A l’heure où tu dormiras, je veillerai en mer. J’écouterai les vagues danser et parfois nous chambouler. Les drisses résonner et le mât trembler. La coque se déformer et le safran résister. Je surveillerai les nuages qui sont comme de mauvais présages, les verrai s’avancer et me dépêcherai d’enrouler. Et cérémonieusement je grimperai sur les sièges du cockpit pour scruter l’horizon à la va-vite.
À l’heure où tu dormiras je prendrai un café pour rester éveillée. À la surface et sous la voûte de la terre, la houle, les vagues et le vent seront mes seuls compagnons de route. Je brancherai le radar pour voir les grains se former et, un peu tard enfilerai ma veste de quart. Je repérerai les faibles lumières des cargos que je vais croiser et hésiterai longtemps à m’en dévier. Je regarderai la tâche blanche des bateaux de croisière avancer et grossir comme un lopin de terre. La barre ne cessera de tourner pilotée bruyamment de chaque côté, j’entendrai les rafales à mesure que l’hélice accélère. Et cérémonieusement je calculerai la distance qu’il me reste et surveillerai ma vitesse.
À l’heure où tu dormiras, je baillerai en regardant la mer et le scintillement du plancton sur les flancs du bateau. J’attendrai les dauphins en vain pour qu’ils me dessinent leur chemin. J’observerai les étoiles et la grande ourse tourner au fil de la nuit quand la lune s’éteindra me laissant seule dans le noir. À l’heure où tu dormiras, je ressentirai et t’écrirai ces lignes alors si tu te réveilles, aies une petite pensée pour moi qui suis à la veille.
Wonderful! I wish I could be there:-)
Bon Vajage,
Jochen
Waou !!!!!!! Manue poétesse embarquée….. Tu nous bluffes. Continue à nous transporter….. Ça t’inspire les nuits de veille …..
Grosses bises.
Superbement bien écrit ! On a tous de grosses pensées pour vous, et à l’heure où vous dormirez on sera au boulot 😉
Marco, au boulot à mi-temps comme d’habitude, je crois!