Il y a toujours plus d’un chemin pour découvrir une île ou un village, celui que nous avons emprunté à Barbuda, mérite que l’on s’y attarde tellement il est « imbriqué » avec la clearance de sortie.
Alors pour ceux du fond qui ne suivent pas, les formalités de « clearance » sont une sorte de rituel douanier incluant une visite à l’autorité portuaire, aux douanes et à l’immigration de chaque nouveau gouvernement, pour ainsi dire dans les Caraïbes, de chaque îles.
Et comme de bien entendu, chacune à ses manières … Que ce soit une simple déclaration, une visite courtoise mais sérieuse à un ou plusieurs offices ou une rationalisation d’un racket d’état à peine caché.
Toujours est-il qu’à Barbuda, la sortie (gratuite), s’apparente à une odyssée touristique.
Pour commencer, les formalités tiennent place à la capitale, qui, comme pour rendre les choses plus aventureuses n’est pas … en bord de mer. Il faut donc avant tout rejoindre la plage en annexe. Traverser une fine bande de terre pour se retrouver face à un lagon large de plus de deux bon milles.
C’est à ce moment qu’intervient « Clifou » (c’est le surnom que je lui ai trouvé), envoyé par la providence à notre secours … Ce dernier nous propose avant tout l’indispensable taxi boat pour traverser le lagon … C’est déjà ça, nous sommes débarrassés de notre annexe et la traversée est effectuée tambour battant.
Une fois en ville, Clifford s’improvise guide administratif et touristique. Et grand bien nous fait ! Il nous accompagne pour commencer à l’office du tourisme qui fait aussi « autorité portuaire » pour la délivrance des clearances (dans un village sans port). Au moins, pour cette fois, nous ne boudons pas d’effectuer cette démarche dans une bonne ambiance de boutique d’artisanat, guides locaux, trucs pour touristes et autres petites fioles de sable rose destinées à devenir le gadget souvenir le plus couru de l’île.
Effectivement, nous n’aurions jamais trouvé seuls.
Puis viens une longue traversée du village (de l’Ouest vers le Nord-Est), ponctuée par les explications et la conversation avec notre guide. Il nous amène enfin devant l’office d’immigration, mais c’est pour nous montrer où il se trouve, nous aurons à y revenir plus tard par nos propres moyens … après les douanes.
Effectivement, nous n’aurions jamais trouvé seuls.
L’immigration identifiée, nous repartons à grand pas pour la douane (longue marche sur un axe Nord-Est / Sud-Est) mais pas sans un court détour par la maison de la copine du douanier, car la voiture de ce dernier est garée devant et qu’il a dû lui rendre visite pour le déjeuner, l’heure tourne et il devient pressant de s’activer sérieusement pour compléter notre « tour » avant l’heure du repas.
Finalement, nous nous retrouvons dans un quartier résidentiel où tout ce qui différencie le bureau des douanes des maisons particulières est une petite pancarte. D’ailleurs, le bureau tiens place effectivement dans une pièce d’une maison particulière dont nous pouvons constater le dépouillement en matière de mobilier ainsi que des instruments de musiques par une porte entrouverte sur ce qui semble être un salon de répétition. Pour le reste du bureau des douanes, il se compose d’un bureau et d’une montagne de documents officiels empilés dans un coin d’où personne n’ira sans doute jamais les retirer par une improbable quête de classification, triage ou même simple rangement.
Encore une fois, nous n’aurions jamais trouvé seuls.
Mais nous sommes pourtant seuls désormais, notre guide nous ayant montré où se situe l’immigration, il est repartis vaquer à ses affaires le temps que nous en ayons fini avec cet ineffable parcours. Et c’est au douanier lui même que nous devons le coup de pouce suivant … L’heure avançant, il s’assure d’un coup de fil que sa collègue et amie de l’immigration nous attendra bien avant de fermer pour la pause de midi.
Nous retraversons alors le village au pas de course pour l’ultime étape administrative, qui se tiens cette fois dans un coquet bureau d’une maisonnette dédiée … et pourvue de la climatisation s’il vous plaît ! Les officiels ne sont pas tous pourvu du même niveau de confort, assurément.
Une fois l’immigration satisfaite, nous poursuivons notre court séjour en ville par une visite plus orientée « tourisme et découverte » incluant quelques achats … mais dans une ville dont, sans la connaître vraiment, nous maîtrisons désormais curieusement bien la géographie.
Et nous voilà de retour au débarcadère pour retrouver Clifford qui nous fera retraverser le lagon.
Mais cette fois là, nous avons retrouvé notre chemin tout seuls …
Un dernier mot pour dire que la clearance a Barbuda nous a pris un peu plus d’une heure et demie et que nous considérons cette durée comme un record de rapidité qui n’a été possible que grâce à l’aide de chacun des intervenants. Clifford, la responsable de la maison du tourisme, le douanier et la fille de l’immigration. Sans eux et leur chaleureux accueil, nous y serions peut-être encore …
Du coup, je suis bien en peine de savoir comment conseiller nos lecteurs navigateurs. Faut-il éviter d’avoir à subir ce parcours du combattant à Barbuda ou dois-je au contraire encourager toutes les velléités de participer à une rocambolesque aventure ?
Nous avons choisis d’y aller, et sommes bien heureux de l’avoir fait.