Depuis la traversée, nous n’avons passé que quelques nuits en mer donc en quittant Barbuda, nous ressentions un mélange d’envie et d’appréhension en vue de parcourir les 60 miles nord-ouest jusqu’à destination. Nous avons profité d’un bon vent, à belle allure et sans grains malgré les éclairs au loin ainsi que des flashs lumineux sous-marins dont nous n’avons toujours pas élucidé la nature. Cerise sur le gâteau, nous avons croisé une baleine au coucher du soleil : instants magiques!
En fait, nous avions prévu de bouder l’île Saint Barthélémy en route vers Saint Martin mais « c’est comme si tu passais a Cogolin sans t’arrêter a Saint Tropez » nous dît-on…Alors nous y sommes arrivés à l’aube du 1er Mai accueillis par une tortue. C’est toujours un bon signe d’être accueillis par une ou plusieurs tortues.
Le premier accostage en ville est sans intérêt : tout est fermé et il pleut beaucoup. Le second révèle un village très huppé, cher mais agréable, vivant et accueillant. En d’autres mots, petit comme Juan-les-pins, marqueté comme la Croisette à Cannes et peuplé par les mêmes zouaves qu’à St-Tropez … Comme un goût de chez nous quoi …
Nous retrouvons contents le premier vrai supermarché depuis notre départ de Guadeloupe – mais les légumes se vendent à prix d’or : 6 ou 12 euros le kilo de tomates importées ou locales ! Pas de légumes donc …
Qu’à cela ne tienne, nous nous en consolons au « Bar de l’Oubli » pendant que des trombes d’eau nettoient Takoumi au mouillage au fond de la baie de Gustavia.
L’architecture est d’influence bretonne et normande et comme cette île n’a pas connu l’esclavage choisissant de se débrouiller seule entre colons, nous sommes très surpris de ne croiser que des blancs durant tout notre séjour. En somme, une île très peu « créolisée ».
Enfin, bien que le mouillage soit totalement inconfortable, très rouleur il nous permet d’explorer le Gros îlet aux abords de Gustavia, ses oiseaux, ses coraux et milliers de poissons tropicaux.
Mais toutes les îles françaises ne se ressemblent pas et nous rejoignons ensuite l’ile Saint Martin par la côte au vent, navigation très agréable entre ces îles entourées de plein d’autres petites îles et îlots très sauvages – qui nous offrent un paysage fantastique. Saint Martin est une île partagée entre les Hollandais et les Français qui au fil des rencontres me rappellera un peu la Belgique divisée et pour résumer, mon sentiment est que les Hollandais offrent beaucoup de services et achats intéressants et la côte française les plus beaux mouillages. Le partage originel de l’île, déterminé par une « course à pied » entre les champions des deux nations, ne semble pas très écologiquement équitable à première vue, mais les bataves s’en sortent bien en conservant l’industrie des marais salants. Pour ne rien changer, les uns bossent, les autres glandent.
Nous avons passé du temps en baie de Marigot, Marina Port Louis, pittoresque et fort populaire Sandy Ground. Notre préférence va vers le mouillage et village de Grand Case où nous avons passé de supers moments avec les copains – Kalisea et Okeanos – que nous avions quittés en Martinique.
En conclusion, mis à part quelque soucis d’annexe décidément récurrents, ce sont les grandes vacances en bord de plage et en bonne compagnie!
Derniers conseils pour les navigateurs, attachez vos annexes et faites vos formalités à Budget Marine (Sandy Ground) afin d’éviter la surtaxe des autorités portuaires…et si besoin, rejoignez le dinghy dock au centre de la marina Port Louis, en cercle, grimpez la petite échelle déboulonnée avec vos sacs de linge que vous pouvez déposer dans de grandes machines américaines juste là. Au choix, déjeuner en face au Plongeoir ou dans l’une des excellentes boulangeries restaurant – le Divin ou le Serafina – en face du marché (sans intérêt) en attendant..
Mais à ce stade, nous avons atteint le point le plus au nord que nous avions prévu de fréquenter pour cette saison et nous entamons la redescente des Antilles.
Donc retour à Saint Bart’ à l’anse du Colombier, mouillage très confortable et fréquenté par plus de tortues que d’humains. Rejoints par Kalisea, nous profitons de la plage de sable entourée de terrains très verts et privés avant de repartir ensemble vers Gustavia où nous partageons un excellent dîner chez Eddy’s Ghetto.
Bon, un petit accident de lâchage de bouée au départ du Colombier nous vaut une demi journée à l’hôpital de Gustavia le lendemain mais rien de grave heureusement !
La météo se complique en cette fin de saison, donc après moultes tergiversations, hésitations et atermoiements, nous décidons d’un départ matinal pour St-Kitts avec nos amis.
Pour faire bonne mesure, le caractère matinal de ce départ a par contre été mis un tout petit peu à mal par l’association d’une idée géniale et de la loi de Murphy. Préparer les fanions Q et de courtoisie en avance est sans aucun doute une bonne idée, mais quand ils se coincent dans le chariot de grand voile, la galère commence. Démontage du bas du rail de mat, là ça va, mais une dizaine de billes se font la malle quand nous essayons maladroitement de libérer le chariot, elles seront rattrapées et empaquetées pour remontage, mais c’est justement au remontage du rail que les fixations de celui-ci, fatiguées par tant d’années de bons et loyaux services, rendent l’âme et bien évidement, les boulons nécessaires sont d’une taille qui n’existe pas dans la quincaillerie du bord …
En bref, pour une idée géniale et deux malheureuses vis, le tout finit dans un sac, la grand voile ne peut plus être rangée proprement, le fanion de courtoisie neuf est déchiré et nous partons avec deux heures de retard, qui nous manqueronst cruellement pour notre arrivée aux dernières lueurs du soleil couché sur une autre île que celle prévue … Mais ceci est une autre histoire 😉