La navigation au sud de Key West – une fois n’est pas coutume – s’est transformée en programme de lavage avec maxi-essorage, mais voilà…nous sommes arrivés à Cuba! Et nous avons adoré cette île, ce pays…
D’entrée les longues « Formalités » s’avèrent courtoises et bien organisées au ponton des officiels de la Marina Hemingway : mise sous scellé du téléphone satellite, visite du médecin thermomètre en main – un peu courbaturés, sous un soleil plomb et en manque de sommeil, nous craignons le résultat – mais n’affichons que 36 et quelque, nous sommes en grande forme dis-donc ! Bien plus tard dans la journée nous rencontrons l’un des 4 commandants du port pour signer un contrat – étrangement digne d’une entreprise américaine -et l’agriculture qui scrute scrupuleusement nos vivres : très bonne nouvelle : nous pouvons garder notre bacon parce qu’ils tolèrent depuis peu, une quantité raisonnable d’aliments frais à bord – du moment qu’ils ne quittent pas le bateau durant notre séjour…Rien d’illogique jusque-là et la question récurrente de la bicyclette s’explique en fin de compte, par la crainte des parasites incrustés dans les pneus!
Nous rencontrons alors Jonas, le gardien de sécurité du ponton avec qui nous entamons notre compréhension de « comment ça marche à Cuba? « . Il travaille 12 h par jour pour 26 CUC par mois (euros ou dollars c’est presque pareil). Bien qu’omniprésent, Jonas nous organise la possibilité de rejoindre La Havane dès le lendemain. Malheureusement la Marina s’avère un peu désuète, sale, et mal équipée, loin de tout et à 50 dollars aller-retour de La Havane…pas très commode pour nous malgré le sympathique snack ouvert 24 heures sur 24. Et enfin, à Cuba un shipchandler est en fait une supérette très faiblement approvisionnée.
Le CUC est la monnaie touristique ici, et ne se retire que dans les banques des grandes villes. Si bien qu’il est plus facile de l’échanger dans un hôtel ou une marina, même s’il coûte relativement cher – le plus souvent contre des dollars avec une commission de 13% ! Peu d’endroits acceptent les euros et nous n’en n’avons plus de toutes façons. Nous achetons donc quelques CUC à la Marina avant de nous rendre à La Havane où nous pourrons retirer des CUC par carte visa, dans la rue Obispo où se concentrent les banques. Nous mettrons un certain temps pour comprendre que chaque distributeur ne délivre qu’une coupure spécifique de billet – de 5 à 20 CUC selon….
Le Vieux Havana à mi-chemin restauré promet d’être une des plus jolies villes que j’aurai eu le privilège de visiter. Il y a des travaux en cours partout mais l’ensemble a beaucoup de charme et l’ambiance y est unique.
La moindre petite échoppe résonne de tonalités de salsa ou de tubes des années ´80 orchestrées par les nombreux groupes locaux… Quelle ambiance ! En prime, les Cubains sont chaleureux, curieux, et cultivés.
Au détour du port nous découvrons les Centres d’artisans et le système de cartes internet centralisé par l’entreprise – que nous imaginons gouvernementale – Etecsa.
En fait nous en prenons plein les yeux tout au long de la journée en observant nombre de systèmes cubains bien particuliers : les files d’attente pour la distribution de denrées alimentaires, les bus, les ateliers de couture centralisés, les stops improvisés pour le système de covoiturage officiel….
Nous sommes presque allés au musée de la Révolution…mais nous avons préféré continuer de nous imprégner de la ville – jusqu’aux portes de Chinatown : très différent de ce que nous attendions – puisqu’il n’y a pas de publicité ou d’enseigne ou de marketing, nous n’y avons vu aucun restaurant et quasiment aucun asiatique…
Et au terme de cette belle découverte nous sommes rentrés en négociant une Chevrolet Impala au fonctionnement chaotique.
De retour au bateau, nous allons au Supermercado ayant besoin de frais mais il se résume à une allée pour les pâtes, un rayon chips et l’autre pour la bière et le rhum. Le boucher à côté vend du jambon cuit d’Espagne de la marque Bravo, du fromage indescriptible…très mauvais et deux produits surgelés. Il y a des vendeurs ambulants dans le village voisin qui proposent légumes, fruits, poulet, porc mais pas grand chose, et il faut les consommer tout de suite. Le lait, le beurre, les œufs se trouvent difficilement voire pas du tout par ailleurs, ou nous imaginons, en se débrouillant…Une partie des denrées sont distribuées aux familles Cubaines mais ne leur permettent de se nourrir qu’une semaine par mois à l’heure actuelle d’une économie moyenne. Mais comme nous le dira quelqu’un plus tard, les cubains ont de la tranquillité dans un environnement non luxueux mais qui n’affiche pas de richesse à laquelle l’un souhaite accéder. J’ajouterai la bienveillance de ces êtres encore solidaires qui vivent simplement voire durement, et dépendent naturellement des uns et des autres dans une société encore dans l’échange et l’entraide plutôt que dans l’esprit de possession personnelle. Ils n’ont guère le choix et ce qui m’a paru leur manquer le plus est la possibilité de voyager, de quitter cette île pourtant très curieuse et avertie des actualités du reste du monde. Dans chaque îlet ou bourgade l’on nous a parlé de notre présidentielle imminente – ignorée par quasiment toutes nos rencontres en Floride…
Mais revenons à nos moutons….la cambuse un peu vide, nous allons dîner au restaurant de la Marina, pas fameux mais correct – inabordable pour les Cubains. Et lorsque nous commençons à danser en plein air à la discothèque d’à côté, nous sommes invités par un groupe de jeunes plutôt curieux, à participer à leur danse de groupe…Nous ne saurons jamais de quoi il s’agissait mais nous sommes partis courtoisement très vite après que la plus jeune fille sexy du groupe ait pris Olivier à part en lui suggérant que nous nous re-localisions dans un bungalow sur la plage en leur compagnie…
Le lendemain, après de multiples tentatives de location de voiture, sans succès, nous nous sentons un peu coincés dans cette Marina, malgré toutes les rencontres intéressantes de voisins navigateurs . Dont Léna, sympathique aventurière suédoise qui souhaite naviguer en Antarctique, qui va nous conseiller sur le programme des jours qui suivent. C’est décidé, demain nous irons à Vignales dans la montagne !
Oh la la !!! C’est chaud La Havane ! à tous points de vue. La voiture …. Édouard va dire » oh la chance ! » C’est vraiment chouette. Ça correspond bien à l’idée que l’on se fait de ce pays tout au long des reportages que l’on peut voir. L’atmosphère y est, Manue tu m’as transportée à La Havane.
Grosses bises à tous les deux.