Une fois ne devrait pourtant pas être coutume, nous arrivons trop tôt, de nuit en Colombie et choisissons de faire quelques ronds dans l’eau avant de pénétrer la large baie de Cartagena. Cette magnifique cité nous accueille au petit jour, par l’entrée nord appelée «Escollera», une digue sous-marine impressionnante, houleuse et étriquée, la passe ne faisant que 30m de large par 2-3m de fond . Elle fut construite par les Espagnols pendant la « Colonía » au XVIII ème siècle pour pousser les navires à passer par l’entrée sud de Bicachica. Ensuite, Il nous faut une bonne heure pour rejoindre un chenal à bâbord et accéder enfin au mouillage principal des plaisanciers. C’est aussi celui des paquebots et des cargos venus charger et décharge – les uns leurs hordes de touristes, les autres leurs containers colorés…Nous nous trouvons entre eux et le Club Nautico de Cartagena, assez proches du centre historique qu’il nous tarde d’arpenter !
Mais avant de l’envisager nous avons conscience de nos problèmes d’énergie et cherchons à rejoindre une place à quai pour brancher Takoumi. De plus, nous souhaitons laisser le bateau en sécurité afin de le quitter et nous balader en Colombie, notre dernière escale en terre inconnue avant de clore ce beau chapitre de notre vie. Nous comptons donc bien en profiter dans le petit laps de temps qui nous reste!
Mais malheureusement malgré nos appels à la VHF, le Club Nautico ne répond pas. Plus tard nous apprendrons qu’il est en travaux et n’offre que peu de places au ponton plutôt mal protégé. Il y a bien une autre Marina réputée hors de prix tout au fond de la baie. C’est le « Club de Pesca » aux abords du centre historique, mais on nous la vivement déconseillée aussi nous finissons par jeter l’ancre en face du Club Nautico – il se trouve, derrière Le catamaran d’Alex et Sergio déjà rencontrés au Panamá !
Pour l’heure, le mouillage qui se réveille, est surpeuplé, bruyant, parcouru par presque tout ce qui flotte à fond les gamelles! Il est également splendide, au milieu de tous ces gratte-ciel et au large de la vieille ville et de ses quelques forts et palais. Nous y serons bien jusqu’à ce que nous trouvions une place au port je pense…
Les premiers jours sont comblés de découverte du quartier résidentiel de la Marina et du centre historique. La cité est magnifique et archi-touristique. Notre quartier est familial et animé. Nous trouvons les colombiens très accueillants et le niveau de vie nous paraît meilleur ici qu’ailleurs. Mais je découvrirai qu’il y a encore beaucoup d’écarts de valeur entre les services qui se développent et ceux de la vie courante des Colombiens.
Il y a deux vitesses dans ce pays et nous passons la semaine à côtoyer les deux juste aux abords de la Marina. Un bon exemple est le prix de la nourriture qui dans un restaurant local parfois chez l’habitant coûte moins de cinq euros pour un repas complet et copieux.
Par ailleurs nous trouvons des adresses presque aux prix européens et pas particulièrement touristiques. Nous fréquentons régulièrement la Marina où des hommes traînent à l’affût de n’importe quel travail ou service à rendre aux plus riches plaisanciers qui y circulent – porter vos courses, polisher votre coque, tout pour quelques billets « a la orden », à votre service!
Mais malheureusement aucun électricien ne nous aborde et nous en avons cruellement besoin ! Depuis plusieurs jours déjà nous sommes contraints d’éteindre jusqu’au réfrigérateur afin de préserver nos batteries -si « sauvables » elles étaient….Aussi nous croisons Alex qui nous dit connaître une société de confiance, qui nous a également été conseillée par la Marina. En effet le chargé de clientèle Gonzalo, venu d’Espagne sur un voilier lui aussi, nous paraît honnête et efficace. Il nous met en relation avec son expert électricien Yerkis qui est également engagé dans l’armée.
Ce que nous ne pouvions pas prévoir c’est que les élections ont lieu au moment de l’engager, et qu’il nous fera faux-bond deux fois. En effet il est quotidiennement réquisitionné par l’armée pour intervenir en cas de problème au cours du vote dans les quartiers de Carthagène !
Heureusement nous mettons à profit ces jours d’attente pour découvrir un autre quartier de Carthagène, Getsemaní, que nous aimons beaucoup notamment le soir pour ses spectacles de rues et son street food démoniaque ! Nous y retournerons régulièrement pendant notre escale à Carthagène.
Nous allons nous promener à Bocagrande, le quartier entre la baie et l’océan qui abrite les plages et les hôtels luxueux. Nous montons au dernier étage du Hyatt Regency boire un jus de fruit dont la Colombie regorge et apprécions la vue spectaculaire.
Et malgré nos batteries toujours à plat ou presque, nous gardons le moral le soir de notre anniversaire de mariage en dînant en face de la basilique. Nous terminons la soirée en buvant un cocktail au roof top bar avec vue sur la place de l’horloge, l’entrée du centre historique!
Yerkis finira par venir à bord le lendemain de nos festivités. Il nous propose alors de tout changer et ses services pour une durée rédhibitoire de 20 jours !? Sachant qu’il ne travaille que lorsqu’il a terminé sa journée pour l’armée et qu’il nous a déjà fait faux-bond…Quand bien même, nous doutons de son diagnostic alarmant et refusons son offre. Nous préférons vérifier le diagnostic par nous-mêmes. Olivier s’improvise électricien et nous mettons Pierrick à contribution à distance du Panamá…à raison car les tests sont concluants : les fils sont en bon état et il faut seulement changer les batteries. En effet elles n’ont probablement pas supporté les températures et l’humidité du Panamá durant 6 mois à terre !
Nous avançons mais entre-temps, nous avons rencontré Pedro un peintre du port….qui nous a présenté Kiko, le maître de port du Club Nautico! Et après plusieurs amabilités il nous propose une place que nous nous empressons d’occuper. Cela change la donne car Takoumi est branché donc rien ne presse pour changer les batteries. Qu’à cela ne tienne, nous louons une voiture, réservons un hôtel et partons au Nord de Carthagène en laissant tout cela en stand-by !
Escollera.. ca vient de Escollos: les ecueuils! C’est une écueillère en fait..