Fortement conseillée par de nombreux navigateurs et quelques amis, nous avions initialement choisi d’atterrir à Panamarina, une petite Marina 28 milles à l’est de l’entrée du Canal de Panamá et de la ville de Colón. Mais faute de place, ou de bonne volonté d’après mon expérience, nous avons fini par poser l’ancre à Baya Linton entre le village et une autre Marina à Puerto Linton.
C’est la « campagne » version forêt tropicale humide et nous retrouvons avec plaisir des paysages qui nous rappellent la Guadeloupe – les toucans et les singes hurleurs en plus ! Nous passerons une semaine agréable dans cette région de la province de Colón, nichée entre îlots, mangrove et sommets éloignée de tout.
Il s’agit tout d’abord de rentrer officiellement au Panama, procédure aléatoire si l’on en croît divers plaisanciers. L’officiel solitaire des autorités maritimes du préfabriqué de Puerto Linton nous demande – d’entrée – de payer 180 dollars « cash » de « Permiso de navegación » annuel pour Takoumi. Seulement voilà : nous n’avons que 130 dollars en poche et la première banque est à plus d’une heure de route – en bus coloré local qui ne passe plus cet après-midi…Qu’à cela ne tienne, l’officiel demande au gardien de sécurité de nous emmener – pour 20 dollars…- au village le plus proche, Portobello retirer de l’argent à la supérette chinoise. En fait, toutes les supérettes sont tenues par des chinois au Panama et ceux-ci profitent de l’absence de banques pour nous sur-facturer le dollar sur nos visas avec une commission de 12% ! Pour le sourire et l’amabilité ce doit être plus cher…
Évidemment, concernant l’immigration que nous devons saluer dans les 72h, nous devrons revenir un autre jour à Portobello : en effet, le bureau qui s’y trouve couplé à l’office du tourisme est fermé et n’ouvre que le lendemain – ou le surlendemain, l’officiel nous prévient que c’est parfois…aléatoire!
De retour à Puerto Linton nous découvrons une Marina ouverte mais clairement en chantier. Il y a deux pontons assez fréquentés, une station service, une grue toute neuve et heureusement pour nous, The bitter end » un bar à flot (et non bar à flotte) qui vient d’ouvrir le mois dernier. Malheureusement cet endroit convivial tenu par un italien et une péruvienne américaine d’origine philippine je crois, fermera avant notre départ pour mauvaise relation avec le manager de la Marina…Nous profitons de notre situation géographique assez centrale dans la baie pour visiter les deux autres endroits intéressants du coin : Panamarina et le village de Puerto Lindo.
Que dire de Panamarina : eh bien, ce trou dans la mangrove développé par un couple Français est bien protégé mais difficile d’accès. Le restaurant est un peu cher mais agréable et les grillades excellentes. Le chantier paraît être le délire enfantin de son gérant qui propose de sortir les bateaux avec ce qui ressemble à un tracteur trafiqué…Sa compagne gère le « parc » de bateaux à la tête du client selon l’humeur et ne m’a pas inspirée totale confiance, d’ailleurs nous n’avons jamais réussi à convenir d’une place durant et après notre séjour à Linton. Ce qui n’était je l’avoue pas pour me déplaire parce que l’endroit est protégé certes, mais très humide et accueille plus de moustiques que d’humains ! Pour résumer, expérience en demi-teinte mais inachevée puisque nous n’y sommes allés qu’une paire de fois en touristes pour y déjeuner et laver notre linge.
C’est finalement le village de Linton qui m’a le plus séduite. Facile d’accès en annexe sur le petit ponton du bar restaurant de Hans et de sa famille. C’est ici que nous avons pu remplir nos bonbonnes de gaz et rencontré nos deux bateaux voisins du mouillage : un américain, un nouveau-zélandais et un Sud africain avec qui nous passions pas mal de temps à partager nos expériences et refaire le monde. Rencontres insolites et qui me passionnent : l’un navigue en solitaire depuis l’Angleterre, l’autre voyage à bord et vit « sur la route » depuis trois ans, le troisième embarque des équipiers. Nous sympathisons également avec Marteen, le jeune fils de Hans qui nous parle de sa vie à Linton, ses études et ses aspirations. Plus loin sur le rivage nous rencontrons un autre jeune homme aventurier, Thomas , au club de plongée café wifi tenu par des turques francophones avares en amabilités. Il a acheté une moto à New York et à déjà parcouru le chemin jusqu’au Panamá. Il souhaite visiter l’Amérique du Sud comme nous, mais sa prochaine étape est compliquée parce qu’il n’y a pas de route entre la Colombie et le Panamá…Lorsque nous l’avons quitté il envisageait de vendre sa moto américaine pour acquérir un triporteur colombien. Nous avons hâte de découvrir la suite de son périple!
En parallèle de notre vie sociale intense nous faisons de belles ballades en bus local pour rejoindre Portobello et en annexe pour apercevoir les singes de l’île Linton, traverser un long tunnel de mangrove et nous baigner sur les coraux de l’îlot privé en face du bateau.
Chaque nuit nous essuyons les orages, même au mouillage, l’un particulièrement violent qui semble avoir foudroyé trois voiliers de notre voisinage. Nous discutons beaucoup de la suite de notre voyage, le temps se détériorant nettement en ce début de saison humide.
Que faire ? : visiter l’archipel phare de la région, les San Blas à l’est ou passer le Canal pour rejoindre le Pacifique ? Nous sommes indécis à ce stade et un peu démotivés par le mauvais temps pour visiter des îles quand bien même magnifiques…nous décidons plutôt de rejoindre « la ville » de Colón en face de laquelle nous savons qu’une Marina accueille les bateaux qui se préparent à traverser le Canal de Panamá : en route pour Shelter Bay !
Ben Manue, tu es très jolie sur cette photo au restaurant (ou bar) mais tu me parais triste et désorientée. Cet endroit ne paraît pas très accueillant (pas le bar le pays). Mais attendons la suite.
Bises