuse.

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

 

 

 

 

 

 

 

 

Couches à 21h non sans avoir préalablement dégusté notre carpaccio tout frais prévu la veille :). Nous avons passé plusieurs jours en cabotant, voiles dehors d’une île a l’autre en poursuivant sur Lipari:

PENTAX Image

L’île Vulcano:

 

 

 

 

 

 

L’île Salina ou nous sommes descendus à terre pour l’avitaillement en produits régionaux frais (Macelleria, etc.). Avant de remonter dans l’annexe bien charges, nous rencontrons et apprécions l’accueil chaleureux des « voisins » vivant dans la villa sur la plage de galets en face de Takoumi à Marina Salina au Nord de l’île.

L’île Panarea nous offre un des plus beaux mouillages dans la cala Junco pour la fin de la journée et la nuit-ceci après le départ des nombreux bateaux de jeunes faisant la bamboula toute l’après-midi! Ce qui semble de coutume l’été en Italie…2-3-4 bateaux se mettent a couple et leurs occupants chantent, sifflent, dansent, s’arrosent de proseccio divertirais sang les quelques bateaux français de la bai- plus discrets pour une fois. Nous étions d’ailleurs très surpris, voire inquiets de les voir partir et de nous retrouver seuls le soir dans cet endroit que je trouve splendide – mais sans aucun regret après une très belle soirée – inspires par les jeuns, nous avons fait notre propre concert de cockpit sous un beau ciel étoile : James Blunt, Grâce, Massive Attack et Axelle Red…Vive les concerts de cockpit!

Enfin, l’île Stromboli, le volcan le plus attractif parce qu’actif des Éoliennes. Alors la j’avoue, je me suis un peu dégonflée en arrivant au village (200m d’altitude) et en écoutant un guide parler de l’expédition nocturne concernant l’ascension du volcan…Finalement nous avons préfère naviguer jusque la Sciara del Fuoco pour observer quelques irruptions de nuit (de loin…) La Sciara del Fuoco est une zone de dépression très instable formee il y a 5000 ans lorsqu’une partie du cône du volcan s’est effondrée, qui continue de subir des transformations suite aux irruptions plus ou moins importantes et permanentes du Stromboli). Cela donne a l’ile un versant tout noir et pentu sur la mer…

 

Activité plutôt sympa pour notre 15 Aout…nous sommes ensuite retournés au mouillage vers 22h dormir devant la petite ville de Stromboli ou nous nous préparons pour l’étape suivante : le passage du détroit de Messine!
Nous devions partir ce matin mais avons hésite pour finalement décider de rester jusque minuit avant de partir afin de rejoindre l’entrée du détroit de jour. Cette journée annoncée calmé par la météo s’avère toute autre: c’est la première fois que nous sommes obliges de faire une veille au mouillage étant donne des rafales a 30 noeuds, beaucoup de bateaux venus se « réfugier » proches de nous et des ancres qui peuvent rapidement déraper sur un sol semi-rocheux. Il y a des italiens, des espagnols, des hollandais tous aux aguets à leur poste de veille sur le pont se demandant si le front nuageux se déplace vers nous ou vers le large. Nous avons range le jeu de backgammon sorti un peu plus tôt dans l’espoir d’une accalmie mais la veille nous occupe bien assez comme ça, nous n’avons pas besoin d’autres distractions pour l’instant. Et pour le départ tout à l’heure, je pense que nous allons ré analyser les dernières infos météo, courant avant de nous lancer vers la Sicile pour de bon.

Elbe, Montecristo, Ponsa, Ventotene…encore une île?!

Elbe est la « Porquerolles » des Italiens mais je me rends compte, beaucoup beaucoup plus grande! Après quelques heures (8 précisément) de navigation autour d’un cote de l’île d’Elbe nous nous arrêtons pour la nuit dans le Golfe de Lacona. Le lendemain nous irons dans le mouillage près du Porto Azzuro, très peuple. Nous allons à terre quelques heures pour découvrir un village plutôt petit, très méditerranéen somme toute. L’avitaillement s’avère compliqué – une seule supérette qui ouvre à 16h et qui ne propose pas grand chose – nous faisons le plein de vin italien cependant, un peu de mozzarelle fraîche, beaucoup de charcuterie à la découpe et nous voilà répartis en annexe, bien chargés!

IMG_5776

IMG_5770
Nous passerons la dernière nuit dans une anse bien sympa Punta Rossa. Nous n’avons pas fait de tourisme culturel à Elbe (donc rien appris sur Napoléon – mais bon…on connaît l’histoire…) mais je vous assure que nous faisons du tourisme culinaire et ne mangeons que local depuis notre départ: carpaccio, proseccio di Parma, peperoni, mêlons italiens un peu différents des nôtres très bons, pomodori (tomates), poivrons, anchois et thon marinés, pasta fresca, formaggii divers et nous régalons!

IMG_5834
Le voyage d’Elbe vers Montecristo démarre tôt le lendemain: cette île est mystérieuse presque envoûtante. IMG_5785IMG_5791IMG_5798

IMG_5807IMG_5813
Nous parcourons plus de 180 miles au total en 38 heures pour arriver au prochain mouillage à l’île de Ponsa vers 18h le lendemain: île splendide- qui a moins plu à Oliver mais je suis enchantée pour ma part de ces falaises multicolores – rouge, blanche, brune, sable, entrecoupées de grottes et de passages vers des bras de mer camoufles…

IMG_5836IMG_5841
Nous nous baignons avant de repartir le lendemain vers Ventotene, dernière île ou nous avons prévu de récupérer un peu avant d’arriver à Naples. Nous aurons beaucoup de mal à trouver une place pour notre annexe dans le tout petit port de Ventotene!

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

PENTAX Image

Cette petite ville toute en pente nous paraît plus « normale » et semblable à l’Italie que nous connaissons: façades colorées par endroits délabrées, grande place ou tous les locaux se retrouvent, ou se rencontrent par hasard et discutent chaleureusement des dernières nouvelles. Nous nous fondons dans le décor et écoutons les conversations comme des chansons dont nous ne comprenons pas toutes les paroles mais dont le refrain nous plait, simplement.

Rentres de notre sortie a terre pour diner (carpaccio tout frais trouve à Ventotene), vers 23h la houle se lève brusquement. Bientôt, tous les voisins sont sur le pont et nous roulons tous très désagréablement! Qu’à cela ne tienne, nous n’en sommes plus à notre premier mouillage pourri aussi décidons rapidement de quitter le camp plutôt que de ne pas dormir de la nuit. Mais Ventotene était sur le chemin de Naples, plutôt loin, à une soixantaine de milles et à plus de 20 milles de la côte donc nous sommes partis pour la nuit… olivier prepare le thermos de cafe, les équipements de securite, je sors ma lampe frontale et mon ipod (la derniere nuit par pétole, le concert de Christophe Mae nous a bien tenu compagnie) . Cette navigation de nuit s’est avérée le meilleur moment de notre voyage depuis le départ. Nous avons pu mettre les voiles et nous amuser – a tour de rôle biensur pendant nos quarts de veille respectifs – dans la baie de l’île d’Ischia – l’île ou les Napolitains partent en week-end. Nous sommes arrivés à Napoli vers 9h du matin, fatigués – mais ravis de cette agréable traversée nocturne.

 

IMG_5828

PENTAX Image

PENTAX Image