Le calme, la sérénité et la contemplation, c’est bien, mais un jour il faut bien revenir à des considérations bassement pratiques d’avitaillement, d’accès internet et de boissons locales. Du coup, nous mettons le cap sur la plus proche des grosses « tâches sombres » de nos cartes marines, la ville de Georgetown, sur l’île de Great Exuma.
La ville est située sur un bras de mer derrière une première rangée d’îles, et l’accès commence donc par une longue passe au moteur pour les contourner. C’est très joli, mais peu profond … vraiment peu profond.
Comme de bien entendu, des deux routes conseillées, nous choisissons la mauvaise … et voilà Takoumi qui cherche son chemin dans 1.50 d’eau selon notre sondeur … un record pour nous qui sommes persuadé que le tirant d’eau est de 2 mètres et que le décalage du sondeur n’excède pas 3 dizaines de centimètres.
En tout cas, étalonnage du sondeur ou non, l’ambiance est électrique et l’exercice tourne à la haute tension, car dans ces profondeurs, les eaux cristallines laissent contempler les infimes détails du fond.
Heureusement, Manue excelle à la barre et nous ne perdons ni notre calme, ni notre flegme pour triompher souriants de cette épreuve sans avoir touché le fond !
De retour sur la route de second choix, nous atteignons le mouillage qui se révèle être une interminable brochette de bateaux alignés sur plusieurs miles et plusieurs files ! Là, nous comprenons que le sud des Bahamas est vide … Ils sont tous là ! Ceci dit, en nombre d’unités, le mouillage du Marin en Martinique reste gagnant haut la main, mais quand même, après tant de mouillages désespérément vides, c’est impressionnant.
Comme nous arrivons de bonne heure, nous décidons de mouiller au plus proche de la ville, de la visiter et de faire nos emplettes pour ne revenir qu’en soirée apporter notre modeste contribution au record du plus long mouillage des Bahamas.
Il y a cela de bien avec la concentration de plaisanciers que les services et infrastructures suivent, sans que l’on sache vraiment qui de la poule ou de l’œuf …
C’est donc en annexe que nous découvrons un grand dinghy dock caché dans un lagon accessible uniquement par une petite passe sous la route principale du village.
Le dock est presque assez grand pour tout le monde, raisonnablement entretenu et pourvu d’un robinet pour la distribution d’eau semble-t-il gratuite.
Nous sommes bluffés, surtout qu’il ne nous semble pas y avoir grand chose de gratuit aux Bahamas. D’ailleurs, le dépôt des déchets est payant lui auprès d’un petit camion sans personne, sacs dans la benne et billet par la fenêtre !
Ceci nous amène au supermarché, terriblement bien achalandé mais hors de prix ! En même temps, c’est lui qui s’occupe du dock et de l’eau gratuite, il faut bien qu’il s’y retrouve, mais j’en suis sûr maintenant, les Bahamas sont plus chères que Saint-Barth.
Pour le reste, la ville conserve quelques airs des antilles, mélangés à une pas si lointaine culture américaine. On y trouve du bricolage, un genre de boat service, un caviste, une station essence, un office du tourisme, des salons de beauté, un unique restaurant curieusement sans table et au grand bonheur des marins, un tikki bar avec un bon wifi.
Tout pour satisfaire le Québécois, car cela devient une évidence, la grande majorité des plaisanciers aux Bahamas est Canadienne francophone. En même temps, je les comprends, nous sommes en février et il ne doit pas faire bien chaud par chez eux en ce moment.
Seul bémol, ni le supermarché ni la banque n’acceptent nos cartes bleues. Heureusement qu’il nous reste assez de cash de ce que nous avions retiré à Great Inagua. Peut-être ont-ils négligé de réparer la connexion avec le reste du monde … C’est quand même encore un peu les antilles ici …
Contents de notre expédition, nous repartons au mouillage pour profiter d’un repos bien mérité et choisissons une place à une extrémité de la brochette de bateaux et de Stocking Island. Histoire d’être un peu à l’écart, nous nous sommes placés en bordure de réserve naturelle … ou peut-être dans la réserve … les cartes ne sont pas toutes d’accord sur ce point 😉
Le soir venu, nous observons depuis notre situation privilégiée, la nuit constellée de feux de têtes de mats, spectacle démentiel quand on songe à la profondeur du mouillage. Puis, nous sombrons rapidement dans le sommeil, boudant même la fin du film que nous avons entrepris de visionner et que nous ne finissons que le lendemain.
Au matin, une nouvelle ballade en annexe nous mène dans la réserve naturelle, sur l’île d’Elizabeth Island où nous foulons un magnifique banc de sable mais où le snorkeling se révèle un poil décevant bien que quelques patates de coraux subsistent.
En fin d’après-midi de cette journée, nous avons la visite surprise de dauphins au mouillage ! C’est vraiment exceptionnel.
Enfin, notre dernier jour sur Great Exuma, qu’il est raisonnable de qualifier de « Off » est consacré à une nouvelle incursion dans la ville. Nos cartes bleues ne fonctionnent toujours pas mais le wifi du tikki bar est toujours aussi bon et nous pouvons enfin publier les articles du blog en retard.
Seul fait marquant de cette journée, un nouveau record est atteint ! 1.40 mètres au sondeur ! Mais où cela va-t-il s’arrêter ?