Voilà presque trois semaines que nous sommes de retour à bord et, enfin, nous naviguons de nouveau.
Avant cette sortie, les journées à terre n’ont pour autant pas toutes été chômées. La première affaire est celle de la voiture, merveilleuse car elle existe, est à notre disposition et assume vaillamment sa fonction de « déplaçoire ». Mais vous auriez aimé voir nos têtes à la découverte de l’engin … Peinture rongée par le soleil, cabosses artistiquement disséminées et pare-choc avant qui s’épanche dans un rictus malin bien que solidement fixé tel quel. C’est « presque » sans ironie que je déclare au propriétaire, fort sympathique ceci-dit, que je ne suis pas bien certain de pouvoir identifier mes propres bosses et rayures, le cas échéant. Comparativement, l’intérieur est correct si l’on excepte les plastiques de la console centrale qui cherchent à fuir quand nous ouvrons les fenêtres. Et il faut les ouvrir souvent car la climatisation ne fonctionne plus … mais en fait, nous nous en moquons bien de tout ça, car cette voiture est l’assurance de pouvoir se déplacer pour se promener, s’avitailler et courir aux quatre coins de l’île pour se procurer la multitude de petites choses que nous devons remplacer ou ajouter à notre équipement.
Le tableau à notre arrivée à la marina est idyllique, rien n’a bougé, rien n’est abîmé … que des bonnes surprises, en tout cas, aucune mauvaise. Il faut croire que notre préparation minutieuse a porté ses fruits … c’est toujours mieux que de se dire qu’elle n’a servie à rien 😉
La marina non plus n’a pas beaucoup changée, si ce n’est l’apparition d’une supérette et la disparition du boulanger … ça, c’est un coup dur pour nos papilles qui doivent se contenter de pain industriel mou depuis lors. Toujours est-il que nous retrouvons avec plaisir cette vie de « village » où les habitants, sédentaires ou non, nous reconnaissent et nous accueillent avec le sourire et leur référence respective : Oh, mais ce sont les « bourgognes aligotés » !.. Bon retour « madame rôti » … Tiens mais ce sont les copains qui sont revenus … sympa quoi !
Il y a aussi l’affaire du « pouce » que nous avons gardé pour nous jusque-là. Pensez vous, moins de vingt quatre heures après notre atterrissage, nous avons été trop proches de nous rendre à notre « traditionnel » pèlerinage aux urgences. Rien de grave, à ce jour, l’extrémité en cause est pour ainsi dire remise du tranchant et douloureux rappel à l’ordre que je dédie à tous les bricoleurs du dimanche qui nous lisent : bricoler avec une couteau pour s’éviter un aller-retour à quatre mètres de là est une bêtise sans nom.
Là dessus, nous découvrons dans les jours qui suivent la troublante réalité de la météo en cette fin de période cyclonique … Il fait terriblement chaud et nos quatre mois de villégiature en métropole nous ont ramolli le cuir et bouleversé nos mécanismes de régulation interne de la température que nous devons suppléer par des « douches pontons » fréquentes. Nous connaissons alors une période d’apathie sévère avant de subir plusieurs jours d’orages et de pluies discontinus. Durant cette phase de réadaptation, nous redécouvrons les locaux climatisés et secs de la marina où nous passons de longs après-midi à jouer sur nos tablettes à « Catane », le dernier jeu de société que nous avons découvert.
Ceci dit, n’allez pas croire que nous nous limitons à singer des « rats de marina », nous mettons à profit les journées les plus clémentes pour reprendre un peu de tourisme, aux abords de Basse-Terre à Pointe-Noire tout d’abord, puis la découverte de « Jarry » et de ses centres commerciaux, enfin, une journée complète qui nous mène jusqu’aux confins nord de la Basse-Terre où nous déjeunons au cœur du magnifique jardin botanique de Deshaies, là où bassins poissonneux, volières et village des perroquets disputent l’intérêt des visiteurs aux chemins arborés.
Avec tout cela, le bateau s’équipe peu à peu de tout ce que nous avions remisé dans ses coffres et retrouve son look « prêt à partir » qui lui va si bien. Jours après jours, toujours, les multiples amarres sont rangées pour ne laisser que le minimum nécessaire au maintien du bateau dans sa place. L’air se charge petit à petit des frémissements du départ.
Mais hors de question de partir sans avoir été revoir les poissons, et dès le pouce « baignable », nous nous empressons de prendre rendez-vous avec nos moniteurs de plongée préférés et hormis une oreille récalcitrante les premières minutes, nous retrouvons avec encore plus de bonheur qu’auparavant les fonds populés de la mer des Caraïbes. Bancs de poissons multicolores, poissons coffre et porc-épic, araignées, serpentines, crevettes-pistolet et murènes-léopard se sont sans doute réunis pour venir voir … ceux qui sont revenus.