Partir vers de nouvelles contrées inexplorées nous met d’excellente humeur, à l’aube, impatients de reprendre enfin la mer, le voyage, l’expédition et la découverte … Takoumi vogue à fière allure, 5 nœuds en moyenne à revers des alizés grâce à sa carène fraîchement repeinte. Nous arrivons à Chichime, l’une des premières îles à l’ouest des îles San Blas localement appelées «Guna Yala». Cet archipel de plus de 360 iles au Panamá est un territoire autonome, habité et régi par une communauté d’indigènes nommés les « Gunas » prononcé Kunas. Ce sont eux qui font la réputation de ce bout de mer protégé par de grandes barrières de corail et des bancs de sable à perte de vue jusqu’à la frontière Colombienne.
À notre arrivée nous entrons dans une carte postale et profitons enfin de pouvoir nous jeter à l’eau dès l’ancre posée au cœur d’un mouillage presque paradisiaque: sable fin, lagon, cocotiers – mais pas d’habitants Kunas et de très nombreux voiliers encombrant une anse finalement très étroite… Ainsi Olivier et moi ne nous ruons pas à terre cette fois, heureux de retrouver le calme des eaux turquoises et notre intimité à bord du bateau.
Sans même gonfler notre récente et irréprochable annexe, nous repartirons dès le lendemain rejoindre les îles Carti au sud, villages habités cette fois, où se tient la fête annuelle de la commémoration de la révolution des Kunas de 1925. Ce peuple profondément pacifique s’était alors battu contre les autorités Panaméennes afin de faire respecter leur culture tribale et matriarcale, ce qui leur valût leur autonomie – non sans mal et avec un petit coup de pouce des Américains paraît-il…
La route vers les îles Carti se fait au portant en quelques heures que nous trouvons très confortables…après tant de navigation au près plutôt serré! D’ailleurs, nous passerons la semaine qui vient à zigzaguer d’îles en îles , alternant le près et le portant tout en progressant confortablement vers l’est et la Colombie, notre prochaine destination.
Pour l’heure, en arrivant devant las islas Carti, nous n’avons pas le temps de jeter l’ancre que nous sommes abordés par une habitante vendant ces fameux « Molas » – que nous ne connaissons pas.
Les Molas sont des sculptures uniques sur tissu, très colorées, en deux rectangles portés en tunique par les femmes Kunas que je trouve magnifiques.
En attendant…abordés…nous le sommes littéralement quand ce petit bout de femme arrive, à la rame dans son « ulu », canoë minuscule ou « dugout canoe » en anglais, qu’elle enjambe notre plage arrière, passe sous la bôme d’artimon et s’affale dans notre carré !
Malheureusement, ce premier contact nous laissera indécis suite à l’insistance plaintive et agressive de notre « hôte » . Nous jouons le jeu en lui achetant notre premier mola -que nous trouvons cher-et payons le bracelet qu’elle s’est empressée d’entourer autour de ma cheville. Celui-ci servira d’anecdote lors de nos prochaines rencontres et me vaudra quelques moqueries tant l’œuvre était ridiculement insignifiante pour les élégantes Kunas dont les bras et les mollets en sont entièrement décorés!
Islas Carti :