Sur la plage Coco
La réussite de notre ultime halte aux San Blas est due à l’improbable enchaînement des événements, de nos choix et de beaucoup de chance.
Nous choisissons donc de nous arrêter à l’abri d’un récif du nom de Coco Banderas et les instructions nautiques désignent un lagon cerné par des îles semi-habitées comme « plus joli mouillage des San Blas ».
Hélas, parvenus à l’endroit indiqué, les lieux se révèlent difficiles d’accès avec d’étroits chenaux sillonnant entre les bancs de coraux. Les îles semblent un peu plus habitées que nous l’espérions et quelques catamarans occupent déjà la place. En général, nous aurions fait fi de ces menus désagréments pour nous installer crânement au point qui nous semble le plus confortable. Mais aujourd’hui, la configuration générale du mouillage ne nous plait guère et nous préférons reporter notre dévolu sur un mouillage plus à l’ouest du récif … qui se révèle finalement bien plus à notre goût et qui mérite amplement le titre de «plus joli mouillage des San Blas … que nous connaissons».
Ceci dit, nous avons bien malgré nous pris plus de risques que ne l’aurait exigé le choix précédent pour atteindre le mouillage. Ce dernier se situe entre l’île « Orduptarboat » et deux énormes bancs de coraux affleurants qu’il convient de contourner par l’est. Mais à cet endroit, le manque de fiabilité de nos cartes électroniques (bien 500 mètres de décalage quand même) nous oblige à avancer dans ce havre à l’aide de nos seules observations. Du coup, persuadés de contourner les fameux écueils, nous passons un haut fond à deux mètre cinquante parsemé de grosses roches menaçantes.
Nous en sommes quitte pour un grand moment de solitude quand nous avançons sans savoir si la profondeur sera toujours suffisante, échaudés par le fait que le matin même nous avions touché sur un bien plus confortable banc de sable à la sortie des Holandes Cayes !
Finalement, après avoir pénétré le lagon sans encombre et jeté l’ancre nous nous retournons pour étudier sereinement la situation et constatons honteusement que nous sommes en fait passé … entre les deux bancs !
Mais la magie du lieu valait bien cette sueur froide. Pas un seul autre voilier à l’horizon, quelques îles pas ou très faiblement habitées, immense reef pour protéger tout ceci et bien entendu, nos deux fameux bancs de coraux que nous allons visiter derechef avec masques et tubas.
Ce sont les plus beaux fonds que nous verrons aux San Blas. Ici, quelques variétés de coraux atteignent des tailles très respectables, abritent des poissons multicolores et égayent les roches de leur couleur orangée.
Par contre, toujours pas d’observation de Langoustes sauvages. Cette quête inassouvie reste l’une des meilleures occasions de rire avec les deux pêcheurs de l’île qui nous assurent pourtant avoir pêché celles qu’ils nous apportent à peine à un mètre de profondeur.
Ce sera d’ailleurs une belle expérience de rencontre avec les kunas des îles éparses. Comme nous rendons visite aux femmes de la famille restées sur l’île, nous consommerons une bière fraîche en leur compagnie et aurons le plaisir d’échanger une véritable conversation.
C’est ainsi que nous apprenons que les îles semi-habitées sont en fait des réserves de cocos (la base de leur économie) que des familles sont chargées d’entretenir par la communauté en général pour une période de quelques mois.
Notre programme pour compléter notre séjour près d’Orduptarboat se compose à partir de là du très classique triptyque « repos, promenades aquatiques et exploration des autres îles proches » : Nous ne nous en lassons pas, mais la recherche des langoustes ne porte toujours pas ses fruits.
Le jour de notre départ, nous avons la visite surprise des pêcheurs de l’ile qui nous demandent de recharger leurs téléphones portables, smartphones et enceintes bluetooth à notre bord. Nous sommes heureux de leur rendre ce service qui semble si improbable en ces lieux abandonnés des technologies et de l’information, cela malgré les nouveaux signes de faiblesse de nos batteries…
C’est donc repus d’aventure, de découvertes et de rencontres que nous quittons les San Blas pour Carthagène, en Colombie.