Quelle était la question déjà ? Ah oui, pourquoi nous sommes-nous rendus à Fort Lauderdale en Floride ??
Eh bien parce qu’ils s’y retrouvent des bateaux du monde entier en vue de leur achat-vente, à l’occasion notamment de l’International Boat Show du mois de Novembre.
Nous en avions parlé il y a quelques mois et l’heure était venue d’envisager de vendre notre cher et fidèle voilier, notre compagnon d’aventure! Au delà du fait que la signature de l’accord avec le vendeur local est l’expérience la plus pénible et triste de notre voyage, l’épopée de la mise en vente de son navire aux Etats-Unis vaut un article à elle toute seule. C’est aussi à regrets que nous sommes contraints de dessaisir du dossier Jean-Claude, notre french broker préféré.
Nous avons donc commencé par rechercher un courtier sur le sol Américain pour nous casser le nez à maintes et maintes reprises. En effet, sur ces canaux, les plus grands bateaux du monde, essentiellement à moteur nous faisaient de l’ombre du haut de leurs 4 étages. Il s’est avéré difficile de trouver un « Yacht Broker » intéressé par notre petite unité de moins de 100 000 dollars ! Mais en visant juste nous avons fini par en convaincre deux de venir à bord estimer notre bien:
- XXXXX Yacht Brokers, le plus important courtier de la côte – envergure et moyens.
- YYYYYY Yachts spécialiste de la vente des « luxury sail yachts » notamment des « blue water » c’est-à-dire les bateaux dits « de voyage ». Notre Takoumi étant un fier navire de la marque Amel, bien connue par les Américains comme une marque de « luxe » entrait parfaitement dans les critères de ce dernier.
Les deux visites se sont passées très distinctement : le représentant de XXXXX avait une approche bien rodée mais ne s’intéressait que peu aux détails du bateau qu’il s’engageait pourtant à vendre. Celui de YYYYYY était très sympathique, très curieux du bateau mais n’avait pas encore vendu beaucoup de bateaux en soi, et encore moins un bateau étranger. La raison a emporté notre choix en confiant la procédure – complexe- au plus expérimenté et présent sur le marché. Marché où nous découvrons à cette occasion que pour bien vendre un bateau d’occasion aux Etats-Unis, il faut qu’il soit neuf, d’où un nombre impressionnant de « suggestions » de réparations aussi diverses que mesquines et dispendieuses, même si chacune est considérée par ceux que ne la paient pas comme « it’s not a lot » – LA phrase que nous avons entendue le plus souvent à Fort Lauderdale 🙂 !
La procédure le fut, complexe, et pour ceux qui envisagent de vendre leur bateau Français aux Etats-Unis, vous serez heureux de tomber sur un résumé que j’espère précis, que nous n’avons pas trouvé malgré des mois de recherche. Les étapes requises sont les suivantes :
1. Importer le bateau en Floride:
• Faire expertiser le bateau par un « marine surveyor » – 500 $
Le rapport établi stipule la valeur du bateau sur le marché (« Mkt value ») communément sous-évaluée de 30% à 50%, pour le calcul des taxes d’importation (« Customs duty fees »)
• Formalités d’importation du CBP – à faire en direct ou par l’intermédiaire d’un transitaire (« Licensed Customs broker ») – coût total < 3,3 % de la « Mkt value »
Notez que légalement, tant que le bateau n’est pas ainsi importé, il ne peut être annoncé à la vente sans une mention spéciale, et ne saurait être visité par un résident des Etats-Unis (peut-être un « undercover CBP officer »….) sous peine d’amende! Et un courtier/broker nécessite une license de l’Etat de Floride pour vendre votre bateau.
2. Mettre le bateau en vente: soi-même sur Craig’s list ou par le biais d’un courtier/broker
3. Laisser le bateau sur un dock: cette étape est un réel business en Floride mais s’avère incontournable si vous souhaitez rentrer en confiant la vente à quelqu’un sur place. Voici les solutions évoquées pour un monocoque de 12m (de la – chère à la + chère):
- Dock privé « chez l’habitant » dans un canal souvent reculé de l’ICW bien protégé des ouragans mais avec l’interdiction de vivre à bord – $550/mois + 2 mois d’avance à prévoir à la location = 1 mois de garantie (remboursable) et le dernier mois (dû)
- Dock privé chez l’habitant avec possibilité de vivre à bord – environ le double du prix > 1000$ par mois
- Marinas : prix fonction de la durée, elles sont encore un petit peu plus cher…
Trouver un dock privé peut être compliqué – le broker s’en charge pour vous mais attention à votre tirant d’eau et au prix. Pour notre part, nous avons dû changer deux fois d’emplacement et l’accueil des riverains ne vous est pas toujours favorable. Il y a beaucoup de règles et tout cela à vos frais ! Notre broker a fini par faire appel à une société qui s’occupe de trouver des docks – surprise? – que nous avons payée $200 pour le service….
4. Maintenance du bateau: il s’agit de choisir un contact local pour surveiller votre bateau (« Boat maintenance » service). Le broker nous a mis en relation avec :
• un indépendant (le moins cher à $100 par mois) qui finalement ne faisait que des bêtises et ne connaissait rien aux bateaux !
• une petite société (environ $150 par mois).
Cependant, le contact n’intervient qu’en première instance si bien que tous travaux effectués après notre départ de Floride nous étaient presque doublement facturés – par les intervenants (grand minimum $100/h) ; et par la personne de la société chargée de les surveiller ($60/h).
5. En cas d’ouragan….il faut prévoir la marche à suivre en cas d’ouragan et il s’agira de payer un forfait mensuel plus cher si vous souhaitez que la société de maintenance l’inclut dans ses services. Pour notre part, nous avions un arrangement avec le propriétaire du dock qui serait intervenu pour sécuriser des taquets et amarres supplémentaires pour un « small fee (sic) » de $150 seulement.
6. Vendre le bateau: les étapes se succèdent :
- signer le compromis (« Purchase & Sales Agreement ») en convenant du prix et de la date de l’expertise du bateau (systématique, financée par l’acquéreur).
- Expertise – notez qu’en votre absence le bateau devra être piloté par un «Captain» professionnel à vos frais ($300 à $500/jour).
- Signature du compromis aux conditions finales.
- Défranciser le navire de son port d’attache en France en contactant le service de douanes et en leur apportant toutes les pièces du dossier. Notez qu’à postériori, nous vous conseillons de demander aux douanes d’établir les bons de « libre circulation des biens et du navire » AVANT votre départ en voyage – de France – pour simplifier cette procédure déjà complexe à votre retour.
- Signature de la vente finale: cette procédure légale est un peu complexe, très administrative. La notarisation des documents de vente par un notaire assermenté aux Etats-Unis peut se faire en ligne (NotaryCam.com) ou à l’Ambassade des E-U (Paris ou délégué en région à certaines dates après prise de RDV) – $200 à $300.
7. Bancaire: ouvrir un compte aux Etats-Unis nous a paru cher et compliqué. Nous avons opté pour l’option internationale CB pour payer en $ à moindre frais. Attention aux virements, les informations bancaires ont des formats différents en Europe et aucun des pays ne s’adapte à l’autre. L’utilisation d’un service ex. « Transferwise » peut être utile et plus rapide.
Somme toute, nous avons passé plus d’un mois à organiser tout cela, payer les uns et payer les autres, contraints à déménager du bateau – et à déménager l’intégralité de son contenu ! Mais avant cela…..un tout petit dernier chapitre s’est inscrit au voyage que nous tenions à vous conter !
La remontée de New River, passage sous l’autoroute I-95
Les docks privés
Les iguanes s’intéressent à Takoumi….et aux souliers d’Olivier!
Le déménagement
Comment bien commencer la journée: discussion avec le canard et un bon p’tit dej
Et pendant le « weekend »
Notre ami de fin de journée
A la fin, on espère que le bateau soit vendu pour payer tout ça !!
Ouf… Enfin, la réponse à » la question » que j’attendais depuis juillet. Mais tout arrive à qui peut attendre ( dixit Rabelais dans Pantagruel) et comme j’ai le temps, j’ai patienté…. et comme l’espoir fait vivre …. Mais quel boulot pour se séparer de votre cher Takoumi…. Que ce soit aux USA où en France ou partout ailleurs il ne faut pas se mettre dans les pattes de l’administration. Kafka quoi…..