Je ne sais plus comment j’avais décrit la Marina Linton à notre dernier passage, mais, pour en dresser un portrait rapide, disons, 3 pontons de bonne facture devant un terre-plein avec un travel-lift flambant neuf et une station service minimaliste. D’horribles sanitaires prennent place dans un container qui fait écho à un mini-entrepôt d’accastillage. Un autre container tient lieu de bureau « provisoire qui dure » et un bâtiment en construction perpétuelle servira d’accueil … un jour.
En ce moment, le bâtiment inachevé est investi par les plaisanciers qui ont installés des bancs en plastique dans ses étages pour profiter le plus confortablement possible de l’inefficace connexion internet.
En dehors de ça et du petit monde grouillant qui lui donne vie, il n’y a rien d’autre … même le sympathique bar flottant a passé la main à la désolation après avoir épuisé 3 entrepreneurs ces 6 derniers mois.
Autant dire que si nous avions êtes dépressifs, il en aurait été fini de notre réserve de kleenex. Heureusement, nous ne nous chauffons pas de ce bois là et occupons agréablement nos 15 jours de purgatoire par de multiples promenades et découvertes.
Au premier titre de notre plan anti-sinistrose : faire la fête. Notre bonne fortune ayant programmé une soirée à Panamarina le lendemain de notre appontement, nous nous y rendons en compagnie de Pierrick que nous entraînons au fallacieux prétexte qu’il a une bonne annexe et nous une bonne lampe. Nous comprenons juste assez tard qu’il s’agit d’une soirée costumée pour éviter un accoutrement bariolé qui affuble les autres participants. Enfin … presque, Pierrick se déguisant in-extremis en improbable « Vahiné blonde » avec les moyens du bord mis à disposition par Nico. Toujours est-il que le groupe de musique est excellent pour l’un de ses premiers engagements et nous profitons de l’ambiance jusque tard dans la nuit.
Second axe de développement personnel, nous entreprenons de découvrir la culture locale au travers des danses rituelles qui animent cette période de carnaval et c’est Pierrick, accompagné de sa charmante amie colombienne Solangel, qui cette fois nous entraîne jusqu’à « Cacique », le village voisin.
Solangel est peintre sur chaussures, colombienne et installée à Panama City d’où elle diffuse ses œuvres uniques. (mot clé : «solangelsus»).
Ceci dit, commander un taxi pour une heure précise n’a rien d’évident ici, et à l’heure dite, ce dernier devait cuver un lac de bière assoupi quelque part, car nous ne l’avons pas vu venir … Pour résoudre notre souci de transport, nous entreprenons une incursion au centre du village de Puerto Lindo à la nuit tombée et y découvrons un monde ahurissant … Les rues en terre sont remplies des habitants du village dans un maelström de musique, de street food et de bière … Les familles rassemblées devant chez eux et des électrons libres allant de groupe en groupe. Une folie au sein de laquelle nous trouvons enfin un taxi (un cousin du premier, mais moins aviné) disposé à nous emmener à Cacique.
Cacique est un village important d’une région où l’influence africaine, nous l’apprenons à cette occasion, est particulièrement importante. De fait, l’ambiance, la musique et les danses nous transportent à des milliers de kilomètres d’ici, dans un lieu hors du temps que nous imaginions réservé aux villages du continent originel.
La « danse du diable » est anecdotique et déstructurée en début de soirée, mais laisse la place à l’expression populaire de la séduction au rythme syncopé des tam-tams ancestraux. Et des plus jeunes aux plus vieux, tout le monde participe aux chants et aux danses sous la tonnelle du village, bien que nous remarquons que si les jeunes hommes et jeunes femmes se prêtent volontiers au jeu rituel, ce sont bien les anciens qui mènent le bal et pour les plus alertes d’entre eux, les tam-tams.
Nous quittons finalement le village en milieu de soirée, alors que la fête traditionnelle va se poursuivre jusqu’au plus profond de la nuit et que les rues en terre ne sont encore recouvertes qu’à moitié par les cannettes vides.
Le troisième acte du plan de sauvegarde de notre équilibre demeure nos folles expéditions. Si dans un premier temps nous visitons les bras de mer de la mangrove environnante, nous allons bien vite un peu plus loin … et surtout plus haut.
À l’apogée de cette expédition, le phare Gustave Eiffel de la « Isla Grande », île balnéaire locale que nous prenons soin d’aborder un jour de semaine afin d’éviter la foule. Notre matinée, avant de trouver l’unique restaurant ouvert de l’île se compose donc d’un trajet en taxi, d’une traversée en Lancha (barque locale) et d’un trek pédestre jusqu’au plus haut point de l’île où trône le fameux phare dans son habit de rouille et de peinture écaillée.
À ce moment là, une folle poussée de témérité nous pousse à pénétrer l’enceinte du phare et à entreprendre l’ascension du fier mais branlant édifice. Cette action aventureuse est immédiatement récompensée par une vue magnifique et imprenable sur tout l’horizon dont nous profitons quelques instants avant que les mouvements du phare induits par les fluctuations du vent ne nous encouragent à redescendre illico-presto.
Pour le reste, le village de Isla Grande présente un peu d’intérêt par le fait qu’il est principalement touristique, et est donc un peu plus « urbanisé » que les villages du continent. Avec de nombreuses maisons prêtes à accueillir touristes et promeneurs. Et surtout, semble-t-il, enfin, un balbutiement de collecte de déchets.
Après un déjeuner sur l’ile, nous repartons pour le continent, non sans avoir immortalisé par une photo le ponton que nous trouvons fort emblématique du Panama.
Hormis toutes ces activités externes, les abords de la Marina ne manquent pas de nous pourvoir en occupations. Comme la partie de pêche où Manuela part seule en annexe et revient en ayant perdue sa ligne et ses crevettes-leurres magiques dans une manœuvre hasardeuse. Si effectivement les crevettes sont perdues corps et bien, nous retrouverons le fil de pêche deux jours plus tard dans l’hélice du moteur hors-bord qui tout d’un coup libéré marchera tout de suite mieux.
À l’occasion d’une lutte acharnée de votre serviteur avec nos infâmes batteries lourdes comme 4 ânes morts, Manuela, encore elle, lance l’activité « coconut » avec l’aide des deux diablotins des voisins. Ces derniers ne s’arrêteront pas à participer à l’ouverture des deux noix de coco de Manuela, mais irons en recueillir près d’une dizaine au grand dam de leurs mère, qui fera quand même bonne figure en encadrant deux jours durant ces deux enfants terribles dans ce qui restera connu comme « l’activité Coconut » ! Pas de panique, inutile de fermer vos volets, ces deux troublions ne reviendront pas de sitôt en Europe, leur parents ayant décidé de s’installer à Medellin en Colombie plutôt que de retrouver la Belgique flamande qui les a vus naître.
Une autre belle promenade nous mène également sur la isla Linton, territoire des singes que nous n’avions encore jamais osés aborder.
Le reste de nos activités est somme toute assez classique, bricolages inégalement efficaces, achat de légumes aux nombreux vendeurs ambulants et point d’orgues, la réalisation de notre panneau « Amel for Sale » qui aura la charge de prévenir les promeneurs de pontons floridiens que Takoumi est à vendre.
Nous avons aussi plaisir à discuter avec notre voisin « Alex » américain et propriétaire « par hasard » d’un magnifique outremer 55 ultralight dont nous le soupçonnons de préférer organiser les réparations plutôt que de réellement naviguer. Accompagné de Sergio, un jeune colombien ex-sous-marinier d’un calme et d’une sérénité désarmantes et véritable navigateur du navire, ils décident d’embarquer pour la Colombie autant de jeunes backpackers qu’il leur est possible. Nous les retrouverons plus tard aux San Blas et en Colombie.
Quand enfin, nous sommes prêts à partir pour les renommées îles San Blas, il ne nous restera finalement que quelques jours d’attente avant que les conditions de mer nous semblent suffisamment confortables pour affronter la remontée du vent et surtout des vagues jusqu’aux Îles San Blas.
Oh la vache…….. les langoustes …. souvenirs, souvenirs d’un voyage en Guadeloupe ! Original le ponton mais il faut pouvoir faire de grandes enjambées ou savoir sauter ou… ne pas s’y risquer. Quant à ces satanées batteries,mon pauvre Olivier, un âne mort c’est déjà lourd mais 4, mon cœur saigne rétrospectivement.
Bises à tous les deux.