Cuba Diving
Suite à 60 heures en mer – dont une nuit calme, l’autre rocambolesque – nous arrivons à Maria La Gorda, site de plongée « international » incontournable des Caraïbes. Le mouillage est magnifique et désert mis-à-part les trois bateaux de plongée du resort qui occupe tout le rivage. Arrivés de bon matin, nous nous amarrons à l’une des 5 bouées dont seulement 2 sont ainsi vraiment disponibles pour les plaisanciers – qui auront néanmoins la jolie surprise de ne les payer que 30 centimes de CUC par jour.
Comme il est encore tôt, nous souhaitons nous reposer avant de rejoindre la terre, mais sommes « klaxonnés » par l’un des bateaux de plongée nous sommant d’aller voir le « responsable du port »…un jeune homme prénommé Haciel enregistre notre arrivée, une bonne heure durant, dans un minuscule petit bureau sans fenêtre mais climatisé, où il dort également pendant 15 jours…
Contrairement à notre habitude, le resort « sportif » et eco-friendly car organisé autour de l’activité plongée, nous accueille comme ses hôtes et nous pouvons profiter de toutes leurs installations : plongée, restaurant et bar à prix raisonnable et centre médical… Je me ferai même faire faire un massage par l’infirmier…urgentiste, reconverti depuis deux mois à ce nouveau poste !
Il va sans dire, nous participons à une plongée organisée sur la barrière de corail qui est splendide, bien que nous l’avouons, un cran en dessous de notre dernière plongée à petite anse en Guadeloupe avec notre cousine Sylvie…Et puis….eh bien c’est tout ! Parce qu’il n’y a absolument rien d’autre à Maria La Gorda, petit paradis solitaire loin de tout…
Si loin et compte-tenu des difficultés de déplacement des Cubains qui ne possèdent généralement pas de véhicule personnel, que les employés de Maria La Gorda viennent y travailler minimum 3 à 15 jours d’affilée logés sur place. C’est bien le premier pays où nous réalisons être plus mobiles que ses habitants, à bord d’un bateau à 10 km/heure en moyenne !
Nous repartons au bout de trois jours mais seulement après les formalités de « despacho » obligatoires pour tout navire quittant le port. Pour bien appréhender l’importance des formalités ici, il faut se rendre compte que, à chaque sortie, trois fois par jour, les bateaux de plongée du site sont assujettis à le même paperasserie. J’ai conclu de ces multiples expériences que la procédure régnait à Cuba, qu’il ne fallait pas être pressé, mais que si tu suivais la procédure, tu pouvais presque tout faire parce que l’on ne nous a jamais rien refusé concernant nos projets de navigation. Par exemple, pour un départ nocturne, c’est tout à fait possible, mais le gardien du temple de La Guarda Frontera doit justifier sa présence exceptionnelle de nuit afin d’effectuer les formalités de ton départ (nous soupçonnons quand même qu’il faille faire preuve d’un minimum de sociabilité et d’empathie pour bénéficier d’un tel traitement). Nous n’avons finalement pas opté pour cette option, mais je suis certaine que la procédure nous aurait comblés, au rythme lent des Caraïbes….
Nous quittons Maria La Gorda en direction de Cayo Largo le 2 Mai, et naviguons à côté de dauphins le soleil couchant…Et surtout, d’une baleine au lever du soleil, instants rares et incroyables qui nous apaisent avant une prochaine nuit houleuse en mer.
Nous profitons d’un mouillage à Cayo Campos dont l’entrée est très étroite et l’envergure faible, avec très peu de fond pour s’ancrer derrière la barrière de corail. Mais l’accueil d’une tortue géante et une superbe ballade aquatique sur le reef rendent l’étape intéressante.
Le lendemain nous rejoignons le mouillage du Canal del Rosario, accueillis cette fois-ci par les pêcheurs dont nous dégusterons les dernières langoustes pour seulement 3 CUC : repas du soir succulent !
Nous n’arrivons à Cayo Largo que le 5 Mai pour notre dernière étape cubaine, la moins intéressante malheureusement : la Marina est très sale, chère et décevante. Il nous semble même y voir et ressentir les prémices du côté néfaste du tourisme et des investissements étrangers déjà bien présents. Quand bien même, nous y passons de très bons moments en compagnie de nombreux voisins Russes et Ukrainiens.
Même si les distances sont grandes, la mer est petite et nous avons la bonne surprise d’y retrouver par le plus grand des hasards Vincent, notre médecin formateur de la Grande Motte (en 2015 !?). Après qu’il ait formé des légions d’aspirants au Grand Voyage, nous sommes heureux de le croiser sur sa propre route : lors de la formation, nous avions ressenti de sa part une véritable envie de s’élancer à son tour (et peut-être même un peu d’impatience). Finalement, à bord de Madgic, son épouse et lui nous ont rattrapés.
C’est aussi l’occasion de sympathiser également avec leurs amis de Tao que nous espérons peut-être revoir au Panama.
Olivier et moi prenons conscience à ce stade de l’importance de ces rencontres sans lesquelles le voyage ne nous suffit pas, et le rythme de notre périple nous laisse parfois bien seuls et un peu démotivés n’étant pas ou peu enclins au vide de partage. Il nous plait d’ailleurs de prévoir de rejoindre Madgic à Grand Cayman dans un jour ou deux. En fin de compte cette rencontre n’aura pas lieu parce que nos projets changent continuellement en voyage. Mais au départ de Cuba, cette perspective nous a accompagnés dans notre ferveur à rejoindre une nouvelle île des Caraïbes, que nous savons bien différente de celle que nous quittons et aimons. Cuba nous a tranquillisés quelques semaines durant, et je l’espère, un peu plus éloignés de nos traditions de consommation.
Et je terminerai par poser une question que tous les Cubains auxquels on s’est attaché nous ont posée : quand reviendrez-vous?